16/08/21

La fièvre Marburg diagnostiquée en Guinée « est un cas isolé »

Marburg
Des particules de virus Marburg Crédit image: NIAID (CC BY 2.0)

Lecture rapide

  • Depuis 11 jours, aucun des 155 contacts du patient décédé n’a présenté de signes de la fièvre Marburg
  • Diagnostiquée le 9 août, cette maladie n’a pour l’instant ni vaccin, ni traitement spécifique
  • Vu les similitudes entre Marburg et Ebola, on s’apprête à utiliser le vaccin anti-Ebola sur les contacts

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[CONAKRY] « Le cas de maladie à virus Marburg qui a été identifié est un cas isolé parce que cela fait maintenant onze jours qu’on n’a pas détecté de nouveaux cas et les contacts de la victime n’ont développé jusqu’ici aucun signe qui répond à la définition de l’infection à virus Marburg ».

Ainsi s’exprimait Rémy Lamah, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique de Guinée, qui s’adressait à la presse le vendredi 13 août à Conakry. Invitant les populations à ne pas céder à la « panique ».

« Toutes les mesures sont prises afin de contrôler très rapidement la situation avec les équipes composées de l’OMS et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS). Et dans ce sillage, on pourra surveiller les différents contacts qui ont été identifiés », assurait-il.

“Cela fait maintenant onze jours qu’on n’a pas détecté de nouveaux cas et les contacts de la victime n’ont développé jusqu’ici aucun signe qui répond à la définition de l’infection à virus Marburg”

Rémy Lamah, ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Guinée

La Guinée avait annoncé le 9 août 2021 la découverte sur son sol d’un cas de maladie à virus de Marburg, le premier dans le pays et en Afrique de l’Ouest.

Ce cas a été diagnostiqué dans la localité de Témessadou M’Boket, un district situé à 54 km de la ville de Guéckédou dans le sud du pays. Une région déjà connue pour avoir été le point de départ de l’épidémie d’Ebola qui avait endeuillé le pays entre 2014 et 2016.

« Le patient a été accompagné à l’hôpital du village par ses proches et il était dans un état très critique. Tout de suite, j’ai fait le test de diagnostic rapide (TDR) qui s’est révélé positif. Ensuite, j’ai constaté que ses lèvres étaient rouges et il saignait au niveau de sa bouche. J’étais en face d’un saignement dont je ne pouvais pas connaitre l’origine », explique Félix Sandouno, chef du poste de santé de Témessadou, qui a été le premier à prendre soin du patient.

« Finalement j’ai appelé mes supérieurs hiérarchiques en insistant sur le fait qu’il était préférable de transférer le malade à Guéckédou dans les centres de traitements épidémiologiques », ajoute cet agent de santé qui a été interrogé par SciDev.Net.Selon une lettre d’information du ministère de la Santé de Guinée, les premiers tests effectués dans les laboratoires guinéens le 3 août ont révélé la fièvre Marburg ; des résultats qui ont été par la suite confirmés par des analyses réalisées à l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal) le 9 août.

Le patient en question, un homme de 46 ans, avait finalement succombé à la maladie. Mais, ses contacts, soit un total de 155 personnes, ont été identifiés et sont suivis quotidiennement, d’après le ministère de la Santé qui n’a donc plus constaté de cas suspect.

Dans un communiqué de presse publié le 9 août, le bureau Afrique de l’OMS affirme que la maladie à virus de Marburg se transmet à l’homme par les chauves-souris frugivores et se propage dans l’espèce humaine par contact direct avec les fluides corporels des personnes infectées, ou avec les surfaces et les matériaux.

« La maladie commence de façon soudaine, avec une forte fièvre, des céphalées intenses et un éventuel malaise. Les taux de létalité ont varié de 24 % à 88 % lors des épidémies précédentes, en fonction de la souche virale et de la gestion des cas », indique ce document.

Les investigations en Guinée ont révélé que le patient décédé avait développé une démence il y a plus de trois ans et qu’il vivait hors de la société parce qu’il était agressif et s’attaquait même aux bêtes. « Même son épouse l’avait quitté à cause de son agressivité », révèle le ministre Rémy Lamah.Il n’existe pas en ce moment de vaccin ni de traitements antirétroviraux approuvés contre le Marburg. Mais, les experts pensent qu’un traitement palliatif est envisageable contre cette maladie qui est de la même famille qu’Ebola.

« Nous avons l’expérience d’Ebola. Marburg et Ebola ont les mêmes modes de contamination. Alors ce qui est valable contre Ebola en termes de mesures préventives, de mesure d’éradication ou de traitement est valable aussi contre Marburg », affirme l’épidémiologiste Ben Youssouf Keita.

« Selon les dernières informations que nous avons reçues, le vaccin utilisé contre Ebola peut également être utilisé contre le virus Marburg et des dispositions sont en train d’être prises afin de procéder à la vaccination des contacts du défunt », confirme Rémy Lamah.

Dans le même temps, d’autres mesures sont prises, à savoir, entre autres, la sensibilisation des populations sur les mesures préventives, l’approfondissement des investigations pour identifier d’éventuels cas suspects, le suivi quotidien des contacts isolés qui va s’étendre sur 21 jours…

Selon l’OMS, des flambées précédentes et des cas sporadiques de Marburg en Afrique ont été signalés en Afrique du Sud, en Angola, au Kenya, en Ouganda, et en République démocratique du Congo.