30/01/13

Des vertus de l’urine du chameau pour le traitement du cancer

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Crédit image: Houston Museum of Natural Science

Lecture rapide

  • Des chercheurs d’Arabie saoudite affirment qu’une substance contenue dans l’urine du chameau pourrait guérir le cancer
  • Les chercheurs attendent le feu vert des organes saoudiens de régulation pour procéder à des essais approfondis
  • D’autres chercheurs contestent ces allégations et exigent plus de preuves sur la fiabilité et l’efficacité de la substance

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[LE CAIRE] Des scientifiques d’Arabie saoudite affirment avoir identifié dans l’urine du chameau une substance ayant des propriétés curatives pour le cancer, mais cette étude, qui est dans sa phase initiale, doit être approuvée par la Saudi Food and Drug Authority [Autorité saoudienne de contrôle des aliments et des médicaments] avant que ne démarrent des études plus poussées.

L’équipe de chercheurs, tous basés au King Abdulaziz University (KAU) [Université du Roi Abdulaziz], à Jeddah, présentera les résultats de ses travaux lors du deuxième Congrès international sur les biotechnologies, qui se tiendra le mois prochain (du 18 au 21 février) à Dubaï, même si depuis 2009, les médias du Moyen-Orient relayent les informations sur les supposées propriétés curatives de cette substance pour le cancer.

L’équipe de chercheurs affirme que la substance qu’ils ont extraite contient des macro et des nanoparticules ainsi que différents types de métaux. Toujours selon eux, certains de ces métaux permettraient à la substance de cibler les cellules cancéreuses, même si des recherches sont en cours pour déterminer leur nature exacte.

« Ce nouveau médicament intelligent est basé sur les progrès les plus récents dans le domaine des nanotechnologies, notamment la découverte des nanocoquilles (un type de nanoparticules sphériques) qui transportent le médicament», affirme Gehan Ahmed, responsable du projet de recherche sur la biophysique médicale au KAU.

« Nous avons fabriqué un médicament à base d’un produit naturel, nous en avons démontré la fiabilité et l’efficacité in vitro [dans des éprouvettes] et in vivo sur des animaux, terminé les essais cliniques de phase I sur des volontaires sains sans relever d’effets secondaires, déclare Faten Abdel-Rahman Khorshid, responsable de l’unité de culture des tissus du KAU et chercheuse principale sur le projet.

Les chercheurs affirment également avoir réalisé un essai clinique de phase I sur des personnes porteuses de tumeurs, avec des résultats encourageants mais qui n’ont pas encore été publiés.

« Une partie de nos résultats a été publiée et nous comptons publier [le reste] dans un  article à paraître dans une revue internationale », affirme Khorshid.

Elle ajoute qu’ils n’ont pas encore obtenu le feu vert de l’Autorité saoudienne de contrôle des aliments et des médicaments pour passer aux essais plus poussés.

L’Autorité saoudienne de contrôle des aliments et des médicaments s’est refusée à tout commentaire sur cet article.

Michael Jewett, professeur d’urologie et spécialiste du cancer de la vessie à l’Université de Toronto, au Canada, s’est dit « impressionné » par cette étude, mais prévient qu’il faudra des éléments supplémentaires pour démontrer la capacité de cette substance à guérir un cancer.

« Je suis ravi de savoir que des travaux sont en cours pour la validation scientifique de cette expérience », affirme-t-il dans un entretien accordé à SciDev.Net. « C’est un problème difficile à résoudre et il faudra des évaluations des preuves de haut niveau par nos pairs […] pour faire avancer cette étude ».

Toutefois, Edzard Ernst, professeur émérite en médecine complémentaire à l’Université d’Exeter, au Royaume-Uni, se montre beaucoup plus sceptique sur le sujet.

«  Rien ne prouve pour l’instant que ce nouveau traitement puisse avoir un quelconque impact sur l’histoire naturelle des cancers humains », déclare-t-il à SciDev.Net. « Même s’il y avait des résultats positifs, il serait prudent d’attendre des tests indépendants sur les résultats de l’étude ».