01/05/19

Les données ouvertes pour renforcer l’agriculture

Agrinuma 2019
Ouverture officielle du symposium Agrinuma 2019, à Dakar. Crédit image: CIRAD

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  • Le boom de l’industrie mobile offre des opportunités de croissance pour le secteur agricole
  • Avec 634 millions d’abonnés en 2025, l’agriculture pourrait tirer un grand parti de cette expansion
  • Toutefois, selon les experts, l’infrastructure et les capacités font encore défaut

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Des chercheurs réunis à l’occasion d’un symposium sur l’agriculture en Afrique de l’Ouest (AgriNumA) indiquent que l’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC) en Afrique constitue un levier important pour le développement de l’agriculture sur le continent.

Le symposium de Dakar est organisé par le Centre international de recherche agronomique pour le développement (CIRAD) du 28 au 30 avril à Dakar.

Selon des chiffres de GSMA, l’Afrique comptait en 2017 444 millions d’abonnés mobiles, soit un taux de pénétration de 52%. Ce chiffre devrait être porté à 634 millions en 2025, selon la même source. 

“Réduire l’utilisation des intrants à travers une solution numérique, par exemple, améliore la santé publique au-delà d’avoir un impact économique sur le producteur.”

Pascal Bonnet, directeur adjoint du CIRAD

Pour Pascal Bonnet, chercheur et directeur adjoint du CIRAD, l’impact du numérique est à apprécier aussi bien à l’échelle des petits exploitants que des grands producteurs qui peuvent tirer profit de l’intelligence artificielle ou des données massives (encore appelées « Big Data ») pour améliorer leurs performances.

« Le numérique peut aider à optimiser l’usage des pesticides et des fertilisants ; déterminer la période optimale de plantation ou même contrôler le taux d’humidité au moment du stockage », a expliqué Pascal Bonnet à SciDev.Net.

Emplois

Le chercheur ajoute que l’adoption du numérique peut avoir des effets induits sur d’autres secteurs comme la santé publique et l’économie.
« Réduire l’utilisation des intrants à travers une solution numérique, par exemple, améliore la santé publique au-delà d’avoir un impact économique sur le producteur », a-t-il noté.

Au Sénégal, où l’agriculture représente 16% au PIB, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural, espère que l’adoption du numérique contribuera à créer plus d’emplois dans le secteur agricole.

« L’agriculture numérique, à travers le développement de la robotique pour assurer l’automatisation des tâches dans les cycles de production, peut constituer une opportunité d’emplois pour les jeunes », a déclaré Dogo Seck.

Les solutions numériques, précise-t-il, doivent également intégrer les bonnes pratiques agricoles pour avoir un impact réel sur la productivité.

Aussi, a-t-il convié les chercheurs à prendre en compte l’irrigation, la fertilisation ou les traitements phytosanitaires dans la recherche des solutions innovantes pour une agriculture « durable et intelligente ».

« Open data »

 
S’ils s’accordent à dire que l’agriculture numérique reste un vaste champ d’’opportunités à explorer en Afrique de l’Ouest, les chercheurs reconnaissent que l’inaccessibilité des données constitue l’un des obstacles majeurs pour ses acteurs.

À en croire Labaly Touré, opérateur p[rivé et chercheur en géomatique, la connaissance et la maitrise des données géospatiales est « un raccourci important pour la productivité agricole ».

 « Un agriculteur qui dispose des données sur sa parcelles en termes de surface du sol, de qualité du sol ou encore des données météorologiques peut faire des économies non négligeable sur ses dépenses en fertilisants et améliorer ses performances », a expliqué le chercheur à Scidev.Net.

Généralement, poursuivit-il, les données existent mais les institutions ou organismes qui les détiennent ignorent leur enjeu pour les producteurs, les chercheurs et ou les entrepreneurs.

« La solution pour avoir des données accessibles pour tous, c’est la mise en place des plateformes collaboratives de données ouvertes», propose Dr Labaly Touré.

En cela, « Géomatica », une plateforme initiée par le chercheur, pour la collecte et le traitement des données spatiales par imagerie drone en est un exemple.

Lancée en 2017, la plateforme dont une partie des données est disponible en accès libre compte près de 500 contributeurs qui font le pari de mettre les données géospatiales au profit de l’agriculture au Sénégal.

Elle pourrait être renforcée d’ici 2025 par une base de données agricoles ouverte prévue dans le Plan Sénégal Émergent, rappelle Dogo Seck.