01/08/11

Les tests sanguins de diagnostic de la tuberculose ‘présentent des risques’

La microscopie standard et les expectorations sont plus fiables que les tests sanguins vendus dans le marché pour diagnostiquer la tuberculose Crédit image: Flickr/trygveberge

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Dʹaprès une déclaration politique de lʹOMS, les tests sanguins permettant de diagnostiquer la tuberculose pourraient mettre la vie des patients en danger en fournissant des résultats trompeurs et ils ne devraient donc pas être utilisés.

LʹOMS conseille dʹutiliser dʹautres moyens pour diagnostiquer la tuberculose, bien que les délais pour avoir un résultat soient plus longs et quʹils soient encore très coûteux ; elle préconise également de poursuivre les recherches pour trouver des alternatives.

Selon Karin Weyer, coordinatrice du renforcement de la capacité des laboratoires au département Halte à la tuberculose de lʹOMS, jusquʹà 50 pour cent des patients sur lesquels sont pratiqués des tests sanguins vendus dans le commerce pour détecter les anticorps de la tuberculose, risquent dʹêtre victimes dʹune erreur de diagnostic.

K. Weyer a déclaré à SciDev.Net : "Nous avons évalué 92 études, dont 32 dʹentre elles avaient été réalisées dans des pays en développement". "Nous avons examiné les données sous tous les angles : la fiabilité et la précision des tests, mais aussi lʹimpact possible sur les patients et la population en général en cas de résultat positif ou négatif erroné".

Les résultats négatifs erronés peuvent entraîner une transmission de la maladie à dʹautres personnes, mais également un traitement retardé ou inapproprié ; quant aux diagnostics positifs erronés de cas de tuberculose, ils entraînent un traitement superflu alors que la maladie réelle nʹest pas détectée.

La déclaration politique de lʹOMS sʹapplique aux tests vendus dans le commerce, également appelés sérodiagnostics ou tests sérologiques, qui nʹont été approuvés par aucun organe de réglementation mais qui sont utilisés dans plusieurs pays où le fardeau de la tuberculose est le plus élevé. Il existe une douzaine de tests de ce genre et plus dʹun million de diagnostics sont établis tous les ans, la plupart dans les dispensaires privés où les patients payent jusquʹà 30 dollars américains (22 euros) par test.

Selon K. Weyer, "ces tests sont largement utilisés car ils sont commercialisés de manière agressive par le secteur privé". "Dans plusieurs pays, on croit que les services de santé sont meilleurs dans le secteur privé que dans le public".

La rapidité et la facilité (résultats obtenus le jour même) sont mises en avant pour vendre ces tests, par rapport à ceux homologués par lʹOMS, comme la microscopie standard ou les tests en culture, qui peuvent prendre quelques jours avant de pouvoir établir un diagnostic.

Deux méthodes moléculaires sont également conseillées mais elles sont encore coûteuses et elles requièrent un équipement de laboratoire sophistiqué. Aucun test à bas prix et rapide nʹexiste à ce jour pour diagnostiquer la tuberculose dans les régions les plus reculées des pays en développement.

Cette politique préconise également "de poursuivre les recherches spécifiques pour identifier de nouveaux tests ou des tests alternatifs pour diagnostiquer la tuberculose, et/ou des tests sérologiques plus précis et pouvant être réalisés sur place".

Selon K. Weyer, "il existe une forte lacune en matière de tests à faire sur place et très peu dʹinvestissements pour mener des recherches en la matière".

Mark Perkins, responsable en chef du domaine scientifique auprès de la Fondation pour lʹinnovation en matière de nouveaux diagnostics (FIND), a indiqué à SciDev.Net que plusieurs tests alternatifs étaient en cours de réalisation. La FIND travaille par exemple actuellement sur un test qui permettrait de diagnostiquer la tuberculose dans lʹurine et sur lequel des essais pourraient commencer en 2012.

Certains chercheurs réclament plus de financements et plus dʹinnovations autochtones pour diagnostiquer la tuberculose dans les pays en développement où le fardeau de la maladie est élevé, comme cʹest le cas en Inde et en Chine. Lors dʹune conférence qui sera donnée à la fin du mois (25–26 août) à Bangalore sur ʹDiagnostiquer la tuberculose en Inde : de lʹimportation et lʹimitation jusquʹà lʹinnovationʹ, les chercheurs examineront comment lʹInde pourrait améliorer les diagnostics et devenir un précurseur dans ce domaine.

Madhukar Pai, Professeur associé à lʹUniversité McGill, au Canada, et coorganisateur de cette conférence, a indiqué à SciDev.Net que les pays riches et lʹindustrie avaient négligé la Recherche et le Développement (R&D) en matière de diagnostic de la tuberculose.

Selon lui, les économies émergentes affectées par cette maladie, comme la Chine, lʹInde et lʹAfrique du Sud, devraient investir dans la R&D afin dʹen réduire le coût.

La recommandation négative de lʹOMS, publiée le mois dernier (20 juillet), ne sʹapplique pas aux tests sanguins concernant lʹinfection tuberculeuse latente, que lʹOMS est actuellement en train dʹexaminer.

La tuberculose tue 1,7 million de personnes chaque année.

Lien vers la déclaration politique de lʹOMS (en anglais)