22/07/11

La ‘technique aérosol ‘pourrait révolutionner la vaccination contre la rougeole

Le dispositif d'administration du vaccin en aérosol pourrait permettre d'atteindre plus d'enfants Crédit image: Flickr/DFID

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[LONDRES] Des enfants en Inde ont été vaccinés contre la rougeole par inhalation à travers un masque, dans le cadre d’un essai d’une technique qui pourrait transformer l’administration des vaccins dans les régions reculées.

Des chercheurs du Projet de médicament en aérosol contre la rougeole de l’OMS, analysent actuellement les données issues de la phase III, dernière étape des essais cliniques. Si l’efficacité est aussi grande que dans les essais précédents, où la technique s’est révélée aussi efficace que la vaccination par injection, la méthode aérosol pourrait bientôt être mise en œuvre.

"Nous avons terminé un essai clinique avec plus de 2 000 enfants en Inde", a déclaré Marie-Paule Kieny, Directrice générale adjointe de l’OMS pour l’innovation, l’information, les preuves et la recherche. "C’est là un essai capital pour l’autorisation d’exercer".

Lors d’un séminaire à la London School of Hygiene and Tropical Medicine du Royaume-Uni cette semaine (le 18 juillet dernier), Kieny a déclaré: "La rougeole demeure un gros problème en termes de décès d’enfants … en particulier dans les pays en développement. Disposer d’un vaccin pouvant être administré par les voies respiratoires au lieu d’être injecté constituerait certainement un plus dans certains pays, comme l’Inde".

L’aérosol porte le même vaccin dans le même délai et à un coût similaire par dose – soit environ 35 cents américains, un coût comprenant le dispositif, explique Kieny.

Contrairement aux injections, les médicaments en aérosols peuvent être administrés par des agents de santé non formés. Bien qu’il faille toujours les stocker à froid, ce qui constitue un grand défi dans les pays en développement, Kieny affirme que les vaccins contre la rougeole sont "assez thermostables" avant reconstitution.

Il existe déjà des vaccins sans aiguille pour d’autres maladies, telles que les vaccins oraux contre la polio ou le choléra et un pulvérisateur nasal contre la grippe. Des millions d’enfants mexicains ont reçu un vaccin en aérosol contre la rougeole il y a quelques années, mais le dispositif d’administration n’était pas convenable pour une utilisation sur le terrain, a ajouté Kieny.

Le nouveau dispositif comprend un masque jetable relié à un nébuliseur qui transforme le vaccin en aérosol. Une batterie rechargeable peut fournir de l’électricité pour le nébuliseur. Un travailleur de la santé enfile le masque à un enfant, active le nébuliseur et la vaccination dure 30 secondes.

"Cela ne prend pas beaucoup plus de temps que de changer la seringue et l’aiguille pour chaque enfant. Le dispositif fonctionne avec des flacons à doses multiples, et seul le masque jetable doit être changé", a poursuivi Kieny.

Daniel Berman, directeur adjoint de la Campagne pour l’accès aux médicaments essentiels chez Médecins Sans Frontières, a favorablement accueilli la recherche sur les autres mécanismes d’administration des vaccins, y voyant un moyen d’accroître la couverture.

"Nous avons tendance à vacciner les mêmes enfants à plusieurs reprises, et nous avons tendance à passer à côté des mêmes enfants –  cela est fonction de leur accès aux structures de santé", explique-t-il dit. "Il est extrêmement important de simplifier et d’adapter les produits".

Pour Naveen Thacker, un pédiatre en service au Deep Children Hospital, à Gujarat, en Inde, et ancien président de l’Académie indienne de pédiatrie, "c’est un grand projet qui va certainement être utile en Inde et dans d’autres pays pour les campagnes de masse. La rougeole est la prochaine cible après la polio en Inde".

Ce dispositif sera également plus acceptable pour les parents, étant donné que les piqûres sont souvent associées à des effets secondaires et à la peur, a-t-il dit.

Ce projet est une collaboration entre l’OMS, la Croix-Rouge américaine, les Centers for Disease Prevention and Control des Etats-Unis, et les sociétés privées Serum Institute d’Inde et Aerogen d’Irlande, avec un financement de la Fondation Bill et Melinda Gates.