12/05/09

Le volet médical de la Fondation Gates sous le feu des critiques

Capricieux? The Lancet se demande si la Fondation doit être orientée par les "intérêts et les passions de la famille Gates Crédit image: Flickr/ehavir

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The Lancet, la revue médicale, vient de publier un article critique contre la Fondation Bill et Melinda Gates, expliquant que son influence crée des distorsions dans l’agenda de la santé mondiale.

Selon des informations contenues dans un document de recherche, un article et un éditorial parus dans la plus récente édition du magazine The Lancet (8 mai), la Fondation n’investirait pas suffisamment dans les projets dont l’utilité est prouvée; elle consacrerait beaucoup trop de moyens à la recherche à haut risque au détriment de programmes plus susceptibles de porter des fruits; et subventionnerait trop peu des instituts de recherche compétents des pays en développement.

Cette fondation est la plus grande et la plus riche organisation caritative privée au monde et elle "jouit d’une grande influence à la fois sur l’’organisation et l’agenda de la santé mondiale", rappellent David Mc Coy, chercheur attaché au Centre pour la Santé mondiale et le Développement du University College de Londres au Royaume-Uni, et ses collègues.

L’équipe de Mc Coy a analysé la destination des subventions accordées par la Fondation dans le domaine de la santé mondiale entre janvier 1998 et décembre 2007, et établi que la Fondation a alloué presque US$ 9 milliards répartis sur 1.094 subventions dont les montants varient entre US$ 3.500 et US$ 750 millions.

Vingt organisations seulement ont bénéficié de 65 pour cent des dons, et les pays à faible revenu n’ont reçu que 5 pour cent de cette somme.

Un éditorial publié par la même revue qualifie le soutien de la Fondation au financement de la santé mondiale de "stupéfiante", et ajoute qu’elle " a lancé un défi au monde afin qu’il pense plus grand et soit plus ambitieux sur les solutions envisageables".

Mais il émet quelques réserves sur les priorités de la Fondation. « Par exemple, la prioriité mise sur le paludisme dans les régions où d’autres maladies causent plus de souffrances humaines crée des obligations dommageables et perverses pour les hommes politiques, les décideurs, et les travailleurs de la santé. »

Le système de subventions de la Fondation est également passé au peigne fin – il "semble être géré en grande partie à travers un système de réseaux et relations personnels plutôt que sur la base d’un processus transparent fondé sur une évaluation par les pairs menée de manière indépendante et reposant sur une expertiise technique" conclut l’équipe.

L’éditorial va même peu plus loin en qualifiant la prétendue politique de la Fondation dictée par «les intérêts et les passions de la famille Gates» comme étant un «principe de gouvernance fondé sur des caprices ».

Dans un article qui accompagne cette étude, Robert E. Black, de l’Ecole de santé publique de John Hopkins et ses collègues affirme que la meilleure contribution de la Fondation Gates consisterait à soutenir des travaux de recherche sur des sujets à faible risque, et à forte rentabilité tels que la thérapie de réhydratation par voie orale ou le développement de comprimés de zinc contre la diarrhée, en lieu et place de son approche actuelle constituée de projets à haut risque et à rendement élevé.

Black et ses collègues ont également soulligne l’absence de financement direct au bénéfice des pays à revenu intermédiaire.

Tadataka Yamada, directeur exécutif du programme de santé mondiale à la Fondation Gates, a réaffirmé, au cours d’une conférence de presse à Londres, au Royaume-Uni, le mois dernier (30 avril) que la Fondation était favorable aux solutions technologiques

"Fondamentalement, nous sommes convaincus que les solutions basées sur la technologie sont les approches les plus économiques pour les personnes les plus pauvres", a-t-il déclaré au reporter de SciDev.Net… Nous faisons beaucoup d’efforts pour garantir que les solutions de santé existantes sont délivrées de manière appropriée…mais pour les cas où aucune solution n’existe, nous travaillons d’arrache-pied pour essayer de mettre au point de nouvelles solutions et garantir leur disponibilité."
La Fondation n’a pas usé de son droit de réponse dans The Lancet, mais a fait la déclaration suivante à Associated Press: « Nous accueillons favorablement cet article et ses conclusions. Nous essayons d’être le plus rationnels possibles dans l’allocation de nos ressources, et nous sommes constamment en demande de réactions des experts et de toutes les parties concernées qui sont extérieurs à la Fondation. »
« Finalement, nous nous fions à notre meilleur jugement pour décider du domaine dans lequel notre financement peut contribuer le plus à la réduction des inégalités qui existent dans le domaine de la santé à travers le monde.

L’intégralité de l’entretien avec Tachi Yamada sera bientôt publiée sur le site de SciDev.Net.

Lien vers l’article complet sur la politique sanitaire dans The Lancet

Lien vers l’article complet de commentaire The Lancet

Lien vers l’éditorial complet dans The Lancet