27/10/17

Q&R: L’Afrique doit faire face aux MNT

Francis Omaswa
Crédit image: Florence Naluyimba

Lecture rapide

  • Les maladies non transmissibles sont plus chères à traiter que les maladies infectieuses
  • Dans 10 ans, il y aura plus de décès liés aux MNT qu’aux maladies infectieuses
  • Si les gouvernements ne réagissent pas, l'espérance de vie s'en trouvera affectée

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Selon Francis Omaswa, les décideurs doivent réagir à l'épidémie des maladies chroniques, avant qu'il ne soit trop tard.
 

Francis Omaswa, qui est le recteur de l'Université de Busitema (1), en Ouganda et fondateur de l'Alliance mondiale des personnels de santé des Nations Unies (2), estime que l'Afrique doit passer des systèmes de santé centrés sur les maladies, à des systèmes orientés vers le bien-être, afin de pouvoir faire face à une future épidémie de maladies liées au mode de vie.
 
Selon l'OMS, 90% des 14 millions de personnes qui meurent prématurément chaque année de maladies non transmissibles telles que le diabète, le cancer et les maladies cardiaques, sont issues des pays à revenu faible ou intermédiaire.
 
S'exprimant en marge de la réunion annuelle du Tropical Health and Education Trust (3) à Londres, le 24 octobre, Francis Omaswa a déclaré que les chercheurs devaient documenter l'épidémie croissante de maladies non transmissibles en Afrique, afin de pouvoir convaincre les décideurs politiques du besoin d'agir.
 

Quelle est l'ampleur du problème des maladies non transmissibles en Afrique subsaharienne?

C'est un problème qui prend de l'ampleur et cela dépend du pays dans lequel vous vous trouvez, mais l'ampleur des maladies non transmissibles égale lentement celle des maladies infectieuses et risque de la dépasser au cours de la prochaine décennie. On doit vraiment commencer à penser aux maladies non transmissibles maintenant, en particulier à la prévention, à la prévention et à la prévention. Nous avons une population urbaine en croissance rapide qui se sédentarise de plus en plus. Les citadins suivent un régime alimentaire semblable à celui de l'Occident et nous pouvons vraiment faire quelque chose à ce sujet maintenant – pour peu que nos dirigeants comprennent qu'il est possible de faire quelque chose.

De quel type de science avons-nous besoin?

 
Nous avons avant tout besoin de preuves, nous avons besoin d'informations épidémiologiques [sur les modèles de maladie] pour documenter l'ampleur de l'épidémie naissante, puis utiliser cette information épidémiologique pour sensibiliser et influencer les politiques.
Nous avons aussi besoin d'études sur les comportements et sur la façon d'amener les gens à accepter et à reconnaître que certaines de leurs activités, les choix qu'ils font, devraient être favorables à la santé plutôt qu'aller à son encontre, comme c'est le cas actuellement. Ensuite, nous devons faire beaucoup de travail dans les écoles pour que les enfants, en grandissant, soient capables de comprendre comment s'occuper de leur propre santé et comment éviter de tomber dans le piège des maladies non transmissibles.
 

Que va-t-il se passer si nous ignorons cette épidémie?

Nous avons connu une baisse affreuse de l'espérance de vie avec le VIH ; nous commençons à nous en remettre, mais les efforts seront anéantis si nous ne maîtrisons pas les maladies non transmissibles. Et puis [en ce qui concerne] ce débat sur la couverture santé universelle, le coût du traitement d'une maladie non transmissible est beaucoup plus élevé que celui du traitement des maladies infectieuses et nous n'aurons tout simplement pas les moyens de faire face à l'épidémie qui s'annonce.
 

En plus de conseiller les politiques, de quelle autre capacité des pays comme l'Ouganda ont-ils besoin pour lutter contre cette épidémie ?

Les systèmes de santé devraient être des systèmes qui recherchent le bien-être plutôt que des systèmes fondés sur la maladie. Les systèmes de santé centrés sur le bien-être sont des systèmes de santé qui encouragent les gens à profiter des mécanismes naturels de santé, ceux qui nous ont vu naître et à nous assurer de ne pas interférer avec ces mécanismes de santé innés. Si vous avez faim, vous mangez ; si vous êtes fatigué, vous vous reposez ; si vous avez chaud, vous transpirez. C'est ainsi que nous devrions encourager les gens à vivre. Votre corps est votre meilleur médecin. Si vous obéissez à votre corps, il est très peu probable que vous tombiez malade. Le système de santé qui recherche le mieux-être est le système de santé de l'avenir et c'est celui que nous devrions préconiser pour les gouvernements africains.
 

Les gouvernements africains sont-ils réceptifs à ce message?

C'est notre travail de rassembler et de présenter ces messages à nos dirigeants politiques et à nos gouvernements afin qu'ils voient dans ces messages des opportunités de vote pour eux-mêmes.