19/01/10

Un rapport de l’OMS pour la promotion de l’accès aux médicaments vivement critiqué

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Un rapport controversé de l’OMS sur l’amélioration de l’accès des pays en développement aux médicaments et à d’autres produits médicaux sera examiné cette semaine par le Conseil exécutif de l’agence.

Le Groupe d’experts sur le financement de la recherche et développement, établi sous l’égide de l’OMS, a examiné le financement de la recherche et développement (R&D) médicale ainsi que des propositions de sources de financement nouvelles et novatrices destinées à stimuler la R&D sur les maladies qui touchent de façon disproportonnée les pays en développement.

Or son rapport, rendu public la semaine dernière (15 janvier), a été sévèrement critiqué par des organisations non gouvernementales et certains chercheurs pour son manque d’originalité et pour l’absence de soutien accordé aux idées qui bouleversent le statu quo.

Le rapport retient trois mécanismes de financement : la collecte de fonds par voie d’impôts ; les dons volontaires par les entreprises ou les consommateurs ; et l’attraction de nouveaux donateurs.

Le document sélectionne également les cinq meilleures propositions pour l’attribution des financements ainsi que deux ‘moyens efficaces’ de réduction des coûts de développement.

Pour Mary Moran, directrice de la politique sanitaire au George Institute, basé en Australie, qui a dirigé le groupe, le rapport fait avancer l’objectif de rendre les produits médicaux accessibles aux populations des pays en développement.

Pourtant, les partisans  d’un changement majeur affirment que le rapport a pratiquement ignoré des solutions plus radicales comme les communautés de brevets (en anglais, patent pools).

L’UNITAID a ainsi lancé une communauté de brevets pour des médicaments contre le SIDA le mois dernier (14 décembre) (voir Analyses Biomed. : mise en commun des brevets pour des médicaments contre le VIH). Pourtant, ce genre de gestion collective des droits de propriété intellectuelle n’est mentionnée que dans une seule phrase dans le résumé comptant 19 pages.

"Devant des besoins indiscutables en matière de santé publique, cette omission est difficilement compréhensible", s’indigne Daniele Dionisio, directeur de la division des maladies infectieuses à l’Hôpital de Pistoia en Italie et conseiller de la Société italienne des Maladies infectieuses et tropicales sur la disponibilité des médicaments dans les pays en développement.

"Le rapport évite d’analyser des modèles qui sont perçus comme une menace pour les intérêts de l’industrie pharmaceutique."

D’autres ont affirmé que les critères choisis pour l’évaluation des propositions signifiaient que les solutions retenues ne pouvaient qu’être conventionnelles.  

"Si c’est une proposition appréciée de l’industrie, alors elle obtient plus de points, mais si c’est quelque chose qui implique une modification d’ordre juridique quelle qu’elle soit, elle obtient moins de points", commente Tido von Schoen-Angerer, directeur de la Campagne pour l’Accès aux Médicaments essentiels, à Médecins Sans Frontières.

Dans un entretien accordé au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net), Moran note que le groupe avait sélectionné une poignée de propositions, partant d’une liste en comportant 90 options différentes.

"Vous avez une liste restreinte d’options, vous devez vous concentrer là-dessus : c’est là que vous allez obtenir une réponse de vos investissements et la liste identifie ce qui marche et ce qui ne marche pas … c’est vraiment un bon pas en avant", dit-elle.  

"Nous avons essayé de trouver un équilibre, non pas qui ne fonctionnerait que pour un seul secteur, mais qui tenterait de stimuler l’innovation dans tous les différents secteurs".

Elle a souligné un passage du rapport où les mécanismes novateurs sont décrits comme "tellement prometteurs que nous croyons qu’ils devraient être davantage examinés, soit en vue d’un amendement éventuel, et d’une revue pour en assurer la mise en œuvre, soit en vue d’une intégration de leurs éléments hautement performants dans d’autres propositions".

Le groupe a suscité la polémique le mois dernier quand une ébauche d’analyse des propositions était parvenue aux mains de la Fédération internationale de l’industrie du médicament (International Federation of Pharmaceutical Manufacturers and Associations, ou IFPMA), qui a refusé de commenter le rapport final.

Le rapport sera examiné lors de l’Assemblée mondiale de la santé en mai.  

Lien vers le résumé du rapport du groupe de travail