25/11/08

Le Vietnam améliore sa communication scientifique

Lecture des journaux à Hanoi, au Vietnam Crédit image: Flickr/EverJean

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Selon Son Kim Phan, d’autres pays pourraient s’inspirer des progrès accomplis par le Vietnam dans le domaine de la communication scientifique et sur les risques.

Au Vietnam; comme partout ailleurs dans le monde en développement, beaucoup de personnes, surtout celles qui vivent en zones rurales ou dans les quartiers pauvres des villes, n’ont toujours que des connaissances rudimentaires sur la science et sur leur environnement.

De nombreux journalistes, qui pourraient peut-être contribuer à l’éducation de leurs lecteurs, sont également mal informés, parce qu’ils n’ont pas été formés  au langage de la science. Quant à leurs directeurs de publication, ils se préoccupent généralement d’accroître leur tirage, attirer les lecteurs avec des articles sur la finance ou des scandales impliquant des célébrités, faciles à lire, plutôt que de s’attaquer à des sujets scientifiques potentiellement peu passionnants.

Des lacunes courantes

Par conséquent, il n’est pas surprenant que les media vietnamiens ne fournissent que très peu d’informations qui permettraient aux populations de prendre des décisions éclairées, d’avoir des opinions rationnelles sur les risques auxquels elles sont exposées, comme les tsunamis ou les apparitions d’épidémies de grippe aviaire .

Le peu d’ émissions de télévision ou de magazines scientifiques impliquant des scientifiques vietnamiens – traitant principalement  de médecine – sont souvent peu attractifs ou trop théoriques, n’allant pas au contact du grand public ou ne proposant pas de conseils ou solutions pratiques.

Au contraire, lorsque des sujets scientifiques sont traités, ils sont souvent abordés comme des sujets rares susceptibles de semer la confusion et la panique dans l’esprit du grand public. Par exemple, le récent scandale du lait contaminé par la mélamine a été mal couvert par les médias. Beaucoup de Vietnamiens se sont détournés de l’ensemble des produits laitiers, faute de pouvoir distinguer le lait contaminé par la mélamine du lait sain. Cela a mené a la catastrophe l’industrie nationale laitière. Et ce type de réaction est fréquent au Vietnam. Des paniques similaires ont accompagné les informations relatives, en 2007, à la sauce de soja contaminée à l’épidémie de la grippe aviaire en 2003-2005.

Des progrès encourageants

Toutefois, on note quelques progrès, A Ho Chi Minh Ville, l’un des plus grands centres socio-économiques du Vietnam, qui compte environ 70.000 séropositifs, une série de campagnes médiatiques et de campagnes de communication gouvernementale menées au cours des dix dernières années a permis de réduire la discrimination et la stigmatisation à l’égard des malades du VIH/sida.

De même, les attitudes à l’égard de la grippe aviaire ont évolué, grâce à de meilleures campagnes de communication impliquant des scientifiques issus de divers domaines de connaissance et à une formation des journalistes financée par les Etats-Unis. Il est encourageant de constater que le Vietnam a pu gérer avec succès les épidémies de grippe aviaire dans les fermes avicoles en 2007 et 2008, et que le nombre de malades contaminés ou tués par le virus H5N1 a considérablement baissé, passant de 61 personnes infectées (dont 19 morts) en 2005 à 8 personnes infectées (avec 5 décès) en 2007.

Tout récemment, le Saigon Marketing Newspaper  a souligné la nécessité de l’exactitude dans les articles de presse dans le traitement de sujets comportant des risques pour la santé. Cet article, intitulé ‘Les dangers de la communication sur les risques’, a été repris par les journaux, les magazines et les émissions de télévision partout au Vietnam.

De nouvelles approches de la communication scientifique au Vietnam sont également en cours d’élaboration. Une série d’articles parus dans Tuoi Tre Weekly, intitulée ‘100 notions scientifiques que personne ne doit ignorer’ rend la science fondamentale simple, sympathique, compréhensible et attractive. Le Saigon Marketing Newspaper produit maintenant un programme télévisé intitulé ‘Life Discovery’ sur Ho Chi Minh City TV. Ce programme propose une série de courts documentaires sur les catastrophes naturelles et les questions de santé. Les journalistes qui travaillent sur ces programmes collaborent avec les scientifiques pour identifier les sujets clés et sont formés à la communication simple et globale. Cette émission a été bien accueillie et a battu des records d’audience.

Les avantages concrets

La communication scientifique ne devrait pas être un problème financier pour un journal. Des campagnes de sensibilisation efficaces, bien gérées, sur des sujets tels que le VIH/sida ou la grippe aviaire, peuvent susciter le soutien financier des organismes nationaux et internationaux, ainsi que des financements privés. Les négociants de produits avicoles et les agriculteurs ont financé une campagne de communication pour informer le public sur les faits et les risques de la grippe aviaire. Si les journalistes et d’autres professionnels de la communication améliorent leur maîtrise de la science et s’engagent à rendre les articles accessibles et précis, ils peuvent bénéficier davantage de soutien financier extérieur dans leur domaine d’activité.

Le VIH/sida, la grippe aviaire et les aliments contaminés ne sont pas des problèmes spécifiques au Vietnam. Les journalistes du monde en développement ont parfois des difficultés à couvrir de tels sujets. Mais au Vietnam, nous faisons davantage d’efforts pour aider les scientifiques à vulgariser les connaissances scientifiques auprès du grand public.

En nous assurant que les journalistes possèdent de solides connaissances scientifiques, et savoir rendre l’information scientifique largement accessible, nous apportons la preuve que les medias peuvent aider le public à élaborer des réponses raisonnables sur les risques sanitaires et environnementaux. Notre exemple pourrait inspirer d’autres acteurs.

Son Kim Phan est un journaliste spécialiste de la santé au Vietnam.