06/06/13

Une étude fixe les priorités de la lutte contre les diarrhées infantiles

african_children_WFP-

Lecture rapide

  • L’étude porte sur plus de 20.00 enfants en Afrique et en Asie où ces diarrhées peuvent être mortelles.
  • Il n’existe pas encore de vaccins contre certains agents pathogènes de la diarrhée
  • Le suivi médical après une diarrhée sont essentiels ; l’organisation des campagnes de santé pourrait contribuer à lutter contre la superstition.

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Une grande étude internationale plaide pour l’approfondissement de la recherche sur les agents pathogènes responsables de la diarrhée et une meilleure utilisation des outils existants, afin de contribuer à la lutte contre l’un des principaux facteurs de mortalité chez les jeunes enfants dans le monde en développement.

L’étude multicentrique mondiale des germes entériques (GEMS) publiée le mois dernier (13 mai) dans la revue The Lancet, a été menée sur sept sites en Afrique et en Asie et pendant trois ans, et a impliqué plus de 22.000 enfants.

Elle indique qu’un enfant âgé de moins de deux ans sur cinq est victime chaque année d’une diarrhée d’intensité moyenne à sévère (DMS), ce qui accroît son risque de décès et de retard de croissance, qui persiste même après l’épisode de diarrhée.

Elle conclut également que les principaux agents pathogènes responsables des DMS sont le rotavirus, le Cryptosporidium, le Shigella et le ST-ETC, un type d’E.coli entérotoxigène, le rotavirus étant l’agent le plus répandu.

« Les études précédentes menées sur les maladies diarrhéiques ont donné un aperçu des agents pathogènes responsables de cette maladie, mais leurs résultats ne pouvaient être comparés ou combinés pour rendre pleinement compte de la situation à cause des disparités entre les méthodes utilisées et de leurs faiblesses », affirme Karen Kotloff, auteur principal du rapport de l’étude et professeur de pédiatrie et de médecine à l’Université du Maryland aux Etats-Unis.

Selon elle, les vaccins antirotavirus sont largement à la disposition des enfants dans les pays riches, mais les pays en développement ont un accès limité aux vaccins susceptibles de prévenir les milliers de décès liés aux maladies diarrhéiques enregistrés chaque année.

« Il n’existe pas de vaccins homologués contre le Cryptosporidium, le Shigella et le ST-ETEC, même si des vaccins contre ces deux derniers pathogènes sont en train d’être développés. Avant le GEMS, le Cryptosporidium n’était pas considéré comme un agent [pathogène] majeur dans les pays en développement, d’où la rareté des études sur cet agent », explique Kotloff à SciDev.Net.

En dehors du développement de nouveaux vaccins, les priorités des chercheurs sont, entre autres, la mise au point de diagnostics et traitements simples, ajoute-t-elle.

Il faudrait également promouvoir l’accès aux interventions sanitaires existantes, surtout les vaccins antirotavirus, les solutions de réhydratation par voie orale, les suppléments en zinc et la réhabilitation nutritionnelle des enfants souffrant de DMS.

“L’accent doit être mis sur l’assainissement, l’éducation à l’hygiène, la législation, l’autonomisation des femmes, et les partenariats public-privé.”

Wilkister Moturi, maître de conférence en santé environnementale, Université Egerton, Kenya

Il s’agit d’une mesure essentielle parce que le GEMS a également constaté que les enfants ayant souffert d’un seul épisode de DMS courent 8,5 fois plus de risque de décès au cours des deux mois où ils ont été suivis, et 61 pour cent des décès se produisent plus d’une semaine après le diagnostic de DMS chez les enfants, à un moment où ils pourraient ne plus bénéficier de soins.

Pour Wilkister Moturi, maître de conférences en santé environnementale à l’Université Egerton au Kenya, « les divers intervenants doivent s’approprier les conclusions de l’étude et il faudrait élaborer un plan d’action sur la stratégie pour s’attaquer à ce problème en Afrique ».

Elle propose qu’une vaste campagne similaire à celles menées sur le paludisme ou le VIH/sida soit organisée afin d’attirer plus d’attention sur les décès dus à ces maladies que l’on peut prévenir et guérir, et dont la plupart des cas ne sont pas comptabilisés.

Dans plusieurs cas, surtout chez les pauvres vivant en zones rurales, la diarrhée est entourée de la superstition, et la « théorie des germes » est un mythe. « En plus de ces campagnes, l’accent doit être mis sur l’assainissement, l’éducation à l’hygiène, la législation, l’autonomisation des femmes, et les partenariats public-privé », recommande-t-il.

« Ces conclusions seraient inutiles si elles ne peuvent être traduites en actions réalisables dans les contextes socioéconomiques dans lesquels on retrouve ces maladies », dit-elle.

Cet article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.