12/12/08

Les médicaments : la prochaine cible dans la prévention du VIH

Des antirétroviraux tels que la zidovudine pourraient être la clé de la prévention du VIH Crédit image: NIH

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Des experts en santé annoncent que les recherches sur la prévention du VIH devront se concentrer sur la possibilité d’utiliser les antirétroviraux, suite à l’échec des essais d’un vaccin et d’un microbicide.

Le magazine The Lancet a publié les résultats d’un essai non concluant d’un gel vaginal microbicide destiné à protéger les femmes contre l’infection par le VIH la semaine dernière (6 décembre). Dans le même temps, l’essai de l’un des vaccins candidats les plus prometteurs contre le virus se serait soldé par un échec le mois dernier (13 novembre).

Le microbicide Carraguard a été évalué dans le cadre d’un essai clinique randomisé auquel 6 000 femmes sexuellement actives, séronégatives en Afrique du Sud ont pris part.

Au terme de l’essai qui a duré deux ans, il y a eu 134 infections dans le groupe utilisant le Carraguard contre 151 dans le groupe sous placebo. En outre, le microbicide n’a été utilisé que dans 42 pour cent des actes sexuels. Les résultats ont été communiqués en février dernier (voir ‘Un gel contre le VIH inefficace dans la prévention de l’infection’) et l’étude vient d’être publiée.

Pour Willard Cates, chercheur auprès de Family Health International, en Caroline du Nord, aux Etats-Unis, et auteur d’un commentaire sur l’étude publié dans The Lancet, "c’était un essai clinique d’importance, aussi bien conduit que possible". 

"Mais je pense qu’on peut dire sans risque de se tromper que le Carraguard utilisé comme seul agent microbicide n’est pas efficace", a-t-il déclaré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net). "Mais il se pourrait qu’associé à un antirétroviral, [Carraguard] puisse être efficace- comme potentielle prochaine étape de l’essai, cela serait fascinant".

Cates a écrit que la prochaine cible de la recherche sur la prévention du VIH sera l’étude de la possibilité d’utiliser les antirétroviraux dans la prévention de l’infection.

Dans le cadre des essais du vaccin – développé par la firme pharmaceutique Merck – ceux qui y ont pris part avaient un taux d’infection plus élevé que celui du groupe témoin.

Omu Anzala, directeur de programme à l’Initiative kenyane de Vaccin contre le SIDA (KAVI), avoue que ce résultat les renvoie à la case départ, puisque KAVI, à l’instar de bien d’autres groupes de recherche sur le VIH, développe jusqu’ici des vaccins au fonctionnement semblable à celle de Merck.

Il a déclaré à SciDev.Net : "L’essai effectué par Merck a influencé beaucoup d’autres essais. Cela a été une vraie onde de choc pour tous les chercheurs sur le VIH dans le monde. Au KAVI, il est possible que nous ne poursuivions pas les essais avant d’avoir revu [nos recherches] dans le but de mieux comprendre l’immunologie et la virologie". 

Pour Cates, si la communauté de chercheurs travaillant sur la prévention du VIH n’a pas perdu l’espoir de trouver un vaccin, l’incertitude quant au temps qu’il faudra consacrer au développement d’un tel outil fait que la prévention par l’utilisation d’une combinaison de diverses méthodes de traitement doit désormais être étudiée.

De telles méthodes de prévention comprendront, affirme-t-il, des interventions sur les plans à la fois du comportement et de la recherche qui peuvent se renforcer mutuellement. "Nous avons besoin de l’abc jusqu’à z — d’un alphabet complet de la prévention du VIH. Il n’y a pas de solution magique. Tout médicament [pris individuellement] n’offre en fait qu’une protection partielle".

Lien vers le résumé sur le microbicide dans The Lancet

Références

The Lancet 372, 1,932 and 1,977 (2008)

The Lancet 372, 1,881 (2008)