09/05/12

Il faut des données plus détaillées ‘pour lutter contre la faim au Mali’

Mesurer la faim au Mali se révèle plus complexe qu'une simple étude des niveaux de pauvreté Crédit image: Flickr/USDAgov

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L’utilisation des données issues des enquêtes nationales auprès des ménages pourrait conduire à une identification plus précise des personnes malnutries et à des mesures plus efficaces pour atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement sur la lutte contre la faim, selon un chercheur malien.

Un niveau de revenus faible est une cause majeure de la sous-alimentation, mais il ne donne pas à lui seul une image précise du phénomène, souligne Ibrahima Bocoum, professeur d’économie à l’Université de Montpellier, en France.

Les études de Bocoum au Mali, publiées par le Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) en mars dernier, ont permis de constater que de nombreux ménages parmi les plus pauvres pouvaient disposer d’assez de nourriture, alors même que certains situés au-dessus du seuil de pauvreté en manquent.

Il a ainsi identifié que 14 et 25 pour cent des ménages des ruraux et urbains respectivement se situaient en dessous du seuil de pauvreté, mais consommaient suffisamment de calories ; dans le même temps, 18 et 15 pour cent des ménages ruraux et urbains respectivement vivaient au-dessus du seuil, mais déficients en calories.

Bocoum expliqueque ce paradoxe est dû à des facteurs comme la taille de la famille, le rang social, et la diversité des aliments consommés.

Ainsi, "les 20 pour cent les plus riches des ménages urbains achètent moins de céréales et plus de viande que les 20 pour cent les plus pauvres," note-t-il. Les céréales contenant plus de calories que la viande, les familles urbaines plus aisées peuvent consommer moins de calories que les familles les plus pauvres.

Même les familles vivant au-dessus du seuil de pauvreté sont susceptibles de connaître un déficit calorique en cas d’augmentation de leurs dépenses de santé et de transport.

De telles informations détaillées tirées des enquêtes auprès des ménages pourrait faciliter l’identification plus précise des populations sous-alimentées et vulnérables, et ainsi mieux cibler les interventions, affirme Bocoum.

Mary Diallo, la coordinatrice du système d’alerte précoce géré par la commission malienne de l’alimentation, s’est félicitée de l’étude.

Selon elle, suite à des pluies insuffisantes, les rendements des cultures au Mali cette année sont mauvais.

"Les prix du sorgho et du mil sont très élevés. En conséquence 1,7 million de personnes pourraient souffrir de faim cette année".

Cette situation est aggravée par les troubles politiques et militaires dans le nord du pays, occupé par les rebelles séparatistes touaregs, qui ont provoqué le déplacement d’environ 200 000 personnes, précise-t-elle.

Alice Martin Dahirou, représentante du Programme alimentaire mondial au Mali, affirme que  envisager de mettre en place une opération d’urgence cette année dans le but de venir en aide aux personnes les plus vulnérables.

Mais le pire pourrait être encore à venir dans la région du Sahel, selon le plus récent bulletin du Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET) pour la région (daté du 27 mars).

Le bulletin soutient que la crise de la sécurité alimentaire culminerait entre les mois de  juillet et de septembre. Dans le nord du Mali, le conflit et l’absence d’aide humanitaire signifieront que les problèmes d’insécurité alimentaire seront "beaucoup plus graves et plus étendus que ce qui a été prévu en février/mars de cette année", a affirmé le bulletin.

Lien vers l’article complet [621kB]

Lien vers le bulletin de FEWS NET pour l’Afrique de l’Ouest [195kB]

Lien vers FEWS NET Mali Perspectives sur la sécurité alimentaire [476kB]