18/02/16

Le Kenya approuve sous condition une variété de maïs transgénique

Packs of seeds
Crédit image: Sven Torfinn / Panos

Lecture rapide

  • La dissémination d’une variété transgénique a été autorisée uniquement sous certaines conditions
  • Pour l’heure, la vente, la culture ou l’importation de la variété restent interdites
  • Des essais supplémentaires sont exigés pour établir si ce maïs transgénique est meilleur que les variétés existantes

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Le Kenya estime qu’il faudra d’autres essais et des mesures de sauvegarde avant d’autoriser la culture commerciale des semences de maïs génétiquement modifié (GM) sur son territoire.

Dans une décision rendue publique aujourd’hui, le National Biosafety Authority (Office national de la biosécurité) (NBA) autorise la dissémination dans l’environnement d’une  variété de maïs transgénique uniquement dans le cadre des essais en champ confiné et sous certaines conditions.

"Nous prenons toutes les mesures de précaution pour garantir que cette variété est sûre pour la consommation humaine et l’environnement", explique Willy Tonui, Directeur général de la NBA dans un entretien accordé à SciDev.Net.

La NBA a statué sur une demande d’autorisation déposée en juin 2015 par la Kenya Agricultural and Livestock Research Organization (Organisation kényane pour la recherche sur l’agriculture et l’élevage) et l’African Agricultural Technology Foundation pour une variété de semences de maïs génétiquement modifiée pour résister aux insectes nuisibles, mise au point par la société Monsanto sous le nom MON810.

« Les auteurs de la demande ont travaillé systématiquement, en prenant durant sept ans des mesures de sécurité dans leurs essais en champ confiné », affirme Tonui. Ils doivent dorénavant collaborer avec la Kenya Plant Health Inspectorate Service (Service d’inspection phytosanitaire du Kenya) dans le cadre des essais destinés à établir si cette nouvelle variété de maïs est meilleure que celles qui existent, notamment sa valeur nutritionnelle, ajoute-t-il.

Les défenseurs des OGM espéraient que la NBA autoriserait la mise sur le marché des semences de cette variété, mais l’autorisation accordée ne couvre pas la culture, l’importation ou la vente de semences OGM.

Dans une déclaration, la NBA précise qu’elle n’autorise la dissémination de cette variété dans l’environnement uniquement "pour des essais de rendement nationaux et la collecte de données d’analyse de sa composition".

Le phytogénéticien Richard Oduor de l’université Jomo Kenyatta qui ne fait pas partie des auteurs de la demande d’autorisation, estime malgré son caractère restrictif, cette autorisation est une bonne nouvelle pour les scientifiques.

Il ajoute que cette décision va stimuler le développement de la technologie génétique au Kenya et témoigne de l’importance du rôle de la NBA. Cet organisme vient ainsi de "confirmer que le pays dispose des capacités de régulation suffisantes", dit-il. "Malgré la résistance à laquelle les OGM font face, nous disposons d’un organisme indépendant qui rendra des décisions fondées sur la science".

Par contre, un rejet de l’intégralité de la demande aurait découragé les chercheurs et les étudiants du Kenya, et aurait « réduit à néant les efforts du gouvernement kenyan » qui finance, par exemple, la R-D sur une variété de patate transgénique.

Mais Peter Mokaya, Président de la Kenya Organic Consumers Alliance (Alliance de consommateurs bio du Kenya), estime que le Kenya ne dispose pas encore de capacités suffisantes pour l’adoption de technologies génétiques susceptibles de mettre au point des variétés sûres. "Nous devons veiller et approfondir la recherche pour la validation des précédentes études sur la sécurité des OGM", plaide-t-il dans un entretien accordé à SciDev.Net.
 
Il pense aussi que le Kenya peut renforcer sa sécurité alimentaire par des moyens autres que la technologie génétique, notamment la réduction des pertes d’après récolte, qui selon lui, constitue un frein majeur.

Justus Mwololo, secrétaire-général de la Kenya Small-Scale Farmers Forum (Forum des petits exploitants agricoles du Kenya), affirme que la majorité des petits exploitants du Kenya ne connaissent pas les cultures transgéniques et leurs propriétés. Lui qui cultive le maïs dans l’Est du Kenya estiment que si les agriculteurs étaient mieux informés sur cette technologie, ils voudraient peut-être y recourir.

Ces dernières années, la NBA a autorisé plusieurs essais d’OGM en champ confiné, et « l’utilisation confinée dans le cadre des activités de recherche », comme les essais en laboratoire ou en serres. D’autres pays africains, notamment le Burkina Faso, l’Afrique du Sud et le Soudan, ont déjà autorisé la commercialisation des cultures transgéniques.

D’après Oduor, d’autres pays, notamment des voisins du Kenya comme l’Ouganda et la Tanzanie, entendent créer un organe de régulation semblable à la NBA, et pourraient être influencées par la position du Kenya.

La NBA planche par ailleurs sur une demande similaire portant sur l’autorisation de la culture du coton transgénique résistant aux parasites.