05/05/10

La recherche sur la mousson africaine va changer d’orientation

La mousson s'étend le long du golfe de Guinée vers les forêts équatoriales Crédit image: NASA

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Un projet international d’études sur la mousson africaine entend, selon un nouveau projet qui reste à adopter, réorienter ses activités afin d’accorder la priorité aux changements climatiques et répondre aux besoins des populations locales.

La mousson d’Afrique de l’Ouest a un impact direct sur la vie de millions des personnes en Afrique sub-saharienne, le long du Golfe de Guinée et dans les forêts équatoriales. Pourtant, avant le début des Analyses multidisciplinaires de la Mousson africaine (AMMA) en 2002 (voir West African monsoon under scrutiny and A step up for climate monitoring in the Sahel), les scientifiques ne connaissaient que peu de choses à son sujet.

Plus de 400 scientifiques issus de 140 institutions répartis dans 30 pays collaborent à l’AMMA. L’an dernier, l’AMMA a publié ses résultats, le fruit de plusieurs années de surveillance par avion, bateau, radars et ballons-sondes (voir L’exploration de la mousson africaine prolongée).

La semaine dernière (26 avril) les principaux scientifiques de l’AMMA ont publié une proposition de ‘plan scientifique international 2010-2020’.

Ce plan prône l’abandon de la recherche fondamentale non-orientée sur les mécanismes de la mousson, au profit d’une future réorientation des efforts, pour focaliser sur les potentiels effets des changements climatiques sur la mousson. Davantage de ressources seraient également consacrées à la vulgarisation et la dissémination des conclusions des travaux.

Pour Jean-Luc Redelsperger, président du comité directeur scientifique d’AMMA, "c’est une preuve que l’héritage humain de l’AMMA sera tout aussi solide que ses résultats scientifiques".

"Suite aux échanges avec les scientifiques africains et les bénéficiaires finaux, il est devenu de plus en clair que l’AMMA doit travailler davantage pour rendre la recherche pertinente pour les impacts sociétaux", relève le document. Selon ce texte, L’AMMA a su réaliser ses objectifs initiaux, comme la mise en place d’un système d’observation et la création d’une communauté de chercheurs sur la mousson.

"Le défi à relever au cours de cette seconde phase consiste à exploiter ces connaissances accrues pour perfectionner les prévisions météorologiques et climatiques ainsi que renforcer la confiance que nous pouvons accorder aux différents scénarios des changements climatiques".

Dans ce plan, les scientifiques ont énoncé huit thèmes, dont les ressources en eau et la santé, où l’AMMA pourrait mieux contribuer à établir des liens entre les résultats de la recherche et la compréhension des effets des changements climatiques en Afrique.

"Nous poursuivons également nos activités de renforcement des capacités dans la région",  explique Redelsperger. Environ 160 doctorants, dont la moitié vient d’Afrique sub-saharienne, participent à l’AMMA, et le groupe veut améliorer ses relations avec les institutions africaines et, à terme, leur confier l’exécution des programmes.

Pour Farid Waliyar, directeur de l’Institut international de Recherche sur les Cultures des Zones tropicales semi-arides (ICRISAT) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de Niamey au Niger, ce changement d’orientation est une bonne nouvelle.

"Ces travaux de recherche seront extrêmement utiles pour les habitants de cette région. Si les gens savent que la pluviométrie sera faible, ils peuvent s’y préparer".

"Partout, l’imprévisibilité du climat sème la confusion chez les agriculteurs qui dépendent des pluies en semant traditionnellement avec l’arrivée de la mousson. Or la pluie arrive parfois aujourd’hui avec un mois de retard, suivie de longues périodes de sécheresse. Les agriculteurs ne savent plus quand planter, ni quoi."

La version finale du plan scientifique devrait être validée par le conseil d’administration international de l’AMMA au mois de juin prochain.