13/03/19

Une application pour identifier les faux médicaments

A member of staff checks a malaria medication
Crédit image: Sven Torfinn/WHO/Panos

Lecture rapide

  • Selon l'OMS, un médicament sur dix est de qualité inférieure ou falsifié
  • Une application mobile développée au Kenya aide à lutter contre le problème
  • Mais un expert estime que son succès requiert le soutien des fabricants

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Une application de téléphonie mobile permettant d'identifier les pharmacies et les médicaments homologués aide les Kenyans à lutter contre les médicaments contrefaits et non conformes aux normes.
 
Selon l'OMS, un produit médical sur dix est de qualité inférieure ou falsifié et est probablement responsable de la mort de dizaines de milliers d'enfants chaque année, par suite de maladies telles que le paludisme et la pneumonie, une situation qui constitue une menace pour la réalisation des objectifs de développement durable.
 
« Notre application aide les consommateurs à éviter les médicaments contrefaits, en vérifiant les officines et les marques de médicaments individuels agréés par le gouvernement », a déclaré Levit Nudi, l'innovateur de l'application mobile Tambua, lors d'un entretien avec SciDev.Net, la semaine dernière (4 mars).
 
Tambua est un mot swahili signifiant "identifier."
 
Selon Levit Nudi, l'application utilise des technologies de géolocalisation et de codes-barres (représentation d'une donnée numérique ou alphanumérique sous forme d'un symbole constitué de barres et d'espaces dont l'épaisseur varie en fonction de la symbologie utilisée et des données ainsi codées) pour identifier les médicaments tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
 
L'inventeur ajoute qu'elle pourrait fonctionner avec un accès limité à Internet, ce qui la différencie des solutions similaires disponibles sur le marché.

“Notre application aide les consommateurs à éviter les médicaments contrefaits, en vérifiant les locaux pharmaceutiques et les marques de médicaments individuels agréés par le gouvernement.”

Levit Nudi 

« Entre février 2018 et septembre 2018, 5000 résultats de vérification concernaient des locaux approuvés par le gouvernement et certains des médicaments vérifiés », explique Levit Ndudi.
 
« Avec le nombre croissant de vérifications réussies sur notre plateforme, nous pensons que les consommateurs sont désormais en mesure de prendre des décisions plus éclairées sur quels médicaments acheter et où les acheter», poursuit-il.
 
Le mois dernier (15 février), Levit Nudi et quatre autres personnes ont reçu 5000 USD (près de 3 millions de Francs CFA) chacun, en tant que vainqueurs du concours Champions of Africa – Africa Storytelling Challenge, de la part de Johnson and Johnson, lors de la réunion annuelle de l'Association américaine pour l'avancement de la science, à Washington, DC, aux États-Unis.
 
L'innovation, dit-il, est mise en œuvre en partenariat avec le Pharmacy and Poisons Board [l'autorité de sûreté des médicaments] du Kenya et Cosmos Pharmaceutical Company, un fabricant de médicaments local au Kenya, avec une capacité de production de près de 7 millions de médicaments par an.
 
« Le prix Champions of Africa – Africa Storytelling Challenge a accru la visibilité de notre innovation, ce qui en fait un moment idéal pour étendre la portée de nos partenariats et notre présence sur tout le continent », a-t-il déclaré à SciDev.Net.
 
« Nous espérons résoudre le même problème pour le compte de Johnson & Johnson, qui donne la priorité à la qualité de tous ses produits.
 
« Cependant, Paul Mugambi, ingénieur en télécommunications chez Baobab Circle, une organisation de soutien basée au Kenya et aidant les personnes souffrant de diabète et d'hypertension artérielle, a déclaré que bien que l'innovation offre un bon moyen de lutter contre les faux médicaments, elle ne peut fonctionner que si les fabricants de médicaments l'adoptent.
 
 « Cela ne peut fonctionner que si les fabricants de médicaments acceptent de travailler avec le développeur, ce que beaucoup d’entre eux ne font pas pour le moment », a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Selon Paul Mugambi, pour que l'application atteigne son objectif, il faudrait modifier les systèmes des fabricants de médicaments et donner de manière sécurisée un code unique sur chaque médicament au développeur de l'application. « À cause de cela, le développement de cette technologie peut constituer un défi sérieux », ajoute-t-il.