30/09/13

Des médicaments anti-schistosomiase pour limiter la transmission du VIH

Schistosomiasis
Crédit image: Flickr/Yale Rosen, Pulmonary Pathology

Lecture rapide

  • Les femmes atteintes de la schistosomiase génitale sont plus susceptibles d'être infectées par le VIH
  • Une administration massive du praziquantel peut limiter la transmission du VIH et le coût de sa prévention
  • Toutefois, un expert affirme que cette approche ne prend pas en compte les droits éthiques et humains

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[HARARE] D’après une étude de modélisation qui s’est concentrée sur le Zimbabwe, une administration massive du praziquantel — un médicament hautement efficace et bon marché pour le traitement de la schistosomiase – en ciblant les enfants d'âge scolaire peut réduire de nouvelles infections à VIH chez les jeunes femmes.
 
Les chercheurs affirment qu’en Afrique sub-saharienne, près de deux tiers des cas de schistosomiase – une maladie tropicale négligée transmise par le plathelminthe présent dans les eaux sales – surviennent à cause des infections des voies génitales et urinaires provoquées par le Schistosoma haematobium.

Les femmes atteintes de la schistosomiase génitale sont trois à quatre fois plus susceptibles que celles qui n'en souffrent pas d'avoir le VIH, selon les chercheurs.

"Nous avons utilisé des données transversales et cliniques provenant du Zimbabwe, ainsi que des modèles mathématiques, pour prédire sur une période de dix ans, les potentiels avantages économiques et sanitaires de l'administration massive du praziquantel aux enfants d'âge scolaire pour réduire la transmission du VIH chez les femmes", a déclaré Martial Mbah, auteur principal de l'étude et expert en santé publique à l'Université de Yale, aux Etats-Unis.

L'étude, publiée dans la revue PLoS Neglected Tropical Diseases le mois dernier, affirme que cette intervention pourrait faire économiser jusqu'à US$ 100 millions en coûts de soins de santé relatifs au VIH/SIDA dans ce pays en dix ans.

Elle montre également que si on suppose que le médicament est efficace à 30 pour cent, alors son administration annuelle peut permettre de prévenir 41 500 cas de VIH chez les femmes en dix ans, mais si l'on suppose qu’il est efficace à 70 pour cent, près de 97 000 cas de VIH pourraient être évités à la même échelle de temps.

Martial Mbah a déclaré à SciDev.Net que parce que la schistosomiase génitale est très fréquente chez les filles et les femmes africaines, les résultats de cette étude peuvent être appliqués à d'autres pays où le S. haematobium et le VIH sont courants.
 
Il a ajouté que compte tenu des difficultés économiques auxquelles sont confrontés de nombreux pays africains, par exemple, le Zimbabwe, les principales initiatives consacrées à la prévention du VIH/SIDA en Afrique, telles que le Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme devraient adopter l’administration massive de ce médicament et soutenir son extension à toutes les régions touchées à travers l'Afrique.

Mais un spécialiste du VIH/SIDA, ancien directeur exécutif de Family AIDS Caring Trust au Zimbabwe, Jephias Mundondo, a laissé entendre que la recherche n’abordait pas les questions éthiques et de droits humains entourant l'administration massive de ce médicament. Il a ajouté qu'il y avait un souci qui était de faire des économies d'argent et que tout le reste importait peu.

"Bien que l'idée soit économiquement viable, le défi réside dans son éthique et l'acceptabilité de [son application massive]", a-t-il poursuivi.
 
Lien vers l’étude complete dans PLoS Neglected Tropical Diseases
Le présent article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références

PLoS Neglected Tropical Diseases doi:10.1371/journal.pntd.0002346 (2013)

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