21/09/11

Mission difficile pour les informaticiennes ougandaises

Écartées : on dit aux femmes que l'ʹinformatique est trop difficile Crédit image: Flickr/Lingamish

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[KAMPALA] D’après une étude, les femmes ougandaises souhaitant embrasser des carrières dans l’informatique rencontrent une série d’obstacles, notamment une société qui considère que le sujet est trop difficile pour elles, des familles qui redoutent l’indépendance que le succès pourrait leur conférer ainsi que des sentiments négatifs de la part des étudiants masculins qu’elles peuvent côtoyer.

Les entretiens réalisés auprès de femmes étudiant l’informatique à l’Université Makerere, le premier institut d’enseignement supérieur en Ouganda, ont révélé que les familles des zones rurales, dans lesquelles la plupart de la population réside, sont réticentes à l’idée que leurs filles étudient loin de la maison, ce qui les contraint à choisir des sujets non scientifiques.

Cette étude, publiée dans l’International Journal of Gender, Science and Technology, portait uniquement sur les femmes étudiant l’informatique, mais les résultats pourraient, selon les commentateurs, être appliqués à d’autres matières.

James Ochwa-Echel, chercheur à l’Eastern Illinois University, aux États-Unis, a interrogé 200 étudiants préparant une licence en informatique à l’Université Makerere, où les femmes représentent moins d’un quart des étudiants de cette filière.

Il a constaté que les femmes qui suivaient ces cours avaient tendance à avoir des mères ayant un niveau d’éducation et des revenus plus élevés que celles des hommes suivant la même formation.

Deux tiers des 50 femmes ayant rempli le questionnaire ont déclaré qu’on avait tenté de les décourager à s’inscrire en leur disant qu’il s’agissait d’une matière difficile, contre un dixième des 150 hommes de la même formation.

Selon Dorothy Okello, maître de conférences au département d’ingénierie électrique de cette université, "aucun conseil d’orientation n’est apporté pour que des étudiants potentiels obtiennent des renseignements sur l’informatique, sur le contenu de la formation et sur les débouchés possibles".

Dans le cadre d’un groupe de discussion plus restreint, toutes les femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas été soutenues par leurs époux.

J. Ochwa-Echel a refusé d’être interviewé sur cette étude, mais on peut lire dans l’un de ses travaux de recherche, que les maris craignaient qu’une femme susceptible d’avoir un revenu élevé puisse quitter le foyer.

Selon Goretti Zavuga Amuriat, conseiller en politique sur les genres et les technologies d’information et de communication, "en raison de la socialisation que nous connaissons selon notre sexe, nous sommes socialement assignées, dès la naissance, à prendre soins des autres, ce qui nous expose rarement à des situations qui nous obligent à [étudier] les sciences".

Ces résultats sont semblables à ceux du projet Female Education in Mathematics and Science in Africa, qui a examiné les raisons pour lesquelles peu de filles étudient les sciences au niveau universitaire.

Selon Julianne Sansa-Otim, directrice du département des réseaux à la Faculté du traitement et de la technologie informatiques de l’Université Makerere, la politique générale devrait changer pour récompenser les femmes scientifiques et financer les projets scientifiques dans les écoles primaires où les revenus sont faibles.

Lien vers l’article complet (en anglais)