23/01/08

MSF critique une série du Lancet sur la malnutrition

Un enfant souffrant de la malnutrition, tenant des biscuits utilisés dans les programmes de réalimentation Crédit image: Flickr/Julien Harneis

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Une série d’articles sur la malnutrition maternelle et infantile parus dans le journal médical The Lancet a suscité de sévères critiques de la part de Médecins Sans Frontières (MSF).

Dans un communiqué de presse rendu public la semaine dernière (13 janvier), l’organisation humanitaire médicale a laissé entendre que les articles ne mentionnent pas les points clés du traitement, notamment les soins à domicile et le traitement à base d’aliments prêts à l’emploi (APE), et « entravent les efforts visant à promouvoir le changement souhaité de toute urgence ».

Pour Milton Tectonidis, le conseiller en nutrition de la campagne de MSF pour l’accès aux médicaments essentiels, “la série d’articles est clairement anachronique. Elle introduit le flou sur le nombre de décès en écartant le phénomène du kwashiorkor [une forme de malnutrition] et en incluant dans le calcul du bilan annuelle taux de prévalence et non celui d’incidence».

Il poursuit en disant : “les soins à domicile et le traitement à base d’aliments prêts à l’emploi ont révolutionné le traitement de la malnutrition sévère aiguë chez les jeunes enfants. Associées à l’allaitement maternel et aux aliments complémentaires traditionnels, ces pâtes sont très efficaces dans les deux à trois premières années de leur vie ».

 Concernant les soins à domicile et les soins hospitaliers, Tectonidis ajoute : « avec l’apparition des laits thérapeutiques, il est impossible d’espérer accueillir tous ces enfants dans les hôpitaux. Les soins ambulatoires encouragent les visites préventives et améliorent les résultats des programmes ».

Zulfiqar Bhutta, professeur en pédiatrie et en puériculture à l’université Aga Khan, au Pakistan, et l’un des auteurs de la série d’articles du Lancet, affirme: “Nos estimations proviennent des chiffres les plus objectifs et les plus récents sur la malnutrition sévère aiguë obtenus en utilisant des critères communément admis par diverses populations ».

Il ajoute : « nous avons relu tous les témoignages disponibles sur l’utilisation du traitement à base d’aliments prêts à l’emploi tant dans le milieu hospitalier qu’au sein des communautés. MSF dispose peut-être de données supplémentaires dont le public et nous-mêmes ignorons l’existence. Et s’il ne les publie pas, MSF ne peut exiger de nous que nous en parlions ».

Bhutta a déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) : « Nous espérions que MSF s’engage dans un débat scientifique par le dialogue et non qu’il s’adresse au public par la voie d’un communiqué de presse ».

Esté Vorster, le directeur de la Cellule Afrique de la Recherche transdisciplinaire en matière santé à l’Université de NorthWest, en Afrique du Sud, dit ne pas comprendre les raisons pour lesquelles MSF critique cette série d’articles publiés par The Lancet.

 « The Lancet est un journal respecté ,qui a contribué à mettre la question de la malnutrition – un domaine largement ignoré – à l’ordre du jour. Même si certaines des informations qu’il publie sont anachroniques, cela n’enlève rien au message  », dit-elle. Elle ajoute : «  Durant le longues années, les pays en développement n’ont accordé aucune attention au problème de la malnutrition. Ils le font à présent et c’est ce qui compte ».