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L'objectif de fournir une couverture sanitaire universelle à tous les êtres humains sur terre est probablement l'entreprise la plus vitale et la plus ambitieuse de l'histoire de l'humanité.
 
L'ampleur de la tâche est immense – selon le rapport 2017 de la Banque mondiale et de l'OMS sur les progrès réalisés en matière de soins de santé universels, au moins la moitié de la population mondiale n'a toujours pas accès aux services de santé essentiels.
 
Cette année, la Journée mondiale de la santé est consacrée au renforcement de la promotion de la couverture sanitaire universelle (CSU).
 
La cible 7.8 des objectifs de développement durable (ODD) se décompose en deux éléments : fournir des services de santé essentiels tels que le traitement des maladies et des contrôles médicaux et veiller à ce que, lorsque la maladie se déclenche, elle ne détruise pas les finances de la famille.
 
Pour y parvenir, nous avons d'abord besoin de savoir où nous en sommes. C'est seulement en recueillant des données précises que cet énorme effort mondial peut concentrer son attention là où cela se révèle nécessaire.
 
Pour surveiller les services de santé, les pays ont développé un indice qui combine des indicateurs tels que le nombre de visites prénatales, les niveaux de vaccination et la tension artérielle.
 
Le problème est que les dossiers médicaux et les souvenirs des patients peuvent être des sources de données peu fiables. Selon le rapport OMS/Banque Mondiale, la plupart de ces données proviennent d'enquêtes auprès des ménages, qui ne peuvent surveiller qu'une poignée de conditions faciles à vérifier.
 
En conséquence, la fourniture de services pour la santé mentale ou les maladies liées au mode de vie telles que le diabète et l'hypertension est difficile à surveiller.
 
En raison de la nature indirecte de certains de ces indicateurs, beaucoup dépend également de la manière dont les données sont collectées. Des méthodes différentes de collecte de données peuvent conduire à des déclassements de vingt places sur l'index mondial de la CSU, selon un article paru dans la revue The Lancet.
 
Pourtant, la sécurité financière visée dans la cible 7.8 des ODD est également vitale pour atteindre la couverture sanitaire universelle, et ici les données sont encore plus sombres.
 
C'est une question urgente. Les "dépenses catastrophiques" – définies par l'OMS comme des frais médicaux coûtant plus de 10% des dépenses globales des ménages – sont toujours à la hausse. 
 
L'OMS et la Banque mondiale ont réuni, dans leur rapport, la plus grande base de données sur la protection financière jamais créée, qui comprenait plus de 1.500 enquêtes auprès des ménages.

Le rapport montre que la région connaissant la croissance la plus rapide de ce type de dépenses de santé catastrophiques est l'Afrique, où le nombre de familles ayant besoin de consacrer 10% de leurs revenus aux frais médicaux augmente de près de 6% par an.
 
Pourtant, c'est en Afrique que les données font le plus grand défaut. Pour cette enquête, il n'y avait aucune donnée utilisable de l'Algérie, de la Libye, de la Somalie, du Soudan du Sud, et du Soudan.

The Lancet Map
Copyright The Lancet
Disponibilité des données pour les dépenses de santé catastrophiques, par pays.

Selon le rapport, la seule façon de collecter cette variable est un processus appelé "alignement", où les niveaux de dépenses de santé catastrophiques dans certains pays sont extrapolés sur la base des données provenant d'autres pays.
 
Nous devons trouver de meilleurs moyens de contourner ce problème. En raison des limites de ces données, elles ne reflètent pas, à titre d'exemple, le pourcentage de personnes couvertes par l'assurance maladie, selon une étude parue dans The Lancet.
 
Et cela pousse les décideurs à s'accrocher à des brindilles, dans leur combat pour trouver la bonne approche pour régler la question des coûts dévastateurs des soins de santé et ouvrir la voie aux soins de santé pour tous.


Ben Deighton est le Rédacteur en chef de SciDev.Net.

Cet article fait partie de notre hors-série sur la couverture sanitaire universelle en Afrique.