05/09/11

Un modèle révèle des menaces cachées contre le manioc

Le manioc est la troisième culture des tropiques, derrière le riz et le maïs. Crédit image: Flickr/IITA Image Library

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[CALI, COLOMBIE] Une étude par modélisation conclut que les principales zones de production du manioc que l’on croyait sûres seraient en réalité des foyers en devenir pour des maladies et des parasites qui pourraient bientôt frapper.

Des chercheurs du Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) en Colombie ont intégré la répartition géographique actuelle de quatre menaces pesant sur la production de manioc, à savoir la striure brune, la maladie de la mosaïque, l’acarien vert et la mouche blanche, dans des modèles de niche écologique afin de prévoir leur potentielle évolution géographique.

Ils ont constaté que certaines des principales zones de production du manioc dans le monde sont menacées, dont la Vallée du Rift en Afrique, l’Etat brésilien du Mato Grosso, le Sud de l’Inde, le Nord du continent sud américain et une bonne partie de l’Asie du Sud-est.

L’étude a été publiée le mois dernier (9 août) dans la revue Food Security.

Le manioc est la troisième culture vivrière des tropiques, derrière le riz et le maïs. Il est consommé par un milliard de personnes et représente une importante source de revenus pour les petits agriculteurs.

‘D’un point de vue historique, les maladies et les parasites du manioc ont fait preuve d’une grande capacité à coloniser de nouvelles régions dans de nouveaux pays, quand les conditions s’y prêtent’, explique Tony Belloti, chercheur au CIAT et l’un des auteurs de l’étude. ‘Par ces temps de voyages à travers le monde…il suffit d’une bouture contaminée pour qu’un parasite ou une maladie envahisse tout un continent et s’installe très rapidement’.

Pour Beatriz Vanessa Herrera Campo, co-auteure de l’étude, ‘[l]’accent mis sur la recherche visait à identifier les zones où ces menaces pourraient trouver des conditions environnementales favorables pour se multiplier. Ces informations constituent la première étape de lutte contre cette menace’.

Campo ajoute que les communautés qui cultivent le manioc devraient introduire des systèmes d’alerte précoce pour les aider à rapidement faire face aux épidémies.

Camilo López, un chercheur qui étudie les gènes qui sous-tendent l’immunité contre les maladies à l’Université de Colombie, estime que ‘[l]’importance de ce travail tient au fait qu’il détermine, sur la base de données réelles et de la modélisation, des types de maladies et des parasites susceptibles d’affecter les cultures de manioc et les régions concernées’. Cette étude envoie ainsi un ‘signal d’alerte’ aux institutions sur la nécessité de surveiller les parasites et des maladies et de proposer des stratégies de prévention.

Steve Yaninek, chef du département d’entomologie à l’Université Purdue aux Etats-Unis, indique quelles sont les mesures nécessaires pour protéger le manioc contre ces maladies ou les invasions de parasites.

‘Les prévisions du modèle doivent être vérifiées sur le terrain afin d’identifier les régions où les vrais problèmes se posent. Les experts des programmes nationaux doivent être formés pour rester vigilants dans les zones de grande production du manioc. Et enfin, des ressources doivent être dégagées pour l’élaboration de nouvelles méthodologies de contrôle adaptées au caractère évolutif de ces parasites et aux systèmes de production très variés que l’on retrouve à travers le monde’, a-t-il précisé.

Lien vers le résumé de l’étude dans Food Security

Références

Food Security doi: 10.1007/s12571-011-0141-4 (2011)