29/04/21

Une combinaison de 3 médicaments soigne la tuberculose sévère en 6 mois

A medical staff member works at the laboratory of the Emergency Area
Un membre du personnel médical travaillant au laboratoire. Crédit image: Albert González Farran, UNAMID, CC BY-NC-ND 2.0

Lecture rapide

  • En 2019, seulement 38% des patients atteints de tuberculose sévère ont reçu un traitement
  • Un régime à trois médicaments testé en Afrique du Sud réduit la durée du traitement de 20 à six mois
  • Les gouvernements africains et les patients pourraient tirer profit du traitement, selon un expert

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[NAIROBI] Un régime à trois médicaments pour traiter les souches de tuberculose résistantes aux médicaments a guéri 90 %des patients et réduit la période de traitement d’environ 20 mois à six mois, a-t-on appris lors d’une conférence.

Selon le rapport mondial 2020 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la tuberculose, 206 030 personnes en 2019 avaient une forme sévère de tuberculose appelée tuberculose multirésistante ou résistante à la rifampicine, mais seulement 38% étaient sous traitement.

Chez les patients atteints de tuberculose multirésistante, les médicaments tels que l’isoniazide et la rifampicine ne fonctionnent pas ou doivent être arrêtés en raison de leurs effets indésirables.

“Le traitement actuel est presque impossible à terminer, ce qui signifie que les patients ne sont pas guéris et cela conduit à des infections persistantes dans les communautés”

Pauline Howell, université de Witwatersrand

L’étude, menée dans trois sites en Afrique du Sud, a montré qu’environ neuf patients sur dix atteints de la forme sévère de la tuberculose et traités par un traitement oral de six mois composé de prétomanide, de bédaquiline et de linézolide guérissaient de la maladie.

« Le traitement [actuel] est presque impossible à terminer, ce qui signifie que les patients ne sont pas guéris et cela conduit à des infections persistantes dans les communautés », déclare Pauline Howell, auteure principale de l’étude et médecin-chef de l’unité de recherche clinique sur le VIH de l’université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

« La plupart des gens contractent la tuberculose résistante aux médicaments à partir de personnes atteintes de tuberculose résistante aux médicaments. Ils n’ont pas besoin d’avoir déjà eu la tuberculose », ajoute-t-elle.Selon les résultats présentés lors de la conférence virtuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes au mois de mars dernier, des résultats favorables ont été obtenus 24 mois après la fin du traitement, même parmi les personnes séropositives.

Pauline Howell ajoute que le traitement actuel de la tuberculose multirésistante est très long – environ 20 mois -, a des effets secondaires tels que des nausées quotidiennes, de la psychose, avec un quart des patients souffrant de perte auditive, dans les milieux qui utilisent encore des injections.

« Il y a aussi le fardeau élevé de plus de 14 000 comprimés [qui] ne fonctionne pas bien, guérissant moins de la moitié des personnes », explique-t-elle.

Pauline Howell dit que dans l’essai portant sur 109 participants, 98 ont eu des résultats favorables, ce qui représente un taux de réussite de 90% six mois après le traitement.

Elle ajoute qu’après la fin de l’étude, un participant a rechuté 15 mois après le traitement. Un patient qui participait à l’essai de recherche clinique n’a pas pu être localisé pour un suivi tandis que le reste a maintenu des résultats favorables 24 mois après la fin du traitement.On avait commencé à recruter des participants pour cet essai en 2015 et les résultats de l’étude ont été publiés dans le New England Journal of Medicine l’année dernière (5 mars 2020), mais le suivi a eu lieu en 2020.

Pauline Howell ajoute que des essais cliniques sont en cours dans d’autres pays, dont la Géorgie, la Moldavie et la Russie, avec des programmes de recherche opérationnelle au Ghana, au Laos, en Afrique du Sud, au Tadjikistan et en Ukraine. On s’attend à ce que beaucoup d’autres patients soient recrutés cette année, y compris en Afrique subsaharienne.

L’étude montre que le traitement des formes sévères de tuberculose peut être raccourci. Il réduit également le fardeau de la pilule à moins de 750 pilules au cours du traitement, contre 14 000 ou plus pour un patient sous traitements alternatifs.

Ceci est particulièrement prometteur pour l’Afrique subsaharienne en raison du traitement long et moins efficace actuellement disponible pour la tuberculose résistante aux médicaments.

Le taux de réussite de 90% rapporté dans l’essai clinique signifie que les patients pourraient être en mesure de reprendre leur vie normale plus tôt et que les systèmes de santé pourraient être moins chargés du fait des traitements longs, coûteux et inefficaces.

Nouveaux traitements

« La tuberculose est une pandémie mortelle et de nouveaux traitements efficaces sont nécessaires de toute urgence. Cela représente une nouvelle option de traitement pour les formes les plus meurtrières de ce tueur infectieux de premier plan », explique Pauline Howell.

Paul Yonga, consultant en maladies infectieuses et médecine tropicale, et consultant épidémiologiste à la clinique CA Medlynks basée au Kenya, affirme que le succès de ce traitement a été obtenu en peu de temps avec la thérapie orale par opposition au schéma à sept médicaments actuellement utilisé par de nombreux pays en Afrique subsaharienne où le traitement dure entre 18 mois et deux ans.

« Il est également encourageant de constater que moins de 1% des participants à l’essai ont arrêté le traitement, en raison d’effets secondaires ou d’une perte de suivi », a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Cela pourrait réduire considérablement le coût, pour les gouvernements africains, du traitement de la tuberculose multirésistante et pour le patient en ce qui concerne les périodes de traitement raccourcies et la réduction du temps qui aurait été consacré aux visites dans les établissements de santé pour le médicament injectable.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.