20/12/19

L’Afrique s’offre un plan d’action contre la résistance aux ARV

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Lecture rapide

  • La résistance aux antirétroviraux est en hausse dans le monde, mais l'Afrique est la région la plus touchée
  • Le nouveau plan quinquennal va surveiller, prévenir et combattre la résistance aux ARV en Afrique
  • Selon un expert, la disponibilité des ressources est essentielle à la mise en œuvre du plan

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique est confrontée à une résistance croissante aux médicaments anti-VIH, qui pourrait annihiler les progrès importants réalisés jusqu’à présent dans la lutte contre le virus sur le continent.

L’OMS et ses partenaires ont élaboré un plan régional quinquennal (2019-2023) pour surveiller, prévenir et combattre la résistance aux médicaments anti-VIH en Afrique.

Des études menées dans 49 pays entre 2004 et 2019 montrent que la résistance aux médicaments anti-VIH est en augmentation dans le monde. Cependant, indique l’OMS, l’Afrique pourrait être la région la plus durement touchée ; car elle compte 70% de la population mondiale vivant avec le VIH/sida et 66% de toutes les nouvelles infections, selon l’OMS.

« La résistance aux médicaments anti-VIH entraîne un accroissement des infections difficiles à traiter, des décès, augmentant le coût nécessaire pour traiter les patients et favorisant la propagation du virus », explique Fatim Cham-Jallow, responsable technique en charge du cluster des maladies transmissibles au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Les conséquences de la résistance aux médicaments contre le VIH comprennent l’échec du traitement et la propagation du VIH résistant aux médicaments

Fatim Cham-Jallow, Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique

Le Plan d’action régional dévoilé lors de la conférence internationale sur le sida le 6 décembre au Rwanda est un cadre de suivi des indicateurs de résistance aux médicaments anti-VIH ; question de voir comment ces indicateurs pourraient être utilisés au niveau des cliniques et des programmes pour minimiser la résistance aux médicaments et améliorer la qualité des programmes de médecine antirétrovirale sur la base de faits.

Cham-Jallow explique à SciDev.Net que la capacité du VIH à se multiplier en présence de médicaments antirétroviraux est une menace critique pour la santé.

« Les conséquences de la résistance aux médicaments contre le VIH comprennent l’échec du traitement et la propagation du VIH résistant aux médicaments », explique l’intéressé.

« Actuellement, 16,4 millions de personnes vivant avec le VIH suivent un traitement dans la région africaine et un accès accru aux médicaments antirétroviraux a permis de réduire la mortalité par le VIH, ainsi que les nouvelles infections », dit-il.

Les données du rapport 2019 sur la résistance aux médicaments contre le VIH montrent que la résistance aux médicaments de première ligne les plus couramment utilisés, en l’occurrence l’Efavirenz et la Névirapine, devient un gros problème, en particulier chez les patients qui commencent le traitement.

Menace pour la santé publique

Une autre étude a montré que la résistance des patients commençant le traitement augmentait chaque année et avait dépassé le taux de 10% en Afrique orientale et australe en 2016.

Cham-Jallow affirme que la résistance aux médicaments contre le VIH est une menace pour la santé publique en Afrique, en particulier en raison des infrastructures de santé plus faibles par rapport à celles e l’Europe, de l’Amérique du Nord et de l’Asie, ajoutant que les femmes sont particulièrement à risque.

Citant une étude de modélisation, Cham-Jallow confie à SciDev.Net que ne pas agir sur les niveaux actuels de résistance aux médicaments anti-VIH chez les adultes pourrait entraîner 450 000 nouvelles infections à VIH, 890 000 décès et 6,5 milliards de dollars de coûts de traitement supplémentaires au cours des 15 prochaines années en Afrique subsaharienne.

Le plan d’action régional vise à aider les États du continent à mettre en œuvre des actions pour atténuer efficacement, surveiller et répondre aux menaces de résistance aux médicaments contre le VIH.

Halima Dawood, scientifique principale honoraire au Centre pour le programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud, dit que le problème de la résistance aux médicaments contre le VIH est en augmentation mais était prévisible, car ces médicaments sont utilisés depuis plus de dix ans.

Ce dernier soutient que la décision de l’OMS est salutaire. Mais, dit-il, « cela dépendra des ressources disponibles … Les tests de résistance aux médicaments sont actuellement très chers et les systèmes de santé [sont] déjà surchargés par les programmes de traitement du VIH ».

Cet article a été produit par desk anglophone de SciDev.Net pour l’Afrique subsaharienne