28/12/15

Flambée de cancer dans les pays du Sud

Cancer news piece rise
Crédit image: Kieran Dodds / Panos

Lecture rapide

  • Les infections liées au cancer sont les plus répandues dans les pays en développement
  • La prévalence des cancers liés à l’obésité et au tabagisme est aussi en hausse
  • Il faut investir dans le dépistage pour alléger le poids de cette maladie sur le budget des systèmes de santé

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Une étude publiée le 14 décembre dernier constate qu’au moment où les pays du Sud s’évertuent à maîtriser les maladies infectieuses, ils doivent aussi faire face à une hausse rapide du taux de prévalence du cancer.
 
Publiée dans la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, l’étude s’intéresse aux conséquences globales du cancer dans le monde et au taux de mortalité due à cette maladie jusqu’en 2012.
 
Ainsi, le taux de mortalité due au cancer du sein par exemple a doublé au Zimbabwe et en Ouganda entre 1992 et 2007.
 
L’équipe de chercheurs, dirigée par Lindsey Torre, épidémiologiste à l’American Cancer Society d’Atlanta, aux Etats-Unis, a pu démontrer que les pays à revenus faibles ou intermédiaires ont les taux de cancer liés aux infections les plus élevés au monde.
 
Il s’agit notamment du cancer de l’estomac, lié à une infection causée par la bactérie Helicobacter pylori ; le cancer du foie, provoqué par le virus de l’hépatite B ou C et le cancer du col de l’utérus consécutif au virus du papillome humain (VPH).
 
L’étude identifie le cancer du col de l’utérus comme étant la troisième cause des décès dus au cancer chez les femmes dans les pays en développement, alors qu’il est plus rare dans les pays à revenus élevés.
 
Sur la période qui a fait l’objet de l’étude, au Zimbabwe, le taux moyen de mortalité due au cancer du col de l’utérus chez les femmes a été de 87 décès pour 100 000 femmes, tandis qu’au Malawi et en Ouganda, ces taux sont respectivement de 76 et 54.
 
Selon les auteurs de l’étude, ces taux sont plus de deux fois supérieurs à ceux enregistrés dans toutes les autres bases de données sur le cancer, qui ont été consultées au cours de de cette étude.
 
Celle-ci rappelle également que depuis toujours, 21% de femmes africaines sont infectées par le virus du papillome humain, contre seulement 5% en Amérique du Nord.
 
Bien que les taux de prévalence du cancer dans les pays à revenus élevés restent les plus importants au monde, l’incidence et le taux de mortalité due à cette maladie sont en baisse grâce aux progrès accomplis dans les domaines du dépistage et du diagnostic
 
L’étude démontre ainsi que la prévalence du cancer du col de l’utérus a reculé de 70% dans les pays à revenus élevés depuis l’introduction des tests de dépistage.
 
Par contre, "ni les Africains vivant dans les villes, ni ceux qui vivent en zones rurales n’ont accès aux  diagnostics et aux  traitements de qualité", regrette Clément Adebamowo, directeur du Nigerian national system of cancer registries.

“Vu le niveau élevé de pauvreté dans le monde en développement, vu la culture de négligence du suivi des malades et la faiblesse des niveaux d’instruction, la plupart des patients ne peuvent pas se payer les soins et ne vont pas au bout du traitement”

Nigerian national system of cancer registries

 
Selon la même étude, l’incidence des cancers liés au mode de vie, c’est-à-dire l’obésité, le manque d’activité physique ou le tabagisme, augmente aussi dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.
 
Avec l’effet combiné de tous ces facteurs, les systèmes de santé des pays pauvres risquent d’être débordés par la hausse de la prévalence du cancer, d’autant plus qu’ils sont déjà préocupés par la hausse des maladies infectieuses, prévient Lindsey Torre.
 
"Ils risquent tout simplement de manquer de ressources pour prévenir, traiter efficacement cette maladie et prodiguer des soins palliatifs aux malades", avertit-elle.
 
Un avis que partage Clément Adebamowo : "vu le niveau élevé de pauvreté dans le monde en développement, vu la culture de négligence du suivi des malades et la faiblesse des niveaux d’instruction, la plupart des patients ne peuvent pas se payer les soins et ne vont pas au bout du traitement", dit-il, convaincu de ce que si l’on veut aider les systèmes de santé de ces pays, il faut investir dans la prévention.
 
Selon Lindsey Torre, ces mesures préventives devraient inclure des restrictions sur la vente du tabac, l’amélioration du dépistage et des initiatives visant à rendre disponibles et accessibles les vaccins contre les infections dues au virus du papillome humain [VPH] et à l’hépatite B.

Références

Torre, L.  and others. Global Cancer Incidence and Mortality Rates and Trends—An Update. (Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, 14 December 2015)