29/06/11

Un prix décerné par le Président ougandais à une étude suscite la polémique

Le sapindus, qui pousse sauvagement en Ouganda, pourrait aider à contrôler les moustiques Crédit image: Flickr/Stefan Gara

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[KAMPALA] Le fonds présidentiel créé par Yoweri Museveni a attribué 400 000 dollars américains (303 000 euros) à un scientifique ougandais qui tente d’utiliser le sapindus dans la lutte contre les moustiques.

Miph Musoke, qui était précédemment rattaché à l’Uganda Virus Research Institute et actuellement chercheur à l’Université privée de Nkumbay, utilise le sapindus, ou Phytolacca dodecandra, pour éliminer la larve des moustiques qui transmettent le paludisme.

L’attribution du prix présidentiel à M. Musoke, annoncée le mois dernier (1er mai), a été critiquée par Augustus Nuwagaba, Professeur d’économie à l’Université Makerere.

"Je m’attendais à ce que le Président Museveni annonce [la] création d’un véritable ministère de la Science et de la Technologie au sein des nouveaux portefeuilles du gouvernement qui ont été publiés [récemment]", a déclaré A. Nuwagaba, en ajoutant qu’il s’agissait de l’endroit où les recherches et les inventions scientifiques devaient être "identifiées, classées par priorité et financées".

Selon A. Nuwagaba, il était plus important d’institutionnaliser que de personnaliser le financement national de la recherche.

A. Nuwagaba a indiqué qu’un ministre de la Science pourrait concevoir des politiques pour les sciences dans le pays ainsi que pour le développement technologique, établir un programme pour rendre les formations prioritaires mais aussi gérer les inventions et les développements technologiques ; cela devrait également constituer la voie officielle pour financer la recherche.

M. Musoke ne fournira pas les détails de ses recherches car il en est encore au début de ses travaux. Il a d’ailleurs précisé que le fait de révéler les détails risquerait de mettre sa propriété intellectuelle en danger.

Il a cependant indiqué à SciDev.Net qu’il broie la plante, qui pousse sauvagement en Ouganda et qui est localement connue sous le nom de oluwoko, puis, afin de réduire le nombre de larves, il l’étale partout où les moustiques se reproduisent.

La première phase de son travail consiste à former les communautés locales, en particulier les agriculteurs, sur l’utilisation durable de cette plante. La deuxième phase, qui sera soutenue par le prix, lui permettra d’entamer le développement du produit. Une troisième phase sera axée sur sa commercialisation, avec l’aide du gouvernement ou du secteur privé.

Richard Tushemereirwe, assistant du président chargé de la Science et de la Technologie, a déclaré que la bourse était un prix ordinaire attribué par le Presidential Support to Scientists initiative, un partenariat souple mis en place par le Conseil national ougandais pour la Science et la Technologie, géré par l’État, qui cherche à motiver les scientifiques pour qu’ils puissent réaliser des travaux prometteurs.

Selon R. Tushemereirwe, "Miph a un important défi à relever étant donné qu’il ne dispose pas encore de prototype du produit. Nous mettons beaucoup d’espoir dans son travail, pour parvenir à contrôler [la] reproduction des agents mortels qui sont à l’origine d’une mortalité élevée, en particulier chez nos enfants et les femmes enceintes".

D’après le Programme de contrôle du paludisme du ministère de la Santé, on estime que 300 personnes meurent chaque jour du paludisme en Ouganda.