25/07/18

La cybersécurité, un défi de taille pour les villes intelligentes

Cyber Concept
Concepts de représentation de systèmes de connexion sécurisés - Crédit image: Wrightstudio

Lecture rapide

  • Le concept de ville intelligente appelle à une large utilisation d’objets connectés
  • Or, ces objets connectés sont autant de cibles potentielles pour les cybercriminels
  • La solution résiderait dans la volonté politique et la sensibilisation des utilisateurs

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[OUAGADOUGOU] "La problématique primordiale en matière de cybersécurité [dans une ville intelligente] est de savoir ce que l’on gagne en connectant un objet, par rapport au risque encouru en l’utilisant".
 
C’est en ces termes que le professeur Tegawendé Bissyandé, expert en génie logiciel et enseignant chercheur à l'université du Luxembourg et à l'Université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo, résume l’enjeu de la construction de villes intelligentes en Afrique, aujourd’hui.
 
Pour mieux représenter son idée, il prend l’exemple d’un système d’épuration d’eau connecté pour montrer que le gain serait de garantir une bonne qualité de l’eau à la population.

“Les objets connectés présentent le risque le plus élevé car l’aspect sécurité n’est pas souvent pensé dans leur conception.”

Tiguiane Yélémou, enseignant chercheur à l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso

En revanche, en cas d’attaque de ce système, c’est toute une population qui pourrait être empoisonnée par de l’eau souillée, relève-t-il.
 
Cette question cruciale de la cybersécurité dans les villes intelligentes a fait l’objet d’un débat nourri ce 24 juillet, lors de la conférence internationale sur les villes et communautés intelligentes, qui se tient à Ouagadougou, au Burkina Faso.
 

Le maire de Ouagadougou, Armand Béouindé, à la tribune, avec le Professeur François Coallier, de l'ETS de l'Université du Québec et Blaise Koné, directeur de l'IBAM –  Crédit Photo : SDN/Bilal Taïrou.

Tegawendé Bissyandé a saisi l’occasion de ces échanges pour préciser que "dans un contexte de ville intelligente, la cybersécurité concerne beaucoup plus les objets en permanence connectés et à grand impact sur la population entière."
 
Ce qu’approuve Tiguiane Yélémou, enseignant chercheur à l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, qui renchérit en disant que "la transformation numérique est fortement pilotée par les objets connectés."
 
Une étude de Gartner, indique d’ailleurs qu'alors que l’on en dénombrait un peu plus de 8 milliards en 2017, il y aura plus de 20 milliards d’objets connectés dans le monde d’ici 2020.
 
Le monde devient donc de plus en plus connecté et dans les villes, la disruption s’impose ; car les modèles traditionnels ne satisfont plus les besoins et les désirs des populations.
 

Services

Il s’ensuit que se transformer en ville intelligente devient la seule option qui s’offre aux villes qui se veulent résilientes, attractives et offrant des services qui sont à la hauteur des attentes de leurs populations.
 
Par essence, les villes intelligentes sont pilotées par les données et Tiguiane Yélémou fait savoir que "lorsqu’on parle de Big Data, il faut savoir que les objets connectés sont surtout utilisés pour collecter des informations que l’on peut utiliser pour la prise de décisions."
 
Ce dernier ajoute que dans la perspective d’une ville intelligente, l’ensemble de ces objets connectés augmente considérablement les surfaces d’attaques et donc, les cybermenaces.
 
"Les objets connectés présentent le risque le plus élevé car l’aspect sécurité n’est pas souvent pensé dans leur conception", indique-t-il à SciDev.Net.
 

Déni de service

Au passage, il regrette le fait qu’au nom de la course commerciale, "les firmes ne pensent qu’à produire des terminaux et à les mettre sur le marché, sans se préoccuper de la sécurité."
 
Or, dit-il, tous ces terminaux peuvent être infectés, transformés en zombies et mobilisés par un pirate informatique, pour des attaques par déni de service (plus couramment connues sous l’acronyme anglo-saxon DoS – Denial of Service).
 
Ainsi, sans surprise, Tegawendé Bissyandé situe l’humain à tous les niveaux de la sélection de la technologie jusqu’à son utilisation, en passant par la mesure du risque et le développement.
 
A l’en croire, l’homme lui-même est un potentiel maillon faible de la sécurité, du fait de ses mauvaises décisions, de ses mauvaises implémentations ou de son mauvais usage.
 
D’où l’appel des experts à la nécessité de renforcer la volonté politique et les campagnes de sensibilisation à l’endroit des utilisateurs des données et de l’ensemble des populations.