29/11/18

Peu de progrès réalisés contre la méningite en 25 ans

Medson Boti talks with a child while on a home visit in his role as a palliative care clinician
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les décès dus à la méningite n'ont diminué que de 21% en 25 ans
  • En cause, l'absence de vaccination systématique contre la maladie
  • Des efforts coordonnés sont nécessaires pour lutter contre la méningite en Afrique

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[NAIROBI] Selon une nouvelle étude, en dépit d'une réduction accrue du nombre de décès dus à des maladies évitables par la vaccination, telles que la rougeole et le tétanos, au cours des 25 dernières années, le nombre de décès dus à la méningite reste élevé.

Avec le lancement d'initiatives telles que la campagne de vaccination MenA en 2010 pour lutter contre la méningite – une inflammation des membranes qui enveloppent le système nerveux central : encéphale et moelle épinière -, les chercheurs s'attendaient à une réduction du nombre de cas de la maladie.

Mais alors que la rougeole, le tétanos et la diarrhée due au rotavirus ont enregistré des diminutions de taux de mortalité de 93%, 91% et 58% respectivement, entre 1990 et 2016, la méningite a quelque peu marqué le pas : la diminution de la mortalité liée à la maladie n'était en effet que de 21%, selon l'étude, publiée dans l'édition du 1er décembre de la revue Lancet Neurology.

"La vaccination est le meilleur moyen de prévenir la méningite et malgré des progrès considérables au cours des 20 dernières années, d'importantes épidémies continuent de se produire", déclare Linda Glennie, co-auteure de l'étude et directrice de recherche, des bases factuelles et des politiques à la Fondation pour la recherche sur la méningite.

"Loin d'être vaincue"

« Près de 18.000 cas de méningite causés par l'infection à méningocoque du groupe C ont été rapportés au Niger et au Nigéria en 2017, ce qui montre une nouvelle fois que la méningite est très loin d'être vaincue. »

Le nombre de cas de méningite est passé de 2,5 millions en 1990 à près de trois millions en 2016 dans le monde, l’Afrique subsaharienne et l’Inde étant les plus touchées.

L’équipe de recherche du GBD – Global Burden of Diseases, Injuries and Risk Factors – a recouru à des données de sources hospitalières et à divers témoignages, pour estimer le fardeau de la méningite.
 
Elle a également utilisé des techniques de modélisation statistique pour générer des estimations du nombre de décès et de l'incidence, là où des données n'étaient pas disponibles.

Au regard du fait que les vaccins ne sont pas encore disponibles pour toutes les causes de méningite, d'autres initiatives et programmes pouvant aider à lutter contre la maladie en Afrique incluent un besoin important de tests rapides, fiables, simples et rentables pour la méningite, explique Linda Glennie.

« Réduire les naissances prématurées, améliorer les conditions d'hygiène et l'assainissement dans les hôpitaux et à la maison pour un nouveau-né, ainsi que des programmes de santé publique plus généraux visant à réduire le tabagisme, la surpopulation… auraient un impact sur la lutte contre la méningite », a-t-elle déclaré à SciDev.Net.

“La vaccination est le meilleur moyen de prévenir la méningite et, malgré les progrès importants accomplis au cours des 20 dernières années, de grandes épidémies continuent de se produire.”

Linda Glennie, Fondation pour la recherche sur la méningite

Étant donné que la méningite peut se propager à l'échelle mondiale, il est nécessaire de déployer des efforts coordonnés pour la vaincre, ajoute-t-elle.

« Nous avons besoin de progrès plus rapides, similaires à ceux obtenus avec la rougeole, le tétanos et la diarrhée due au rotavirus », précise-t-elle.

Selon Ombeva Malande, vaccinologue et directeur du Centre pour les vaccins et services de vaccination en Afrique de l'Est, le nombre de décès dus à la méningite en Afrique subsaharienne a augmenté au cours des 25 dernières années, en raison de l'absence de politiques de vaccination systématique.

Les experts en matière de santé publique et les décideurs africains, dit-il, doivent se préoccuper de la méningite de toute urgence, car bien que mortelle et dangereuse, elle peut être prévenue grâce aux vaccins.

« Les résultats de cette étude sont inquiétants, mais ils sont également utiles pour renforcer la surveillance, l'éducation à la santé et la vaccination de masse ou ciblée », conclut Ombeva Malande.