31/10/17

La science dans les PVD a-t-elle des dessous colonialistes ?

Decolonising Science
Crédit image: Luisa Massarani

Lecture rapide

  • La science ne peut pas être simplement traduite de l'anglais
  • La colonisation concerne la politique scientifique plutôt que la science elle-même
  • La science est souvent dictée du point de vue des pays du Nord

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[SAN FRANCISCO] Lorsque je choisis les sessions auxquelles je souhaite assister lors d'une conférence, j'ai tendance à privilégier celles qui offrent un point de vue nouveau sur un sujet et apportent des perspectives de différentes régions du monde.
 
"La décolonisation des sciences", une session de la 10e Conférence mondiale des journalistes scientifiques qui s'est tenue ce mois-ci (26-30 octobre) à San Francisco, aux États-Unis, a ressemblé à ce genre de session – et j'avais raison.
 
Mandi Smallhorne, présidente de la Fédération Africaine des Journalistes Scientifiques et de l'Association des Journalistes Scientifiques d'Afrique du Sud, m'a confié qu'en proposant cette session, elle partait du principe que les journalistes ne sont pas vraiment conscients du fait que la couverture de l'actualité scientifique est souvent assurée suivant les perspectives des pays du Nord.
 
"Je voulais susciter des questions sur la façon dont nous voyons la science et comment la science interagit avec les gens pour qui la science est faite et avec les gens qui font l'objet de la science", a-t-elle dit.
 
À titre d'exemple, elle se réfère aux nombreux essais cliniques qui ont lieu dans les pays du Sud sur des personnes qui ne comprennent pas nécessairement à quoi ils servent.
 
"Nous devons poser des questions sur l'impact de la science dans la société à travers le monde", a ajouté Mandi Smallhorne.
 
Le journaliste scientifique sud-africain Sibusiso Biyela, communicateur scientifique à ScienceLink et bénévole de SciBraai, a partagé une expérience qu'il a connue en écrivant des articles scientifiques en zoulou.
 
Selon lui, un article de science ne peut pas être simplement traduit de l'anglais vers le zoulou – il doit être entièrement adapté.
 
Il a donné l'exemple de l'astronomie, où il n'y a pas assez de noms spécifiques pour les corps célestes tels que les planètes.
 
TV Padma, une journaliste scientifique indépendante de l'Inde, a souligné, dans le cadre du débat, la nécessité pour un journaliste scientifique dans le monde en développement de ne pas se concentrer uniquement sur les articles de revues à comité de lecture.
 
Elle a donné l'exemple d'innovations locales qui n'ont pas été soumises à des revues académiques, mais qui sont également importantes.
 
Javier Cruz, un journaliste scientifique de l'Université nationale autonome de Mexico, a demandé au panel si le sujet portait "vraiment sur la science colonisée".
 
Ce n'est pas la science qui est colonisée, a déclaré Javier Cruz, mais les politiques de nombreux pays en développement.
 
"Ce sont nos gouvernements qui définissent les domaines scientifiques prioritaires à soutenir, dans de nombreux cas en excluant certains domaines qui pourraient être plus pertinents localement", a-t-il expliqué, ajoutant que les décisions sont souvent prises sans suffisamment de preuves scientifiques pour les étayer.
 
Je suis heureuse que le but de la session n'ait pas été de parvenir à un consensus – cela n'aurait pas été possible. Mais l'objectif principal de poser des questions provocatrices a sans doute été atteint.