03/01/13

Pour une technologie climatique adaptée aux conditions locales

Climate Change Agriculture
Crédit image: Flickr/CGIAR Climate

Lecture rapide

  • Les pays en développement doivent passer à l'utilisation de technologies propres pour relever le défi climatique
  • Des réseaux d'organisations se mettent en place pour aider à développer des technologies propres qui soient pertinentes au niveau local
  • Ces efforts ne porteront fruit que s'ils sont déployés de façon systématique, soutenus par un financement et des politiques appropriées

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Pour Ambuj Sagar, spécialiste en politiques publiques, si les Centres d'innovation climatique sont susceptibles de promouvoir des technologies propres, il faut les soutenir avec des efforts coordonnés.

Les technologies capables de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'aider les populations à s'adapter aux changements climatiques constitueront un élément clé du relèvement, par les pays en développement, du défi climatique.

Mais les capacités relativement limitées de ces pays signifient que l'utilisation de ces technologies reste un problème majeur.

Le CRTC vise à créer un réseau d'organisations destiné à fournir aux gouvernements et aux entreprises des pays en développement des conseils sur les technologies appropriées.La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) met actuellement en place un Centre et un Réseau des technologies climatiques (CRTC) en vue de soutenir les pays plus pauvres dans le développement et le déploiement de technologies respectueuses du climat.

Il s'agira notamment de conseils sur la façon de développer et de transférer (à partir du Nord vers le Sud ou du Sud vers le Sud) des technologies écologiquement saines, et sur la manière de renforcer la prise de décisions quant au choix et à l'utilisation de la technologie.

“Le renforcement des capacités locales est important.”

Ambuj Sagar

Ces diverses fonctions dans le mandat du CRTC seront sans aucun doute d'une grande aide pour les pays en développement.

Pourtant, vu le chemin à faire entre la situation actuelle et les mesures nécessaires pour que ces pays puissent faire la transition vers des technologies propres, il faudra adopter une variété d'approches et mettre en œuvre des activités qui se complètent mutuellement.

Une approche connexe, Centres pour l'innovation climatique (CIC), est explorée par InfoDev, un programme de la Banque Mondiale favorisant les technologies de l'information et la communication pour le développement.
 

Commencer à l'échelle locale


InfoDev, un programme de la Banque mondiale qui promeut les technologies de l'information et de la communication au service du développement, explore par exemple une approche similaire : celle des Centres pour l'innovation climatique (CIC).

Les CIC ont pour objectif de renforcer les capacités pour les technologies climatiques pertinentes au niveau local, en explorant les lacunes actuelles dans l'innovation de ces technologies, dans le contexte existant des ressources, des capacités et des institutions à l'échelle nationale. [1]

Les centres appuieront ensuite les activités cherchant à combler les lacunes entre la technologie et la façon dont elle sera utilisée, (que ces lacunes soient d'ordre technologique, financier, politique ou informationnel), d'une manière systématique et coordonnée, exerçant ainsi une influence sur une notion plus large de 'coopération en matière d'innovation' (anglais).

InfoDev a pour objectif de construire un réseau mondial de CIC, le premier ayant été lancé au Kenya en septembre dernier, doté d'un financement initial de US$15 millions sur cinq ans.

Le CIC au Kenya – mis en place en étroite collaboration avec plus de 100 acteurs privés, gouvernementaux, universitaires et non gouvernementaux — est soutenu par le gouvernement danois et le Département britannique pour le développement international [2].

Son objectif est de fournir une gamme de services en vue de soutenir les entreprises technologiques propres, dont des services consultatifs et une assistance pour le développement et la commercialisation de produits ; fournir des informations sur les progrès technologiques et les marchés ; et faciliter des changements appropriés dans les politiques publiques et les cadres réglementaires.

Les activités des CIC doivent s'inscrire dans les perspectives nationales concernant les mesures climatiques, et dans les besoins de développement du pays.

Les trois premières cibles du CIC Kenyan, ainsi, sont l'agro-industrie, les énergies renouvelables et la gestion de l'eau.

Le renforcement des capacités locales est important.

Il contribue, en effet, à améliorer l'efficacité des efforts faits pour déployer la technologie (en raison d'une compréhension plus nuancée des conditions sociales, économiques, commerciales et politiques locales) et à les rendre viables à long terme.

Au fur et à mesure que d'autres CIC seront mis sur pied, ils devraient être en mesure de promouvoir la coopération internationale dans le monde en développement par le partage de connaissances, de meilleures pratiques et même de technologies.

Le réseau des CIC complétera ainsi le réseau technologique global de la CCNUCC ; il est donc impératif que ces deux efforts soient coordonnés.

Pourtant, alors même que nous avançons dans le cadre de ces initiatives, des considérations plus larges de la transition vers des technologies climatiques dans le monde en développement suscitent certaines inquiétudes.
 

Les moyens financiers


Les initiatives mentionnées ci-dessus ne connaîtront du succès qu'à condition d'être correctement financées et soutenues par des politiques nationales en place qui favorisent la prise de décisions appropriées sur les investissements technologiques.

Dans ce domaine, le bilan est mitigé, au mieux.

Les contributions financières réelles des pays industrialisés sont en deçà des promesses [3], elles-mêmes critiquées comme insuffisantes pour répondre à l'urgence de la situation et inverser les tendances des émissions.

Hélàs, la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Doha (COP 18) a également déçu sur ce plan (anglais).

Même à l'échelle nationale, le niveau des investissements pourrait bien s'avérer insuffisant pour développer le réseau de technologies nécessaires pour permettre la transition technologique, selon certains analystes. [4]

Récemment, une importante étude a par ailleurs souligné, en dépit d'une augmentation remarquable dans le niveau international des nouveaux investissements dans les énergies renouvelables, que le soutien accordé aux politiques publiques sur les énergies renouvelables s'effrite dans de nombreux pays développés, "mettant en péril les espoirs que les investissements dans les énergies propres atteindront des niveaux suffisants pour commencer à réduire les émissions mondiales de carbone d'ici 2020". [5]

En vérité, comme le souligne le rapport sur les Perspectives énergétiques mondiales 2012 de l'Agence internationale de l'énergie, le système énergétique mondial n'est toujours pas lancé sur une voie durable.

C'est-là une situation fort préoccupante. Selon l'une des projections énergétiques de l'AIE appelé 'scénario des nouvelles politiques publiques', le système d'approvisionnement énergétique mondial nécessite des investissements de plus de US$37 milliards entre 2012 et 2035, dont environ 60 pour cent dans des pays non membres de l'OCDE.

A mesure que ces investissements sont réalisés, il est essentiel de veiller à ce qu'ils soient conformes aux objectifs climatiques et de développement.

Cela ne pourra se faire que si le bon développement technologique et les bonnes politiques de déploiement sont en place ; des institutions comme les CIC auront un rôle clé à jouer dans ce domaine, en fournissant le soutien dont le monde en développement a besoin pour une transition vers des technologies propres.

Ambuj Sagar est titulaire de la chaire Vipula et Mahesh Chaturvedi, professeur d'études des politiques publiques auprès de l'Institut indien des technologies.