15/01/17

Santé: Facebook, vecteur de diffusion de fausses informations

Fake news Facebook.jpg
Crédit image: Atul Loke / Panos

Lecture rapide

  • 24 messages Facebook sur 200 étudiés colportaient des informations erronées
  • Ces messages étaient plus populaires que ceux avec des contenus corrects sur Zika
  • La communication officielle est confrontée à une "concurrence déloyale"

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L'épidémie de Zika qui s'est répandue sur le continent américain l'année dernière s'est accompagnée d'une autre flambée, celle des rumeurs et des fausses informations sur la maladie.

Des chercheurs des universités du Wisconsin et de Tulane aux États-Unis ont analysé 200 messages (en anglais) sur Facebook et ont constaté que les rumeurs et théories du complot étaient plus populaires sur la plateforme que les informations fiables.
 
En utilisant les mots-clés "Zika" et "virus", les scientifiques ont identifié des vidéos et autres documents pertinents publiés sur une période d'un mois.

Deux médecins indépendants ont ensuite sélectionné les 200 posts les plus partagés et ont déterminé que 12% d'entre eux informaient mal le public au sujet du virus.
 

“Ce qui est intéressant, c'est que les médecins étudient les phénomènes de communication; c'est un bon 'symptôme'.”

Dominique Brossard
Université de Wisconsin-Madison

Dans un article publié dans la Revue américaine du Contrôle des Infections, les auteurs ont signalé que même si les messages publiés par des institutions telles que l'Organisation mondiale de la santé atteignaient 43 000 pages vues, des pages trompeuses qui décrivaient Zika comme un stratagème médical ou un canular ont été vues 530 000 fois.
 
"Ce genre de désinformation peut être nocif parce qu'il renforce les récits fantaisistes, entravant les efforts pour arrêter la flambée", a conclu le groupe de recherche.
 
"Ce qui est intéressant, c'est que les médecins étudient les phénomènes de communication; c'est un bon "symptôme", a pour sa part commenté Dominique Brossard, professeur au Département de communication scientifique à l'Université du Wisconsin-Madison, dans une interview à SciDev.Net.
 
Cependant, Dominique Brossard y voit une limitation. Elle est convaincue que se concentrer sur les messages publics de Facebook exclut la caractéristique la plus importante de la plateforme: l'information qui circule en privé entre les groupes d'amis. "Cela pourrait modifier les résultats de l'étude", a-t-elle ajouté.
 
Carlos Daguer, conseiller en stratégies de communication du ministre colombien de la Santé, estime quant à lui qu'il s'agit d'une "concurrence déloyale".
 
Le responsable colombien a conçu le plan de son pays pour faire face à la désinformation autour de l'épidémie de Zika et des fausses rumeurs sur la vaccination contre le papillomavirus humain.
 
Selon lui, les responsables de la communication des établissements de santé se sentent généralement désarmés parce qu'ils doivent tenir compte de la réputation institutionnelle lors de la conception de messages pour le public, tandis que ceux qui propagent des messages sans rigueur scientifique recourent sans limites à la rhétorique de la désinformation.
 
Pour lui, l'information institutionnelle, qui est par nature technique et bien conçue, "finit généralement par être transformée en un récit aux relents prévisibles et susceptible d'être mal compris."
 
Les auteurs du document ont souligné l'importance de plateformes telles que Facebook pour la diffusion de l'information lors de crises majeures dans le secteur de la santé.
 
Aujourd'hui, environ 64% des adultes en Amérique du Nord sont informés par le biais de Facebook.