26/08/21

Côte d’Ivoire : Guérison du premier patient d’Ebola enregistré en 25 ans

Ebola virus
Des virus Ebola. Crédit image: NIAID (CC BY 2.0)

Lecture rapide

  • La patiente diagnostiquée le 12 août n’est plus contagieuse et aucun nouveau cas suspect n’a été signalé
  • Grâce à la vaccination qui se poursuit, les autorités croient pouvoir maîtriser la situation
  • Un compte à rebours de 42 jours a été lancé pour déterminer si le pays est vraiment exempt de la maladie

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[ABIDJAN] La patiente, premier malade d’Ebola enregistré en Côte d’Ivoire depuis 25 ans, selon l’OMS, est dans un état « stable ». L’information a été donnée ce 24 août par Serge Eholié, chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville, à Abidjan.

« Nous avons fait les deux contrôles biologiques de 48 heures qui se sont avérés négatifs. On peut considérer que biologiquement, elle est guérie », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse dont l’objectif était de donner les dernières nouvelles de la patiente.

Selon Serge Eholié, l’isolement de la malade a également été levé parce qu’elle n’est plus contagieuse. « Mais nous la gardons en milieu hospitalier dans une salle, car elle est très fatiguée. Question de la remonter au plan physique et de la rétablir au plan psychologique. »

Ce dernier fait savoir aussi que les produits biologiques de confirmation de tests virologique et sérologique sont partis le 23 août pour un laboratoire de Lyon en France, a ajouté cette même source.

“En même temps que nous recherchons les contacts, nous avons mis en place un dispositif d’alerte précoce basé sur des démarches rigoureuses, cohérentes, solidaires et communautaires pour la détection de ces cas”

Serge Eholié, CHU de Treichville, Abidjan

D’après le rapport de l’Institut national d’hygiène publique (INHP) dont SciDev.Net a pris connaissance, la jeune fille avait quitté Labé (Guinée) par la route en direction de la Côte d’Ivoire le 8 août dernier.

Son voyage avait duré cinq jours au cours desquels elle avait transité par N’zérékoré (Guinée) avant d’entrer en Côte d’Ivoire où elle est arrivée à Ouaninou (Touba, région du Bafing, Ouest). Elle a ensuite emprunté un autre véhicule de transport en commun et est arrivée à Abidjan le 12 août.Au cours de son voyage, rapporte l’INHP, elle « aurait présenté une fièvre qui s’est amendée par du paracétamol ». Le 12 août, vers 21h, elle a fait une nouvelle fois la fièvre « avec des céphalées et un saignement au niveau des gencives et des organes génitaux », relève le rapport d’investigation.

Elle est alors transportée dans une clinique et par la suite, évacuée vers le CHU de Cocody qui l’a référée finalement au service des maladies infectieuses du CHU de Treichville.

Cas contacts

Aucun nouveau cas d’Ebola n’a été signalé dans le pays depuis la prise en charge de la patiente. Toutefois, la situation n’est pas totalement sous contrôle, affirme Serge Eholié.

Ce dernier ajoute que les acteurs de la riposte ont été « très actifs » dans la recherche des cas contacts ; aussi bien ceux entrés à Abidjan que ceux qui sont dans les autres villes du pays.

« L’élément important, c’est qu’en même temps que nous recherchons les contacts, nous avons mis en place un dispositif d’alerte précoce basé sur des démarches rigoureuses, cohérentes, solidaires et communautaires pour la détection de ces cas », précise-t-il.Ainsi, trois cas de diarrhée fébrile ont-ils été signalés à Bingerville (Abidjan) ; mais après les analyses, il est apparu que ce n’était pas des cas d’Ébola.

« Nous avons sensibilisé le réseautage du ministère de la Santé avec les districts pour détecter tout cas de fièvre », ajoute Serge Eholié.

Vaccination

Pour Albert Yao Kouakou, spécialiste en sociologie de la santé et enseignant-chercheur à l’université Jean Lorougnon Guédé de Daloa, « quand il y a ce genre de situation, il faut informer la population sur l’épidémie qui se déclenche pour qu’elle sache à quel type de maladie elle a affaire, les modes de transmission ou de contagion, les signes cliniques à suivre ».

L’expert estime qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur dans la situation actuelle parce que les avancées thérapeutiques sont « probantes ».

« Dans les pays où il y a eu Ebola, comme la Guinée et la RDC, la maladie a été concentrée dans des zones précises. Ce qu’il faut détecter, ce sont les signes cliniques et référencer le plus tôt possible la personne à risque vers un centre de santé », rappelle-t-il.

1420 personnes ont d’ores et déjà été vaccinées dans le cadre de la riposte. « Avec la vaccination qui se poursuivra on pourra arriver au contrôle de cette maladie », a assuré Serge Eholié.

A partir de ce 24 août, un compte à rebours de 42 jours a été lancé. S’il n’y a pas de nouveau cas enregistré d’ici là, on pourra dire que la Côte d’Ivoire est exempte d’Ebola.