27/07/22

Une initiative de partage de données sur la résistance aux antimicrobiens

Various antibiotics
Des antibiotiques. Crédit image: Pexels de Pixabay

Lecture rapide

  • Environ 1,27 million de décès dans le monde étaient liés à la résistance aux antimicrobiens (RAM) en 2019
  • Un nouveau registre est conçu pour accroître la surveillance de la RAM à travers le monde
  • Les sociétés pharmaceutiques s'engagent à partager leurs données sur les médicaments antimicrobiens

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[NAIROBI] Dans un nouveau registre lancé pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens (RAM), les sociétés pharmaceutiques se sont engagées à partager les données de surveillance sur les nouveaux médicaments antimicrobiens tels que les antibiotiques.

Lancée au mois de juin dernier par Vivli, une organisation à but non lucratif spécialisée dans le partage de données de recherche clinique, cette initiative permettra aux scientifiques du monde entier d’accéder à des données sur les caractéristiques épidémiologiques, physiques et génétiques des organismes et leur résistance à divers antibiotiques.

Les décès attribués à la résistance aux antimicrobiens en 2019 étaient comparables à ceux liés au VIH et au paludisme combinés, l’Afrique subsaharienne ayant le fardeau le plus élevé de la RAM, selon une étude publiée dans The Lancet au début de cette année.

“Un tel système permettra à l’Afrique de rattraper son retard, mais aussi de donner une image fidèle de l’état de la RAM sur le continent”

Karen Bett, Partenariat mondial des Nations Unies pour les données sur le développement durable

La résistance aux antimicrobiens était directement liée à environ 1,27 million de décès dans le monde, tandis que le VIH/sida et le paludisme étaient directement responsables de 860 000 et 640 000 décès respectivement. Les pays à revenu faible et intermédiaire étant les plus touchés.

Rebecca Li, directrice exécutive de Vivli, a déclaré à SciDev.Net que le registre fournit un accès centralisé à des données industrielles de haute qualité qui faciliteront la prise de décisions importantes pour freiner la résistance aux antimicrobiens.

Selon Vivli, Pfizer, GSK, Johnson & Johnson, Merck, Paratek Pharmaceuticals et Venatorx Pharmaceuticals sont quelques-unes des sociétés pharmaceutiques qui se sont engagées à partager leurs données sur le Registre de la RAM qui bénéficie d’une subvention octroyée par Wellcome, un organisme de bienfaisance pour la recherche en santé basé au Royaume-Uni.« L’Afrique subsaharienne possède certains des systèmes de surveillance de la résistance aux antimicrobiens les moins développés au monde », déclare Karen Bett, responsable des politiques pour l’équité et l’inclusion des données au Partenariat mondial des Nations Unies pour les données sur le développement durable.

« Un tel système permettra à l’Afrique de rattraper son retard, mais aussi de donner une image fidèle de l’état de la RAM sur le continent », ajoute-t-elle.

Karen Bett continue en affirmant que le système fournira une base pour une meilleure compréhension de la propagation de la résistance aux antimicrobiens, en particulier en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est, deux régions qui ont la couverture de surveillance la moins développée par rapport aux régions à revenu élevé telles que l’Amérique du Nord et l’Europe.

Base de comparaison

Henry Kajumbula, membre du groupe consultatif scientifique qui dirige le registre et président du département de microbiologie de l’université de Makerere en Ouganda, confie à SciDev.Net que « ce registre est particulièrement important car il permettra aux scientifiques qui génèrent des données localement d’avoir une base à titre de comparaison ; et à ceux qui ont des difficultés à générer leurs propres données d’avoir un ensemble de d’éléments pour commencer. »

Ce dernier souligne que le registre permettra aux scientifiques de développer des compétences en matière d’analyse de données qui pourraient être un argument pour soutenir une demande de financement collaboratif.

« L’intérêt pour les responsables de santé publique, les organisations multilatérales et les chercheurs du monde entier est d’identifier les épidémies, de prédire les tendances futures de la résistance aux antimicrobiens, d’éclairer les politiques et d’identifier de nouveaux mécanismes de résistance. Nous espérons que ces données seront utilisées pour lutter de manière proactive contre la prochaine pandémie émergente », analyse Henry Kajumbula.

Il indique par ailleurs que le registre rassemblera des informations sur certains des mécanismes de résistance les plus courants pour guider leur application pratique dans le choix des options de traitement.Marc Mendelson, président du conseil consultatif scientifique du Registre de la RAM et professeur d maladies infectieuses à l’université du Cap en Afrique du Sud, affirme pour sa part que les données des sociétés biopharmaceutiques étaient un « chaînon vital manquant dans la surveillance de la résistance aux antimicrobiens ».

« Notre compréhension de la manière de contrôler les infections résistantes aux antimicrobiens et de la meilleure façon de protéger la santé humaine dépend d’un meilleur accès aux données de surveillance », dit-il dans un communiqué publié le 21 juin.

« Maintenant, avec le Registre de la RAM, nous disposons d’un système d’alerte précoce pour l’une des plus grandes menaces à la santé publique auxquelles nous sommes confrontés », conclut-il.

La version originale de cet article a été produite par l’édition de langue anglaise de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne.