06/05/21

Des mesures pour la résilience de la filière café face à la COVID-19

Coffee harvest
La récolte du café. Crédit image: Coffee Management (CC BY 2.0)

Lecture rapide

  • Du fait de la COVID-19, les exportations des membres de l’ACRAM ont chuté de 63,5% entre 2019 et 2020
  • Pour limiter les dégâts, l’Agence préconise une transformation locale du café destiné au marché régional
  • La mise sur pied d’une académie de café fait également partie des projets retenus

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[LOME] La filière café n’a pas échappé aux conséquences de la pandémie de la COVID-19. C’est ce que j’ai appris en écoutant les représentants de sept pays d’Afrique, membres et partenaires de l’Agence des cafés robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM).

Ceux-ci ont participé à une rencontre régionale consacrée au café robusta d’Afrique, couplée à la 9e assemblée générale de l’ACRAM organisée du 26 au 30 avril 2021 à Lomé au Togo.

Au cours de cette rencontre, le président de l’ACRAM, Anselme Gouthon, a dressé un tableau des impacts de la crise sanitaire sur la filière.

“Nous avons appris à nos membres dans tous les bassins de production à torréfier le café pour la consommation locale sans toujours attendre de le vendre”

Patricia Ndam Njoya, AFCC, Cameroun

Il s’agit de : la limitation des interventions de la part des structures d’encadrement, la réticence des banques locales à octroyer des prêts aux producteurs, la réduction des financements accordés aux exportateurs par des partenaires de certains pays, l’abandon des plantations par la main d’œuvre, ce qui a porté un coup dur à l’entretien, à la récolte et à la qualité du produit, etc.

« A la suite de la fermeture des frontières, les exportateurs de café se sont retrouvés avec des stocks importants d’invendus, générant de grandes pertes. Entre mars et avril 2020, les exportations des membres de l’ACRAM ont chuté de 63,5% comparativement à la même période en 2019 », indique Anselme Gouthon.

Petites exploitations

A en croire l’ACRAM, 1,1 milliard d’habitants vivent de l’agriculture en Afrique, et les 25 pays producteurs de café sur le continent abritent plus de 716 millions de personnes pour qui le café est un important générateur de revenus.

« À quelques exceptions près, les petites exploitations sont généralement peu développées en raison d’un manque d’équipement qui est dû à un investissement en capital limité », explique Denis Seudieu, économiste en chef à l’Organisation internationale du café (OIC).

Ce dernier note au passage que la crise sanitaire n’a fait qu’envenimer la situation déjà précaire des petits producteurs en Afrique.Abondant dans le même sens, Patricia Ndam Njoya, maire de la ville de Foumban dans la province de l’Ouest au Cameroun et présidente de l’Association des femmes camerounaises dans le café (AFCC), rappelle que les productions n’ont pas été perturbées globalement parce que la pandémie n’a pas changé le climat, mais elle affirme que c’est la vente qui a été plombée.

« Ceux qui sont nos acheteurs ne se sont pas manifestés normalement et les conditions d’exportation se sont vraiment ralenties », témoigne-t-elle.

Pour faire face à la situation, « nous avons appris à nos membres dans tous les bassins de production à torréfier le café pour la consommation locale sans toujours attendre de le vendre, parce que nous en avons besoin. Certaines productrices l’ont également transformé pour la production de savon, très sollicité pour se laver les mains contre la COVID-19 », assure Patricia Ndam Njoya.

Chocs à venir

Pour renforcer la résilience de la filière café face aux éventuels chocs à venir, les participants à la réunion de Lomé ont adopté plusieurs recommandations.

J’en retiens l’officialisation d’un protocole d’entente entre l’ACRAM, le Centre du commerce international (ITC) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) pour la mise en place d’une académie de café.

Il y a aussi la nécessité d’accroître les échanges entre les pays membres de l’ACRAM afin de déboucher sur une banque d’échanges et la signature par les gouvernements concernés d’une charte sur la promotion de la recherche caféière.

Sans oublier de développer la transformation locale du café fin destiné au marché régional à travers la zone de libre-échange africaine.Dans le contexte actuel, les acteurs sont appelés aussi à développer le commerce électronique pour pallier les contraintes de la COVID-19 qui entravent les échanges commerciaux conventionnels.

Selon les organisateurs de la rencontre, ces résolutions visent à moderniser la chaîne de valeur café, au même titre que les activités des petits producteurs de café pour plus de résilience face aux chocs, y compris ceux venant de pandémies.

Sur ce point, l’OIC travaille avec l’organisation interafricaine du café et CAB International, la maison-mère de SciDev.Net, pour renforcer les chaînes de valeur du café en Afrique et débloquer le potentiel de l’industrie caféière du continent.

Positionnement

« Il ressort des discussions la nécessité de développer la culture du café et du café robusta en particulier, d’aboutir à un meilleur positionnement du café sur le marché international et de garantir un meilleur revenu pour le producteur », déclare Abe Talim, secrétaire général du ministère du Commerce du Togo.

Pour lui, les résolutions adoptées au cours de ces travaux constituent une véritable feuille de route devant garantir dans le court, moyen et long termes, une bonne résilience de la filière café robusta en Afrique.