13/04/18

Les TIC, une piste pour l’éducation des réfugiés

Education des réfugiés 2
Crédit image: Flickr/Hdptcar

Lecture rapide

  • Un rapport de l’Unesco met en évidence l’intérêt des TIC dans l’éducation des réfugiés
  • Une gamme d’applications faciles d’accès et d’utilisation sont disponibles à cet effet
  • Si 39 % des réfugiés ont un smartphone, 93% sont dans des zones où il y a le réseau 2 ou 3G ; d’où l’espoir.

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"Les médias sociaux mobiles peuvent aider à promouvoir la participation des réfugiés dans les cours d'éducation numérique en atteignant des apprenants qui ont été précédemment exclus de telles opportunités".
 
Telle est l’une des leçons principales du rapport que l’Unesco (Organisations des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) vient de produire sur le rôle des technologies mobiles dans l’éducation des réfugiés.
 
A en croire Fengchun Miao, chef de l’équipe TIC dans le secteur de l'éducation à l'Unesco, "le rapport analyse 53 projets et initiatives différents, ainsi que 35 applications et plateformes, qui jouent un rôle dans le soutien à l'éducation pour les réfugiés et les populations déplacées. La majorité de ces initiatives ciblent les réfugiés vivant en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique".  

“Ce n’est pas la technologie en elle-même qui est la solution, c’est surtout le fait d’être connecté et d’avoir accès aux contenus. Nous croyons que la meilleure approche reste une association entre une éducation online et une éducation on site

Maren Kroeger, responsable de l’éducation tertiaire au HCR

Traitant de la barrière linguistique que rencontre le réfugié dans son pays d’accueil, le rapport indique que les services automatisés de traduction mobile sont disponibles "et peuvent être efficaces en tant que mécanisme initial de soutien linguistique".
 
En outre, les réfugiés peuvent recourir à des applications d’apprentissage linguistique, comme Doulingo qui permet d’apprendre gratuitement 27 langues.
 
Par ailleurs, grâce au projet Borderless Higher Education for Refugees (BHER) implémenté dans les camps de réfugiés de Dadaab au Kenya, les élèves peuvent utiliser des tablettes pour accéder à un système de gestion de l'apprentissage qui comprend des manuels, des vidéos et des articles.
 
En Tanzanie, le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l’ONG Worldreader ont livré 30 000 livres par le biais d’appareils de lecture électronique à 2300 élèves dans des camps de réfugiés.
 
"Au cours de ce projet pilote, les enseignants sont formés pour intégrer l'utilisation du lecteur électronique dans leurs cours, et la communauté des réfugiés apprend à accéder à la bibliothèque Worldreader en utilisant les téléphones portables déjà en leur possession", ajoute l’étude.
 
Seulement, ces applications et plateformes sont tributaires d'une bonne connexion Internet; ce qui exclut automatiquement un nombre important de réfugiés. 

Accès internet

En effet, le rapport constate que seulement 39% des réfugiés possèdent un téléphone pouvant permettre un accès à internet.
 
Mais, Fengchun Miao relativise en affirmant que "93% des réfugiés vivent dans des zones au moins couvertes par des réseaux mobiles 2G. Cela montre qu'il existe un potentiel d'utilisation de solutions mobiles pour atteindre un grand nombre de personnes".
 
D’autant plus que, ajoute-t-il, "plusieurs des initiatives analysées dans ce rapport utilisent une technologie très simple qui est déjà largement disponible pour les réfugiés. C’est le cas de l'utilisation de la technologie SMS dans les programmes EduTrac en Ouganda et Shupavu291 au Kenya".
 
Pour Maren Kroeger, responsable de l’éducation tertiaire à la Division de la résilience et des solutions au HCR, les problèmes majeurs relatifs à l’éducation des réfugiés sont l’accès, la qualité et les aptitudes des enseignants.
 
"Concernant l’accès à l’éducation, seulement 23 % des réfugiés finissent le cycle secondaire ; et la situation est plus grave chez les filles. Quant à la qualité, elle reflète souvent la réalité au niveau national ou de la zone dans certains pays d'Afrique", précise-t-elle.
 
"Au HCR, nous voudrions que les réfugiés aient accès aux écoles des systèmes nationaux et non à des programmes spécifiques. Mais, quelquefois, l’infrastructure n’est pas disponible et il n’y a pas assez de professeurs. Et ceux qui sont disponibles n’ont pas reçu de formation sur la manière d’intégrer les réfugiés dans leurs classes, ni sur la manière de gérer une classe où les élèves ont des niveaux différents", ajoute Maren Kroeger.
 

Reconnaissance des diplômes

D’où l’autre problème que soulève Giulia Balestra, Chef de projet communication et partenariats chez Refunite, une organisation qui exploite une application qui facilite les retrouvailles entre des réfugiés qui se sont perdus de vue lors de leurs déplacements.
 
"La reconnaissance des diplômes et des qualifications est également problématique et parfois les réfugiés ont du mal à accéder à l'éducation universitaire en particulier ou à l'emploi à cause de cela", souligne cette dernière.
 
Giulia Balestra pense néanmoins que la technologie peut être extrêmement efficace pour faire face à ces problèmes : "la technologie peut améliorer l'accès et rendre l'éducation possible avant et après le déplacement, assurant ainsi une certaine continuité. Je pense à des initiatives telles que Skype in the classroom et Teachers for Teachers".
 
Mais, Maren Kroeger nuance un tout petit peu : "Nous préférons l’expression connected education, parce que pour nous, ce n’est pas la technologie en elle-même qui est la solution, c’est surtout le fait d’être connecté et d’avoir accès aux contenus. Nous croyons que la meilleure approche reste une association entre une éducation online et une éducation on site".
 
L’éducation on site renvoyant à l’éducation classique où l’apprenant rencontre physiquement des enseignants et d’autres apprenants.
 
Quoi qu’il en soit "la valeur de l'apprentissage mobile pour améliorer les opportunités offertes aux enfants réfugiés dans l'enseignement primaire et secondaire reste sous-explorée", écrit le rapport de l’Unesco.