03/06/09

Renforcer les systèmes de santé :’de la rhétorique, pas de la réalité’

D'après les chercheurs les programmes de santé des ASM ne renforcent pas les systèmes de santé Crédit image: World Bank/Dominic Sansoni

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Un groupe de chercheurs annonce avoir constaté qu’il existe un "écart évident" entre les prétendues actions des organisations internationales de santé pour le renforcement des systèmes de santé et les réalités du terrain.

Dans un article publié dans PLoS Medicine, ils  affirment que malgré les déclarations des ‘acteurs de la santé mondiale’ (ASM) qui prétendent travailler au renforcement des systèmes de santé, dans la réalité ces derniers n’entreprennent que des activités  dont ils peuvent tirer des bénéfices personnels.

Les programmes mondiaux de santé tels que le PEPFAR (Plan présidentiel d’Urgence d’Aide à la Lutte contre le sida) du Président des Etats-Unis et l’Initiative Roll Back Malaria sont généralement axés sur quelques maladies. Délaissant ainsi le problème de la fragilité des systèmes des pays en développement, selon ces chercheurs.

L’ équipe, composée de chercheurs du département de santé publique de l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers, en Belgique, a étudié les documents de stratégie des ASM , et constaté que « pratiquement tous les ASM affirment soutenir les systèmes de santé, mais  dans les faits, se concentrent sur des activités axées sur des maladies spécifiques ou sur des activités visant des fonctions du système de santé essentielles  à la mise en oeuvre de leur propres programmes». 

Ainsi, l’Alliance mondiale pour les Vaccins et la Vaccination(GAVI)  se concentre sur le renforcement des éléments du système de santé  essentiels aux programmes de vaccination.

D’après ces chercheurs, le problème tient en partie au fait que les ASM utilisent le terme "renforcement du système de santé" pour désigner toute activité de renforcement des capacités. "Il nous faut une définition qui serait à la fois acceptée et appliquée systématiquement par tous," suggèrent-ils.

Ils estiment par ailleurs que "les  importants pouvoirs financiers" des ASM auraient des effets néfastes sur les systèmes de santé nationaux.

Par exemple en 2005, le budget de santé du gouvernement ougandais, qui s’élevait à US$ 112 millions, avait été  largement surpassé par les US$ 167millions dépensés par trois ASM.

Des programmes aussi bien dotés peuvent attirer le personnel médical local , l’éloignant du système de santé généraliste vers des programmes axés sur des maladies spécifiques.

Badara Samb, conseiller principal  des systèmes et services de santé auprès de l’OMS, a déclaré à SciDev.Net que la modification de la stratégie des ASM "pose des défis"  dans la mesure où  les recherches ont jusque là apporté peu de preuves concernant l’amélioration   des interactions entre les systèmes de santé nationaux et les ASM.

"L’harmonisation des actions des ASM  et la nécessité de renforcer les systèmes de santé est devenue un nouvel impératif," ajoute-t-ils.

Samb a révélé que l’an dernier, l’OMS avait mené des études  pour identifier les voies susceptibles de permettre aux ASM d’atteindre leurs objectifs tout en contribuant au renforcement des systèmes de santé nationaux. Les résultats devraient être publiés ce mois (juin).

Les conclusions de cette équipe belge sont confirmées par un nouvel article de PLoS Medicine qui évalue l’efficacité de la distribution (roll out) des antirétroviraux en Ethiopie

Cette étude révèle que le programme, conduit par des ASM, notamment le PEPFAR, aurait entraîné une ‘fuite interne de cerveaux’ chez les médecins. Les effectifs du secteur public ont chuté  au cours du programme, tandis que ceux du personnel des organisations de bienfaisance se sont accrus.