16/02/10

Les jours du traitement chirurgical de l’ulcère de Buruli seraient comptés

Les antibiotiques pourraient faire oublier la chirurgie Crédit image: Flickr/interplast

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[ACCRA] Des spécialistes de l’ulcère de Buruli affirment avoir pris, à la suite d’un essai dont le résultat à été publié dans The Lancet, un pas de plus vers l’évitement de la chirurgie pour le traitement de cette maladie débilitante.

Des chercheurs ont ainsi découvert que l’ulcère de Buruli peut être, dans la plupart des cas, traité avec succès avec uniquement des antibiotiques — à condition de détecter la maladie suffisamment tôt.

L’ulcère de Buruli est causée par Mycobacterium ulcerans et provoque une invalidité permanente et le défigurement si elle n’est pas traitée à temps (voir Le diagnostic précoce ‘essentiel’ dans le traitement de l’ulcère de Buruli).

Le traitement standard consistait en une chirurgie pour ôter les tissus infectés et corriger les difformités. Mais après une étude pilote prometteuse réalisée en 2004, l’OMS a actualisé ses directives et a recommandé un traitement complémentaire avec des antibiotiques, à savoir, la streptomycine et la rifampicine.

Des chercheurs venant d’Allemagne, du Ghana et des Pays-Bas — écrivant dans The Lancet ce mois-ci (4 février) – ont testé deux antibiothérapies différentes sur 150 malades de l’ulcère de Buruli au Ghana.

A peu près la moitié du groupe a reçu des injections de streptomycine et de la rifampicine par voie orale pendant huit semaines. L’autre moitié a reçu de la streptomycine et de la rifampicine pendant quatre semaines, suivi de la rifampicine et de la clarithromycine par voie orale pendant quatre semaines.

Au bout d’un an, les ulcères de plus de 90 pour cent des patients dans les deux groupes étaient guéris, et celui d’aucun patient n’est revenu. Seuls cinq patients ont eu besoin d’une chirurgie lourde.

Cette étude n’est pas la première à tester l’utilisation des antibiotiques en tant qu’unique traitement. Cependant, à part l’étude pilote de 2004, de tels essais n’ont été réalisés qu’à des fins d’observation.

Dans un commentaire associé à l’étude également publiée dans The Lancet, Paul Johnson du Département des maladies infectieuses à Austin Health et à l’Université de Melbourne, en Australie, a déclaré que cette étude "va changer la pratique clinique" et a "établi un point de référence pour les essais ultérieurs qui pourraient évaluer de nouvelles combinaisons d’antibiotiques".

Pour Edwin O. Ampadu, chercheur auprès du Programme national de lutte contre l’ulcère de Buruli au Ghana et co-auteur de l’étude, la recherche donne aux malades et aux cliniciens des raisons d’espérer que le traitement oral pourra remplacer la chirurgie lorsque la maladie est détectée tôt.   

"Nous espérons que nous pourrons bientôt en finir avec la chirurgie en ce qui concerne l’ulcère de Buruli. Mais il est nécessaire d’intensifier la détection précoce des cas dans les communautés rurales endémiques, pour permettre l’utilisation d’antibiotiques".

Kinsley Bampoe Asiedu, un expert sur l’ulcère de Buruli à l’OMS, a affirmé que l’étude "nous rapproche de notre objectif ultime qui est de disposer d’un traitement oral complet pour cette maladie. Il y a dix ans, il était inconcevable que le traitement de l’ulcère de Buruli avec des antibiotiques fût possible".

Références

The Lancet doi 10.1016/S0140-6736(09)61962-0 (2010)