04/08/15

Des araignées pour lutter contre le paludisme

Spider
Crédit image: Fiona Cross

Lecture rapide

  • Deux espèces d'araignées ont pour caractéristique de se nourrir de moustiques et de les détruire
  • Les araignées de type E. culicivora, originaires d'Afrique de l'Est, ne présentent pas de danger pour l'homme et vivent dans les maisons
  • Elles pourraient s'ajouter à notre arsenal de lutte contre le paludisme.

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Selon des chercheurs, les araignées mangeuses de moustiques, originaires d'Afrique de l'Est et de Malaisie, pourraient devenir une nouvelle arme dans la lutte contre le paludisme.
 
Une espèce d'araignées qui se trouvent seulement autour du lac Victoria en Afrique orientale, appelée Evarcha culicivora, est adaptée pour chasser les moustiques anophèles femelles, qui transmettent le parasite du paludisme.
 
"Ceci est unique. Il n'y a pas un autre animal qui cible ses proies en fonction de ce qu’elles ont mangé", explique Fiona Cross, arachnologue au Centre international de physiologie et d'écologie des insectes (ICIPE) au Kenya, qui est co-auteur d'une étude sur les araignées.
 

“Ceci est unique. Il n'y a pas un autre animal qui cible ses proies en fonction de ce qu’elles ont mangé.”

 

Fiona Cross
Centre international de physiologie et d'écologie des insectes.

Selon Fiona Cross, ces araignées "aiment" se nourrir de sang humain car il leur donne une odeur qui les rend sexuellement attractives pour des partenaires potentiels.
 
Mais selon les chercheurs, les araignées ne présentent aucun danger pour les humains.
 
S’il est établi qu’elles aiment le sang humain, elles ne disposent cependant pas du matériel biologique requis pour percer la peau de l’homme et sucer son sang.
 
Aussi, pour se délecter de ce repas nutritif fait de sang humain, les araignées s’approvisionnent-elles sur les moustiques femelles porteurs de sang humain qu’ils ont sucé.
 
"Leurs yeux composés leur donnent une vue claire. Et tout comme un chat, elles traquent leur proie et se jettent sur elle au bon moment ", explique encore Fiona Cross.
 
L'étude, publiée dans le dernier numéro du Journal of Arachnology, explique que les araignées identifient les anophèles femelles par leurs abdomens inclinés vers le haut – une posture de repos qu'ils adoptent après avoir sucé du sang humain.
 
Une autre espèce, originaire de la Malaisie, P. wanlessi, s’illustre également dans la consommation de moustiques, même si elle préfère vivre dans les tiges de bambou et aime se nourrir de larves de moustiques dans des flaques d'eau.
 
En revanche, les araignées E. culicivora vivent sur les murs des maisons.
 
Fiona Cross exhorte les communautés à adopter ces araignées pour exploiter leur potentiel en matière de contrôle du paludisme.
 
Toutefois, elle dit comprendre que beaucoup de gens détestent les araignées et auraient besoin de temps pour les accepter.
 
"Les gens ont besoin de savoir que ces organismes sont inoffensifs et ne les attaqueront pas”, explique-t-elle.
 
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que le paludisme provoque plus d'un demi-million de décès chaque année, principalement des enfants africains.
 
Mais entre 2000 et 2013, les taux de mortalité ont chuté de 54% en Afrique, grâce à une politique soutenue de lute contre le paludisme.
 
Njagi Kiambo, expert en paludisme au ministère de la Santé du Kenya, affirme que dans la mesure où le paludisme est une maladie complexe, il ne peut pas être combattu en utilisant une approche unique.
 
L'expert kenyan estime que les méthodes de lutte biologique impliquant les animaux mangeurs de moustiques – comme les tiques, les lézards, les crustacés ou les poissons – devraient être encouragées.
 
"Mais nous ne pouvons pas compter uniquement sur ces methodes, dans la mesure où leur impact est minime, par rapport aux interventions chimiques comme les moustiquaires imprégnées d’insecticides”, conclut-il.

Références

Jackson et Cross Mosquito-terminator spiders and the meaning of predatory specialization (Journal of Arachnology, 7 juillet 2015)