03/09/15

Les défauts des partenariats de recherche Afrique – UE

Sorghum crops
Crédit image: Sven Torfinn/Panos

Lecture rapide

  • Entre 2010 et 2012, le nombre de personnes souffrant de la faim en Afrique a augmenté, atteignant 239 millions
  • Les partenariats de recherche Afrique-UE contre la faim présentent des lacunes
  • Un expert recommande à l’Afrique d’assumer l’entière responsabilité de son programme de recherche

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Un rapport a mis en évidence certaines lacunes dans les capacités et le financement des partenariats de recherche Afrique-Union européenne (UE) dans le domaine de la sécurité alimentaire, insistant sur la nécessité de renforcer ces réseaux et l’application effective des résultats de la recherche.
 
Selon le rapport, le nombre de personnes souffrant de la faim sur le continent africain est passé de 175 à 239 millions entre 2010 et 2012, soulevant la nécessité d’une coopération internationale efficace dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation.

Dans cette étude, réalisée par CAAST-Net Plus, un consortium financé par l’UE qui soutient la collaboration entre l’Afrique subsaharienne et l’UE dans les domaines de la recherche et de l’innovation pour relever les défis mondiaux, les auteurs ont examiné 74 projets de recherche Afrique –UE sur la sécurité alimentaire, mis en œuvre entre 1998 et 2014.

“En tant qu'Africains, nous nous devons d'assumer l'entière responsabilité pour notre programme de recherche, ainsi que pour l'atteinte et l'application des résultats.”

Johann Jerling, Université du Nord-Ouest, Afrique du Sud

Lancé lors d’une réunion de décideurs politiques scientifiques les 7 et 8 juillet derniers à Accra, au Ghana, le rapport compare les objectifs de CAAST-Net Plus aux résultats des politiques africaines dans les domaines de la sécurité alimentaire et de l’agriculture, à l’instar du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et leurs liens avec l’UE.
 
Le rapport déplore la faible implication des grandes entreprises et des petits exploitants agricoles dans la recherche, ce qui freine l’adaptation de la recherche.
 
Les auteurs soulignent que les compétences développées ne sont pas utilisées pour guider la prise de décisions en matière d’amélioration des systèmes alimentaires et pour soutenir l’innovation.

L’auteur principal de l’étude, Judith Ann Francis, par ailleurs coordonnatrice principale du programme des politiques scientifiques et technologiques auprès du Centre technique pour la coopération agricole et rurale (CTA) basé aux Pays-Bas, ne doute pas que les décideurs africains et européens soient attachés aux objectifs de la PDDAA.
 
Notamment la promotion d’un développement reposant sur l’agriculture par l’augmentation de l’offre de produits alimentaires, la dynamisation de la recherche agricole et la vulgarisation des technologies agricoles.
 
“L’inadéquation réside dans le domaine des compétences et des ressources financières entre les deux régions et entre les priorités et les intérêts des gouvernements et ceux de la communauté scientifique”, a regretté Judith Ann Francis, dans un entretien accordé à SciDev.Net.
 
Le rapport propose la mise sur pied d’un groupe de réflexion Afrique-UE de haut niveau, qui aurait pour tâche de définir les priorités de la recherche, et d’assurer le suivi et l’évaluation pour une meilleure application des résultats de la recherche.
 
Pour Willem de Clercq, chercheur principal à l’Institut des sciences du sol et de l’eau de l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud, la mise en application effective des résultats de projets de recherche Afrique-UE paraît irréaliste, si la participation des populations locales n’est pas assurée.
 
Si ce dernier n’a pas participé à l’étude, il a collaboré comme chercheur dans un partenariat de recherche Union africaine –UE lancé en 2011 pour stimuler la production alimentaire.
 
Il juge le fait de gagner la confiance de la population locale nécessaire pour stimuler des partenariats public-privé (PPP).
 
“Parmi la population locale, et notamment au sein des petites communautés d’agriculteurs, on note une volonté générale de participer à de tels programmes”, relève-t-il.
 

Johann Jerling, directeur du Centre d’excellence pour la nutrition de l’Université du Nord-Ouest, en Afrique du Sud, souligne pourtant qu’il est plus aisé de parler des PPP que de les mettre en œuvre avec succès.
 
Pour lui, formuler les questions les plus pertinentes sur les PPP et y apporter des réponses fait partie intégrante des programmes multilatéraux de financement.
 
“En tant qu’Africains, nous nous devons d’assumer l’entière responsabilité pour notre programme de recherche, ainsi que pour l’atteinte et l’application des résultats, plaide-t-il. Trop souvent, nous nous contentons de laisser l’initiative à nos partenaires.”
 
Cet article est une production de la rédaction anglophone d'Afrique subsaharienne de SciDev.Net.

Références

Judith Ann Francis and Atenchong Talleh Nkobou Africa-EU research collaboration on food security: a critical analysis of the scope, coordination and uptake of findings (CAAST-Net Plus consortium, 2015)

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