23/12/22

Les dirigeants africains appelés à tenir leurs engagements sur la vaccination

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Le président sénégalais Macky Sall (au centre en costume sombre) remobilise ses homologues contre la polio. Crédit image: Ministère de la Santé et de l'action sociale du Sénégal.

Lecture rapide

  • Un forum organisé à Dakar début décembre rappelle les objectifs de la Déclaration d’Addis Abeba
  • Ce rappel est justifié par le recul que la COVID-19 a entrainé sur le continent en matière de vaccination
  • Tous les leaders d’opinion au niveau communautaire sont invités à s’impliquer dans la sensibilisation

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[DAKAR] « Je lance un appel à tous les chefs d’État et de gouvernement africains, pour un engagement renouvelé dans la mise en œuvre des objectifs de la déclaration d’Addis Abeba ».

Tel est le message du président Macky Sall, chef de l’Etat du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine à l’occasion du Forum pour la vaccination et l’éradication de la polio en Afrique qui s’est tenu le 10 décembre dernier dans la ville nouvelle de Diamniadio près de Dakar (Sénégal).

Outre les chefs d’Etat, « j’en appelle également aux acteurs nationaux : professionnels de la santé, élus locaux, guides religieux et traditionnels, membres de la société civile et du secteur privé. Tous ont un rôle à jouer pour sensibiliser et aider à maintenir la vaccination au cœur de l’agenda familial », martèle le président sénégalais.

“Face à la désinformation et aux manipulations de tout genre, il est important de rappeler sans cesse la vérité sur la vaccination, pour que l’imposture, l’ignorance et l’obscurantisme ne couvrent de leur voile épais la lumière du savoir et du savoir-faire”

Macky Sall, chef de l’Etat du Sénégal

En effet, le 31 janvier 2017 à Addis-Abeba (Éthiopie) les chefs d’État africains avaient adopté la Déclaration d’Addis Abeba qui est un engagement à faciliter l’accès à la vaccination à tous les enfants sur le continent.

De manière un peu plus spécifique, l’universitaire sénégalaise Anta Tal Dia rappelle que « la vaccination est l’intervention clé pour l’éradication de la poliomyélite ».

« Les dernières étapes vers l’éradication se sont révélées plus difficiles. Les acquis sont menacés, voire remis en cause. En effet, des flambées récentes dues à des poliovirus ont affecté la région africaine de l’OMS avec une ampleur variant d’un pays à l’autre. C’est dire si la menace est là », poursuit celle qui était la présidente de la commission scientifique du forum.

Selon ses explications, la pandémie de COVID-19 a fait reculer les gains en matière de vaccination dans le monde ; les taux de vaccination tombant à des niveaux observés pour la dernière fois il y a près de dix ans, avec un total de l’ordre de 25 millions d’enfants non vaccinés en 2021 dans le monde.

« Dans un monde interconnecté, aucun pays n’est à l’abri tant qu’il y a un cas de polio dans le monde », martèle alors Anta Tal Dia.

Pour les participants au forum de Dakar, l’atteinte de ces objectifs en Afrique passe également par une certaine souveraineté et une certaine autonomie. Ce qui implique notamment une production en Afrique des vaccins destinés à l’Afrique.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet Madiba dans lequel est impliqué l’Institut Pasteur de Dakar (IPD).

« Au cours des prochaines années, nous allons nous impliquer beaucoup plus dans la production du vaccin au niveau local. Le projet Madiba qui est en cours d’exécution permettra à terme une production de vaccins par l’Afrique et pour l’Afrique. Nous espérons débuter la production entre la fin de l’année 2023 et le début de l’année 2024 », explique le virologue Amadou Sall, directeur de l’IPD.

Surveillance

A en croire un article publié sur le site de cette institution, ce projet donnera naissance à Dakar à un centre régional de fabrication de vaccins contre la COVID-19 et d’autres maladies. Et dans sa phase initiale, la nouvelle installation produira chaque année jusqu’à 300 millions de doses de vaccin contre la COVID-19.

« Avec la technologie dont nous disposons, on pourra non seulement produire pour le Sénégal mais aussi pour le l’Afrique. L’IPD se donne aussi les moyens de produire des tests de diagnostic qui vont appuyer la surveillance », affirme Amadou Sall.

Pour le directeur de l’IPD, c’est dans cet esprit qu’aujourd’hui l’institution est sur le point de mettre sur pied des tests pour la rougeole, la fièvre jaune, la méningite et, prochainement, pour Ebola.

Le vaccin contre la rougeole et celui contre la rubéole se trouvent être ceux que le projet a choisi de produire dans un premier temps, en plus de celui de la COVID-19.

« C’est important pour nous, car nous croyons que pour atteindre les objectifs de la déclaration d’Addis-Abeba, il faut non seulement la vaccination, mais aussi une surveillance renforcée », conclut Amadou Sall.

Le forum de Dakar a aussi appelé à continuer la sensibilisation dans un contexte de désinformation diffusée à travers internet et les réseaux sociaux en particulier.

« Au demeurant, face à la désinformation et aux manipulations de tout genre, il est important de rappeler sans cesse la vérité sur la vaccination, pour que l’imposture, l’ignorance et l’obscurantisme ne couvrent de leur voile épais la lumière du savoir et du savoir-faire. Il faut arrêter le procès d’intention contre le vaccin et la vaccination », a ainsi martelé Macky Sall lors de la cérémonie de clôture du Forum.