17/04/14

Toilette du visage et accès à l’eau: des mesures pour prévenir le trachome

Bonsa-Lalenda, a 10yr old boy suffering from trachoma
Crédit image: Flickr/Orbis UK

Lecture rapide

  • Le trachome est une infection oculaire qui touche plus de 21,4 millions de personnes dans le monde
  • 86 études démontrent que la toilette du visage peut contribuer à lutter contre cette maladie
  • Un expert ajoute que la chirurgie et la réduction de la pauvreté peuvent aussi permettre de lutter contre cette maladie

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[NAIROBI] D’après une nouvelle étude, la toilette du visage et un environnement sain peuvent permettre de prévenir le trachome, une maladie oculaire répandue chez les personnes défavorisées en zones rurales dans les régions pauvres d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient.

Selon l’OMS, cette maladie touche plus de 21,4 millions de personnes dans le monde, dont 2,2 millions souffrent d’une déficience visuelle, et entraîne la cécité chez 1,1 million de personnes.
Les chercheurs ont analysé différentes études menées sur l’impact de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (la stratégie WASH) sur le trachome.

“Ce sont avant tout les parents qui doivent s’assurer de faire la toilette du visage de leurs enfants à l’eau et au savon au moins une fois par jour et les essuyer à l’aide d’une serviette.”

Matthew Freeman, Université Emory, Etats-Unis

Ils ont passé en revue des études réalisées dans le monde entier et publiées le 27 octobre 2013 dans huit bases de données, dont Embase, Web of Science, PubMed et Africa Index Medicus.

La majorité des articles concerne des études réalisées dans les pays d’Afrique subsaharienne, notamment l’Ethiopie, le Malawi, le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Sud-Soudan et la Tanzanie.

Selon l’étude publiée le 25 février dans PLOS Medicine, des conclusions reposant sur 86 articles indiquent que même si toutes les composantes de la stratégie WASH peuvent permettre de réduire le risque de contamination, l’impact le plus significatif est celui de l’hygiène corporelle.

D’après l’OMS, la bactérie Chlamydia trachomatis, vecteur du trachome, peut être transmise par le contact avec des sécrétions oculaires infectées, via des mouchoirs et la propagation par les mouches synanthropiques.

Matthew Freeman, co-auteur de l’étude et maître de conférences en salubrité de l’environnement à l’Université Emory, aux Etats-Unis, explique qu’ils ont identifié des mesures d’hygiène spécifiques efficaces pour la prévention du trachome, dont la toilette du visage, l’utilisation du savon et de la serviette et la toilette quotidienne.

"Ce sont avant tout les parents qui doivent s’assurer de faire la toilette du visage de leurs enfants à l’eau et au savon au moins une fois par jour et les essuyer à l’aide d’une serviette", déclare-t-il à SciDev.Net.

Dans la revue, les chercheurs relèvent la chose suivante : "les conseils prodigués actuellement tendent à mettre l’accent sur la toilette du visage à l’eau potable, mais l’utilisation du savon semble plus efficace" Freeman ajoute que les organisations qui font la promotion de la toilette des mains au savon comme mesure de prévention de la diarrhée chez les enfants, pourraient également mener une campagne en faveur de la toilette du visage au savon, afin de permettre de réduire la transmission du trachome.

L’étude a également identifié un lien étroit entre l’accès à des installations sanitaires adéquates, comme les latrines et le recul de la prévalence du trachome.
"Mais, pour que les gens les utilisent réellement, il faut que ces installations [sanitaires] soient sûres, propres et confortables", explique-t-il.

D’après Freeman, l’importance de l’accès à l’eau doit être prise en compte, parce que lorsqu’elle est disponible en abondance, la toilette du visage et le suivi des mesures d’hygiène adéquates s’en trouvent améliorés.

Francis Dikir, directeur du projet de lutte contre le trachome à l’African Medical Research Foundation, dont le siège est au Kenya, affirme que le trachome est la deuxième cause de cécité dans le monde, mais on pourrait l’éviter.

Il précise que si la maladie est diagnostiquée à temps, la cécité peut être évitée grâce à une opération chirurgicale ou à d’autres interventions qui ne sont pas directement liées à la stratégie WASH et sont susceptibles d’aider à lutter contre la maladie.

"Les antibiotiques sont aussi utilisés dans le traitement de la maladie, ce qui permet de réduire le nombre de personnes infectées et freiner la propagation", poursuit Dikir. "La sensibilisation sur le lien entre le trachome et l’éradication de la pauvreté est au cœur de la lutte contre cette maladie, répandue principalement dans les régions arides et semi-arides."

Lien vers l’article complet dans PLOS Medicine

Cet article a été rédigé par la rédaction Afrique subsaharienne de SciDev.Net.

Références

PLOS Medicine doi 10.1371/journal.pmed.1001605 (2014)