17/10/14

Le portable, outil potentiel de lutte contre Ebola

Ebola epicentre
Crédit image: Flickr/European Commission

Lecture rapide

  • Une organisation à but non lucratif suédoise utilise des données de téléphones portables pour déterminer les zones où le virus Ebola pourrait potentiellement affecter la population
  • Le système renforce les efforts en matière de riposte, en particulier dans les endroits où le suivi rapproché est difficile
  • Mais un expert met en garde contre des problèmes potentiels liés au respect de la vie privée.

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[Le CAP] Selon des chercheurs, le suivi en temps opportun des déplacements des utilisateurs de téléphones portables en Afrique de l'Ouest pourrait aider à prédire les lieux d'occurrence de cas d'Ebola.

Des chercheurs de la Fondation Flowminder, une organisation à but non lucratif basée en Suède, affirment que des données anonymes et agrégées, relatives aux relevés détaillés de communication (CDR), peuvent aider à générer des informations relatives à la présence géographique et aux mouvements d'une personne, estimant que la technologie pourrait aider à suivre le virus Ebola et compléter les efforts dans le cadre de la riposte

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le virus Ebola a fait à ce jour plus de 4500 morts, essentiellement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

“Dans des situations où il est difficile d'effectuer un suivi rapproché des personnes infectées, ces données peuvent aider à prédire où ces personnes pourraient apparaître”

Linus Bengtsson, Fondation Flowminder

"Dans des situations où il est difficile d'effectuer un suivi rapproché des personnes infectées, ces données peuvent aider à prédire où ces personnes pourraient apparaître", estime Linus Bengtsson, co-fondateur de Flowminder.

Des modèles mis au point sur des données mobiles recueillies lors de l'épidémie en cours pourraient aussi être utilisés pour évaluer les effets des mesures sans précédent de restrictions de voyage, comme la décision du Sénégal de fermer ses frontières avec la Guinée, au mois d'août dernier.

"Les données nous fournissent une compréhension de la façon dont les gens réagissent aux restrictions sur les voyages et l'effet de ces restrictions sur ​​la mobilité des ressources et le personnel de santé", ajoute Andy Tatem, chercheur à Flowminder.

Et d'expliquer : "Vu que les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile desservent des proportions importantes de la population à travers des pays entiers, les mouvements de millions de personnes à des échelles spatiales et temporelles fines peuvent être mesurés en temps quasi-réel".

Les données de Flowminder ont déjà été utilisées dans le cadre des opérations de riposte à d'autres épidémies. Ces données ont notamment été utilisées pour surveiller la propagation de l'épidémie de choléra, dans le sillage du tremblement de terre de 2010 en Haïti.

La fondation affirme que ses cartes de mobilité pour l'Afrique de l'Ouest, publiées cette année (20 août) sur son site internet, sont basées sur les CDR obtenus d'Orange Telecom en Côte d'Ivoire et au Sénégal, avant l'épidémie.

Ces données fournissent une base à partir de laquelle les estimations de mobilité pour la région infectée peuvent être créées. L'information est ensuite utilisée par les centres collaborateurs de l'OMS pour la modélisation de la maladie, y compris ceux basés à l'Université d'Oxford au Royaume-Uni et à l'Imperial College de Londres.

 Les chercheurs estiment que grâce à la collaboration avec les opérateurs et les organismes chargés de la riposte à l'épidémie d'Ebola dans le monde entier, y compris la GSMA (association des opérateurs de réseaux mobiles), ils seront en mesure de produire des cartes et des modèles qui reflètent avec une plus grande précision les habitudes de déplacement.
 
"Même si les données analysées sont totalement anonymes, elles proviennent de l'utilisation de téléphones de particuliers et doivent être traitées comme des données sensibles, d'un point de vue commercial et du point de vue du respect de la vie privée", explique Linus Bengtsson.

Ivan Gayton, conseiller de l'innovation technologique à Médecins Sans Frontières (MSF), affirme pour sa part que le respect de la vie privée est garanti, qualifiant ces modèles de données d'"armes à double tranchant".

"De toute évidence, plus nous en savons sur ce que les gens font dans les zones infectées et leurs mouvements, mieux nous les protègerons", explique Ivan Gayton, qui est impliqué dans des projets de MSF dans le secteur de la technologie mobile en Afrique de l'Ouest.

Cet article a été produit par le desk Afrique subsaharienne de SciDev.Net