11/11/10

Les nanotechnologies et la santé :au-delà des nano-médicaments

Les nanotechnologies pourraient contribuer à la santé bien plus que les nano-médicaments, à condition de relever les défis comme les médicaments contrefaits Crédit image: Flickr/e-MagineArt.com

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Pour Mohamed Abdel-Mottaleb, la contribution des nanotechnologies à la santé sera plus importante dans les domaines de l'hygiène, de la détection des faux médicaments et du diagnostic à distance, et ne se résume pas aux nano-médicaments.

Tous les pays devraient se préparer à l'impact des nanotechnologies sur les soins de santé, même si ce sont surtout les pays en développement qui utilisent la recherche sur ces nanotechnologies pour identifier de nouveaux traitements.

Les nanotechnologies offrent des solutions aux défis récurrents auxquels sont confrontés les pays en développement. Il s'agit notamment des données de mauvaise qualité pour la planification des soins de santé, du personnel mal formé, de la prescription excessive, des mauvaises conditions d'hygiène et de salubrité, des médicaments contrefaits, du contrôle non approprié, et du mauvais entretien des fournitures et du matériel. Si les nano-médicaments ne résoudront pas ces problèmes, les nanotechnologies le peuvent.

La nano-propreté

Au plus haut point, l'hygiène et l'entretien des hôpitaux et des équipements médicaux dans les pays en développement seront grandement améliorés avec des revêtements antimicrobiens couvrant toute surface, des murs des couloirs aux draps de lit.

De telles solutions peuvent aider à compenser l'absence de formation adéquate en matière de propreté et d'entretien du matériel (en offrant des tests d'utilisation très simple et plus durables, par exemple). Sans pour autant remplacer l'hygiène de base, les nano-filtres hautement efficaces peuvent être utilisés dans des masques pour empêcher le transfert de l'infection dans les zones à forte densité.

Les médicaments contrefaits vendus avec l'intention de duper — à ne pas confondre avec les médicaments génériques légitimes — n'ont souvent pas de principes actifs, ou contiennent même des mélanges toxiques. Ils posent de sérieux risques pour la santé des consommateurs et représentent un défi considérable pour les systèmes de soins de santé des pays en développement.

Ici aussi, les nanotechnologies proposent des solutions – des 'empreintes' ou des cryptages nanotechnologiques sont en cours d'élaboration pour différencier les médicaments authentiques des contrefaçons.

Déséquilibre des revenus

Le déséquilibre frappant dans les soins de santé entre les ménages à revenu plus élevé et ceux à plus faible revenu est un autre défi systémique pour les décideurs politiques. Les zones rurales sont généralement moins desservies par les soins de santé que les centres urbains.

Environ un tiers de la population égyptienne, par exemple, vit en Haute-Egypte, où la pauvreté est à son paroxysme et l'état sanitaire ce qu'il y a de pire. Le temps nécessaire pour transférer des tests des régions éloignées à des laboratoires, et pour attendre les résultats, accroit les risques d'erreurs et de mauvais diagnostics.

Mais aujourd'hui, les nanotechnologies offrent une perspective de progression, avec les dispositifs dits de 'labo sur puce' (Lab-On-A-Chip en anglais) à des coûts suffisamment bas pour amener le laboratoire au malade, même dans les zones les plus reculées. Ces laboratoires mobiles peu coûteux peuvent mesurer des dizaines ou des centaines de facteurs physiologiques dans un seul test, avoir une restitution de données instantanée et fiable, et peuvent être utilisés par presque tout le monde.

Ces dispositifs pourraient un jour se connecter sans fil aux bureaux des médecins, facilitant ainsi la création d'un réseau de surveillance fiable et régulier. Et des dispositifs transportables et précis pourraient contribuer à la mise sur pied de systèmes d'alerte avancée pour limiter la propagation des maladies.

Un environnement sain ?

La planification réellement systémique des soins de santé doit également être intégrée dans un cadre plus large capable d'aborder des questions comme la pollution, les déchets toxiques, la fourniture de sources d'eau potable, et d'autres problèmes. Une fois encore, les nanotechnologies offrent des solutions bénéfiques pour la santé.

Cela étant, bien sûr, la planification ne devrait pas uniquement considérer les nanotechnologies pour leurs avantages, mais également étudier les risques potentiels qu'elles présentent. On ne sait, en effet, que très peu de choses sur la façon dont les nanoparticules vont réagir lorsqu'elles sont introduites dans le corps, sur les barrières biologiques qu'elles peuvent franchir, et sur les préjudices toxiques qu'elles pourraient causer aux êtres humains et à l'environnement.

Les décideurs politiques et les professionnels des soins de santé auront besoin de bonnes informations sur les risques et les avantages potentiels pour pouvoir établir une réglementation efficace. Toutefois, les nanotechnologies suscitent un espoir considérable pour les pays en développement parce qu'elles proposent des solutions capables de combler les lacunes dans le système même de soins de santé.

Certes, si la technologie avancée n'est pas une panacée pour des systèmes de soins de santé mal en point, elle offre aux pays en développement une chance d'améliorer de façon considérable la qualité de ces services et l'accès à ces derniers.

Mohamed Abdel-Mottaleb est un professeur assistant à l'Université du Nil, au Caire, en Egypte, et directeur du Centre des nanotechnologies de l'université.

Cet article fait partie d'un dossier spécial sur les nanotechnologies pour la santé.