19/08/10

L’Egypte rejette une étude concluant à une forte prévalence de l’hépatite C

Le réservoir d'infection que constitue le système égyptien de banques du sang pourrait expliquer la forte prévalence de l'hépatite C Crédit image: iStockphoto/choja

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[LE CAIRE] Selon les résultats d'une nouvelle étude, environ un demi million de personnes seraient infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) chaque année en Egypte, soit la plus forte prévalence dans le monde, et une personne sur dix y serait porteuse du VHC.

Pour Laith Abu-Raddad, co-auteur de l'étude, l'une des raisons majeures de cette forte prévalence tient au niveau élevé des dons de sang contaminé en Egypte. "Il est plus probable que la transmission soit plus élevée en Egypte parce que la prévalence de base y est environ 20 fois supérieure [à celle des autres pays]", explique-t-il.

Toutefois, les conclusions de cette étude ont été contestées par le ministère égyptien de la santé.

Wahid Doss, directeur du Comité national égyptien sur l'hépatite virale affirme que les chiffres, publiés en ligne ce mois (9 août) dans Proceedings of the National Academy of Sciences, sont très exagérés.

"Selon notre enquête la plus récente, on enregistre seulement quelques 100.000 nouveaux cas d'hépatite C chaque année", a-t-il déclaré à Al-Masry Al-Youm, un journal local.

Abu-Raddad, professeur associé en santé publique au Weill Cornell Medical College au Qatar, dit 'avoir anticipé une telle réaction de la part du gouvernement'.

"En général, dès que les résultats sont politiquement sensibles, l'étude est rejetée", fait-il remarquer.

Pour Mohammed Ezz Al-Arab, chef de l'unité d'oncologie à l'Institut national d'hépatologie et de médecine tropicale, "'ces chiffres [élevés] auraient pu être fondés il y a dix ans de cela".

"Mais après tous les efforts déployés par le gouvernement, comme le lancement de nouveaux programmes de contrôle de l'infection ciblant les professionnels de la santé et les banques de sang en Egypte, le nombre de nouvelles infections au VHC a baissé considérablement", révèle Ezz Al Arab.

Selon lui, la plupart des personnes infectées sont âgées de plus de 45 ans, 'exposées au VHC par une 'injection intraveineuse lors de campagnes de lutte contre la bilharziose dans les années 60. "Chez les personnes âgées de moins de 15 ans, le taux de prévalence est vraiment faible du fait d'une meilleure sensibilisation de nos jours grâce à des campagnes permanentes".

Alaa Ismail, chef de l'unité de recherche sur le foie à la faculté de médecine de l'Université Ain Shams au Caire, pense qu'il existe de nombreux indicateurs laissant croire à une baisse du niveau des infections au VHC, comme la baisse du nombre de cas signalés par les banques de sang.

Il note toutefois que même le chiffre de 100.000 cas serait élevé, et l'impute au manque de technologies médicales à usage unique et à de mauvaises habitudes d'hygiène.

Les responsables égyptiens ont reconnu que des études de terrain sur l'ensemble du territoire n'ont pas été menées parce qu'elles nécessiteraient d'énormes ressources humaines.

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