22/09/11

Les projets d’énergie nucléaire qui ont survécu à Fukushima

Nuclear Central Power Energy
Crédit image: Flickr/IAEA Imagebank

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Quels sont les pays qui tiennent absolument à développer l'énergie nucléaire malgré l'accident de Fukushima ? Les reporters de SciDev.Net du monde entier mènent l'enquête.

L'indépendance énergétique, une volonté d'enrayer le déficit énergétique croissant, voire même un désir de poids politique : autant de raisons qui font que peu de pays en développement ont abandonné leurs ambitions nucléaires à la lumière de l'accident de Fukushima. Tour d'horizon des différents pays et de leurs raisonnements.
 

Jordanie : la centrale nucléaire envisagée rentre dans le cadre d'une stratégie visant à faire face aux pénuries aiguës d'eau et d'énergie.


La Commission jordanienne de l'énergie atomique (JAEC) ambitionne de tirer 60 pour cent de l'énergie du pays du nucléaire d'ici 2035. Actuellement, sa dépendance énergétique envers les pays arabes voisins coûte à la Jordanie environ un cinquième de son produit intérieur brut.

Le pays est également l'un des plus pauvres en eau au monde. La Jordanie envisage de dessaler l'eau de mer du golfe d'Aqaba, au sud, pour la pomper vers les agglomérations d'Amman, d'Irbid et de Zarqa, en utilisant son énergie d'origine nucléaire.

Après la catastrophe de Fukushima, la Jordanie a commencé à réévaluer les procédures de sécurité pour son réacteur nucléaire dont la construction devrait débuter en 2013. Le royaume a également examiné davantage de procédures de sécurité pour la construction et dans les études géologiques et environnementales en cours.

Pour Abdel-Halim Wreikat, vice-président de la JAEC, "le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision de construire des réacteurs nucléaires en Jordanie en raison de la catastrophe de Fukushima. Notre type de centrale est un réacteur à eau pressurisée de troisième génération, et il est plus sûr que le réacteur à eau bouillante de Fukushima".

Koeberg nuclear power station

Le gouvernement a effectué un examen de la sécurité de ses deux réacteurs nucléaires au Cap après la catastrophe de Fukushima

Bjorn Rudner/ESKOM

Wreikat soutient que "l'option nucléaire pour la Jordanie à l'heure actuelle est meilleure que les options d'énergies renouvelables telles que les énergies solaire et éolienne, puisque leurs coûts sont encore élevés".

Pourtant, certains chercheurs jordaniens ne partagent pas cette opinion. "Le coût de l'électricité produite à partir des centrales solaires baisse chaque année d'environ cinq pour cent, alors que le coût de production de l'électricité d'origine nucléaire augmente année après année", affirme Ahmed Al-Salaymeh, directeur du Centre de l'énergie à l'Université de Jordanie. Il a appelé à davantage d'études de faisabilité économique de l'option nucléaire.

Ahmad Al-Malabeh, professeur au Département des sciences de la Terre et de l'environnement de l'Université hachémite, ajoute : "La Jordanie est riche non seulement en ressources solaires et éoliennes, mais également en schiste bitumineux, à partir duquel nous pouvons extraire du pétrole pouvant couvrir les besoins énergétiques de la Jordanie dans les prochaines années, dès 2016 ou 2017 … Cela pourrait nous donner plus de temps pour disposer de plus d'énergie renouvelable économiquement viable".

Afrique du Sud: c'est le financement, plutôt que Fukushima, qui risque de retarder les projets nucléaires, seulement cinq jours après la catastrophe survenue au Japon.


L'Afrique du Sud reste déterminée à poursuivre ses projets de construction de six nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2030.

Katse Maphoto, directeur de la sûreté des risques et de la gestion des urgences nucléaires, au ministère de l'Energie, affirme que le gouvernement a procédé à un examen de la sécurité de ses deux réacteurs nucléaires au Cap, à la suite de la catastrophe de Fukushima.

Or le gouvernement a adopté son Plan intégré de ressources (PIR) pour la période 2010-2030 cinq jours seulement après l'accident de Fukushima. Elliot Mulane, le responsable des communications de la Société sud-africaine d'énergie nucléaire (NECSA), une société publique créée en vertu de la Loi de 1999 sur l'énergie nucléaire qui favorise la recherche nucléaire, explique que la décision témoigne de "la confiance que le gouvernement accorde aux technologies nucléaires".

Dipuo Peters, ministre de l'Energie, a réitéré l'engagement pris dans son annonce du budget le 26 mai dernier, en ces termes : "Nous restons convaincus que l'énergie nucléaire est une partie essentielle de notre stratégie qui vise à réduire nos émissions de gaz à effet de serre à travers un portefeuille diversifié, comprenant certaines technologies dérivées des énergies fossiles, des énergies renouvelables et des énergies à rendement énergétique".

Planned Ninh Thuan nuclear plant

Le Vietnam espère que sa première centrale nucléaire, Ninh Thuan, sera achevée d'ici 2020

Tuoitrenews

James Larkin, directeur de l'Unité des rayonnements et de radioprotection à l'Université de Witwatersrand, estime que l'Afrique du Sud optera certainement pour le réacteur de troisième génération sud-coréen, relativement bon marché.

Larkin affirme que l'énergie nucléaire est la seule alternative au charbon pour produire suffisamment d'électricité. "De quelle autre alternative disposons-nous ? Les énergies renouvelables ne feront pas du tout l'affaire", a-t-il noté.

Il affirme en outre que le nucléaire est capable de fournir 85 pour cent de l'énergie de base (l'énergie constamment requise), alors que l'énergie solaire ne peut produire qu'entre 17 et 25 pour cent de cette quantité.

Pourtant, en dépit de la confiance du gouvernement, Larkin regrette que le manque d'argent risque de retarder les projets nucléaires du pays.

"Le gouvernement a dit oui, mais n'a pas dit comment les projets seront financés. Cela va finir par retarder de 15 ans les projets de construction d'une centrale nucléaire."
 

Vietnam : Les objectifs dans le domaine de l'énergie nucléaire restent ambitieux malgré l'avertissement des scientifiques d'un risque de tsunami.


L'objectif vietnamien d'alimenter 10 pour cent de son réseau électrique avec de l'énergie nucléaire d'ici 20 ans est le projet d'énergie nucléaire le plus ambitieux en Asie du Sud-Est. La première centrale nucléaire de ce pays, Ninh Thuan, sera construite avec l'appui d'une société d'Etat russe de production d'énergie et achevée en 2020.

Le Huy Minh, directeur du Centre d'alerte aux séismes et tsunamis à l'Institut vietnamien de géophysique, a prévenu que la côte vietnamienne serait touchée par des tsunamis dans la mer de Chine méridionale voisine.

La centrale nucléaire Ninh Thuan sera construite sur la côte vietnamienne, distante de 80 à 100 kilomètres d'une ligne de faille, l'exposant potentiellement aux tsunamis, selon les médias officiels.

Toutefois, Vuong Huu Tan, président de la Commission publique vietnamienne de l'énergie atomique, a déclaré aux médias officiels en mars que les leçons tirées de l'accident de Fukushima allaient aider son pays à développer des technologies sûres.

President Benigno Aquino III

Le Président Benigno Aquino III a déclaré que le réacteur nucléaire de Bataan ne sera jamais utilisé conformément à son objectif initial

Flickr/nznationalparty

Et John Morris, un consultant en énergie basé en Australie, qui a travaillé comme géologue au Vietnam, affirme que le risque sismique pour les centrales nucléaires dans ce pays ne serait pas "un problème majeur" pourvu que les centrales soient construites correctement. Les centrales nucléaires japonaises sont "beaucoup plus enclines aux tremblements de terre" que ne le seraient les centrales vietnamiennes, ajoute-il.

Il est peu probable que le Vietnam connaisse beaucoup de manifestations populaires contre le nucléaire, contrairement à l'Indonésie et aux Philippines voisines, où la société civile jouit de plus d'influence, explique Kevin Punzalan, un expert en énergie à l'Université De La Salle, aux Philippines.

Si les mises en garde de la communauté scientifique vietnamienne pourraient contraindre le Parti communiste au pouvoir à choisir d'autres emplacements pour les réacteurs nucléaires, ou à modifier les modèles des réacteurs, elles n'entraîneront probablement pas de grands changements dans la stratégie en matière d'énergie nucléaire dans cet Etat à parti unique, a-t-il déclaré à SciDev.Net.
 

Philippines : le projet de réhabilitation d'une centrale nucléaire jamais utilisée survivra-t-il à l'accident de Fukushima ?


Les Philippines sont soumises à un moratoire de 25 ans sur l'utilisation de l'énergie nucléaire qui expire en 2022. Le gouvernement affirme qu'il reste ouvert à l'exploitation de l'énergie nucléaire en tant qu'une solution à long terme pour faire face à la demande croissante d'électricité, et le ministère de la science et de la technologie multiplie les déclarations publiques en faveur de la poursuite de l'énergie nucléaire depuis l'accident de Fukushima.

En privé, toutefois, les responsables du ministère reconnaissent que cet accident a retardé de quatre ou cinq ans leur objectif de gagner le soutien du public au nucléaire.

Entre-temps, le gouvernement tente de renforcer ses capacités. Le pays manque, par exemple, d'expertise technique. Carmencita Bariso, directrice adjointe du bureau de la planification au ministère de l'énergie, affirme que, malgré l'accident de Fukushima, son ministère poursuit une étude sur la viabilité, la sûreté et l'acceptabilité sociale de l'énergie nucléaire.

Bariso affirme que cette étude comprendra une proposition pour la "marche à suivre" pour la centrale nucléaire de Bataan, le premier réacteur nucléaire d'Asie du Sud-Est achevé en 1985. Le réacteur à eau légère de Westinghouse d'une valeur de 2,3 milliards de dollars, situé à environ 60 miles au nord de la capitale, Manille, n'a jamais été utilisé, malgré une capacité de production de 621 mégawatts d'électricité.

Le Président Benigno Aquino III, dont la mère, la présidente Corazon Aquino, a ordonné l'arrêt des travaux sur les installations en 1986 en raison des problèmes de corruption et de sécurité, a déclaré qu'il ne sera jamais utilisé comme un réacteur nucléaire mais pourrait être privatisé et réaménagé comme une centrale électrique classique.

Pourtant, Mark Cojuangco, un ancien législateur, a initié en 2008 un projet de loi cherchant à obtenir le démarrage d'opérations nucléaires commerciales au réacteur de Bataan. La loi n'a pas été adoptée avant la suspension des travaux au Congrès l'année dernière et il reconnaît que l'accident de Fukushima vient compliquer sa tâche.

"Passer au nucléaire reste la bonne chose à faire", affirme-t-il. "Mais cela passe par une décision de la société. Nous provoquerons des débats publics de plus belle, une fois que les rapports sur Fukushima auront été publiés".

Boy in Kenyan slum

La demande d'électricité est très forte au Kenya

Flickr/computerwhiz417

Des projets de loi modifiés cherchant à la fois à faire redémarrer le réacteur, et à mettre un terme au problème en autorisant soit la reconversion du site soit sa fermeture permanente, sont en attente à la Chambre et au Sénat.

Greenpeace, qui milite contre l'énergie nucléaire, estime que l'accident de Fukushima a réduit les chances de mise en service de la centrale de Bataan en raison de la "prise de conscience accrue de ce que la radioactivité peut causer à un endroit donné". De nombreuses parties de l'archipel sont sujettes aux séismes et à d'autres catastrophes naturelles, ce qui d'après les critiques, en fait un endroit inapproprié que ce soit pour l'implantation de centrales nucléaires ou pour le stockage des déchets radioactifs.
 

Kenya : les partisans du nucléaire plaident aussi pour une utilisation de l'énergie géothermique


Le 31 mars dernier, très peu de temps après l'accident de Fukushima, les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique ont approuvé la demande faite par le Kenya pour sa première centrale nucléaire, une installation de 35 000 mégawatts dont la construction coûtera 950 milliards shillings (US$ 9,8 milliards) sur une parcelle de 200 acres dans les plaînes d'Athi, à environ 50 km de Nairobi.

La centrale, dont la construction sera dirigée par la Commission kényane du projet d'électricité nucléaire, devrait entrer en service en 2022. Le gouvernement affirme qu'elle pourrait satisfaire tous les besoins énergétiques du Kenya jusqu'en 2040.

La demande en électricité est très forte au Kenya. Moins de la moitié des habitants de la capitale, Nairobi, ont accès à l'électricité du réseau, un taux qui tombe à deux pour cent en milieu rural.

James Rege, président de la commission parlementaire de l'énergie, de la communication et de l'information a une vision plus large que la position officielle du gouvernement, quand il affirme que l'énergie géothermique, du Projet de la vallée du Rift est l'option la plus prometteuse. Ce projet a, certes, un coût de production élevé, mais reste le "meilleur espoir" du pays. Selon lui, le nucléaire devrait être envisagé comme une "alternative de secours".

"Nous considérons l'énergie nucléaire comme source alternative d'énergie. Le coût des combustibles fossiles continue de monter en flèche et les Kenyans ordinaires ne peuvent pas le supporter", a-t-il expliqué.

L'énergie hydroélectrique est limitée par l'assèchement des fleuves, poursuit-il. Et les disponibilités alimentaires seraient menacées si la production de biocarburants étaient encouragées sur les terres arables du pays.

Oil barrels

Nigeria : le nucléaire aurait-il plus d'avantages que le pétrole ?

Flickr/ezioman

David Otwoma, secrétaire du Projet de développement de l'électricité nucléaire au ministère de l'Energie, convient que le Kenya ne sera pas en mesure de s'industrialiser sans diversifier ses sources d'énergie pour y intégrer davantage d'énergie géothermique, nucléaire et de charbon. Pour lui, le coût de production d'énergie nucléaire pourrait un jour être couvert grâce à des projets régionaux mis en communs, mais en attendant, le Kenya doit avancer par ses propres moyens.

Selon Rege, si l'alternative que constitue l'énergie nucléaire est une option prometteuse, il est extrêmement important de prendre en considération l'accident de Fukushima. "Les données sont disponibles et il faut aller lentement mais sûrement, sans se précipiter", martèle-t-il.

Pour Otwoma, le nouveau Kenya nucléaire peut développer une bonne culture de sûreté nucléaire, et ce dès l'avènement du projet, "mais pour ce faire, nous devons être prêts à apprendre toutes les leçons et à les retenir, à ne les pas les oublier et ne pas présumer que cela ne nous arrivera pas".
 

Nigéria : les collaborations nucléaires vont de l'avant, peu impactés par Fukushima


Il ne fait pas céder à la panique à cause de l'accident de Fukushima, rappelle Shamsideen Elegba, président du Forum des organismes de réglementation du nucléaire en Afrique. Le Nigeria dispose du système de réglementation nécessaire pour maintenir les activités nucléaires en toute sécurité.

"L'autorité de régulation nucléaire du Nigéria [NNRA] s'est établie comme un organisme crédible de la surveillance réglementaire de toutes les utilisations des rayonnements ionisants, des matières nucléaires et des sources radioactives", affirme Elegba, directeur général de la NNRA jusqu'à une date récente.

"Et nous ne sommes pas les seuls à le dire : un audit international est venu ici en 2006 pour évaluer notre procédure et nos processus et a tenu le même discours".

Elegba est fermement d'avis que la responsabilité de l'accident Fukushima devrait être attribuée à la nature plutôt qu'à une erreur humaine.

"Le Japon est l'un des leaders non seulement dans cette industrie, mais également sur la plan de la surveillance réglementaire. Il dispose d'un très rigoureux système de délivrance de permis. Nous devons faire une distinction entre un événement naturel, ou une série d'événements naturels et les infrastructures techniques, réglementaires et la supervision de la sécurité".

Erepamo Osaisai, directeur général de la Commission d'énergie atomique de Nigeria (NAEC), explique qu'il n'y aura "pas de retour en arrière" sur le projet d'énergie nucléaire du Nigeria après Fukushima.

Le Nigeria devrait recruter l'Agence fédérale de l'énergie atomique russe, ROSATOM, pour construire sa première centrale nucléaire aujourd'hui en projet. Une délégation a visité le Nigeria (les 26 – 28 juillet derniers) et un document bilatéral sera finalisé avant le mois de décembre prochain.

Cairo

L'Egypte a été le premier pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à avoir un programme nucléaire

Flickr/WanderingtheWorld

Pour Nikolay Spassy, ​​le directeur général de l'agence, s'exprimant lors de la visite, "l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire est le socle du développement et atteindre l'objectif [du Nigeria] d'être l'un des vingt pays les plus développés d'ici 2020 dépendra en grande partie du développement des centrales nucléaires". ROSATOM souligne que l'Agence internationale de l'énergie atomique surveille et réglemente la construction de centrales dans les pays récemment converties au nucléaire.

Pourtant, Nnimmo Bassey, directeur exécutif de Environmental Rights Action/Friends of the Earth Nigeria (ERA/FoEN), s'inscrit en faux: "Nous ne pouvons pas comprendre la logique qui sous-tend le penchant du gouvernement pour une technologie que les anciens promoteurs en Europe, et dans d'autres pays technologiquement avancés, rechignent désormais à utiliser.

"Ce que le Nigeria doit faire maintenant, c'est investir dans des énergies alternatives sûres qui ne nuiront pas à l'environnement et à la population. Nous ne pouvons pas accepter l'option nucléaire".
 

Egypte: ni Fukushima — ni la révolution – ne feront capoter les projets nucléaires dans un pays assoiffé d'électricité et d'influence politique


L'Egypte a été le premier pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord à posséder un programme nucléaire, avec le lancement d'un réacteur de recherche en 1961. En 2007, le pays a 'dégelé' un programme nucléaire qui avait marqué le pas au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.

Après la révolution égyptienne du début de 2011, et l'accident de Fukushima, le gouvernement a reporté un appel d'offres international pour la construction de sa première centrale.

Pour Yassin Ibrahim, président de l'Autorité des centrales nucléaires, "nous avons mis en place des procédures supplémentaires pour éviter tout état d'urgence mais, à cause de la révolution, l'appel d'offres sera reporté jusqu'à ce que nous ayons la stabilité politique après les élections présidentielle et législatives à la fin de 2011".

Ibrahim dément que le programme nucléaire puisse être annulé : "Les normes de conception de la centrale nucléaire égyptienne prennent en compte la résistance aux séismes et aux tsunamis, y compris ceux de plus grande ampleur que tous ceux qui se sont produits dans la région au cours des quatre mille dernières années.

Le réacteur est de ceux de troisième génération à eau pressurisée, qui n'ont pas provoqué d'effets néfastes sur l'environnement depuis leur entrée en service au début des années soixante."

Ibrahim El-Osery, consultant en affaires et énergie nucléaires auprès de l'Autorité des centrales nucléaires de ce pays, souligne que les ressources limitées en pétrole et en gaz naturel de l'Egypte seront épuisées dans 20 ans.

"Nous devrons alors importer de l'électricité, et nous ne pouvons pas compter sur les énergies renouvelables étant donné qu'elles ne sont toujours pas encore économiques – l'Egypte en 2010 n'a produit que deux pour cent de ses besoins à partir de ce type d'énergie".

Mais Nadia Charara, professeur de minéralogie à l'Université d'Assiout voit d'autres motivations qui poussent à opter pour le nucléaire.

"Le fait de posséder des centrales nucléaires est en premier lieu une décision politique, en particulier dans cette région. Tout Etat qui a acquis la technologie nucléaire a un poids politique dans la communauté internationale", affirme-t-elle.

"L'Egypte a le potentiel de posséder ce pouvoir étant donné que l'Autorité égyptienne des matériaux nucléaires estime qu'il y a 15 000 tonnes d'uranium non exploitées en Egypte."

Elle souligne qu'il est aussi question ici de maintenir une avancée sur le plan de la technologie. "Si l'Egypte gèle son programme aujourd'hui en raison de la catastrophe nucléaire de Fukushima, elle se laissera distancer dans de nombreux domaines de recherche en sciences pour les 50 prochaines années au moins ", a-t-elle prévenu.

Articles écrits par Hanan AlKiswany (Jordanie), Lizette Damons (Afrique du Sud), Mike Ives (Vietnam), Theresa V. Ilano et Joel Adriano (Philippines), Ochieng' Ogodo (Kenya), Emeka Johnkingsley (Nigeria), Ma. Nehal Lasheen (Egypte).

Cet article fait partie d’un Dossier spécial sur l’Energie nucléaire après Fukushima.

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