28/11/12

Les fonds pour le climat au service des politiques publiques

Les pays africains investissent dans les sources d'électricité renouvelables dans le cadre de la planification du développement Crédit image: Flickr/PRI's The World

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

Pour le climatologue Simon Anderson, les pays en développement méritent d'être mieux soutenus dans leurs efforts visant à faire des changements climatiques une question prioritaire du développement.

Lors de la conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de l'année dernière, les Etats ont décidé que des "évaluations globales et itératives des besoins de développement et des vulnérabilités climatiques" devraient constituer la base des programmes nationaux d'adaptation aux changements climatiques. [1]

Certaines initiatives visent d'ores et déjà à atteindre cet objectif. Lors d'un atelier organisé en Tanzanie le mois dernier, des décideurs politiques venant du Bangladesh, d'Erythrée, d'Ethiopie, de Gambie, du Ghana, du Kenya, du Mozambique, d'Ouganda et de Tanzanie ont discuté des progrès relatifs à l'intégration des stratégies de lutte contre les changements climatiques dans les projets de développement de leurs pays. [2]

Ainsi, le Plan d'action du Kenya contre les changements climatiques – validé le 22 novembre et présenté lors de l'actuelle 18è session de la  conférence des parties (COP 18) à Doha, au Qatar (26 novembre-7 décembre) – couvre des domaines comme l'adaptation, le financement, les accords institutionnels, l'atténuation, la technologie, le développement des capacités et la gestion des connaissances. [3]

La Stratégie éthiopienne pour une économie verte et résiliente face aux changements climatiques soutien une large gamme d'investissements, dont la production d'électricité à partir de sources d'énergie renouvelables, l'accroissement de l'utilisation de fourneaux plus efficaces, et l'accroissement de l'efficacité du secteur de l'élevage.

De même, le Ghana et le Mozambique ont élaboré des stratégies nationales de lutte contre les changements climatiques et la Gambie est intègre la réponse aux changements climatiques dans son Programme de croissance accélérée et d'emploi.

L'intégration de questions transversales dans les politiques et la planification a donné naissance au terme anglais de 'mainstreaming'. C'est-là un objectif important car les changements climatiques sont un problème de politique bien particulier, du fait de représenter un objectif constamment mobile et en croissance.

Aborder la question financière est nécessaire pour consolider les efforts visant à intégrer les changements climatiques dans la planification du développement ; ainsi, l'appui d'un futur Fonds vert pour le climat contribuerait à l'atteinte de cet objectif. Les discussions lors de la COP 18 doivent aborder la façon d'y parvenir.
 

Un nouveau terme : le 'mainstreamlining'


Les participants à l'atelier organisé en Tanzanie ont créé le terme 'mainstreamlining' pour donner une description plus précise de la meilleure façon de faire des changements climatiques une question prioritaire. Il s'agissait pour eux d'éviter que cet objectif ne soit victime, comme l'ont été les initiatives de 'mainstreaming' précédentes, d'une dilution de son contenu, ou d'une approche qui ne consiste qu'à atteindre des objectifs sur papier sans réel impact concret.

Les changements climatiques s'ajoutent à la complexité des processus de développement. Ainsi, pour rendre le travail des planificateurs gérable, le 'mainstreamlining' consiste à identifier les composantes essentielles et les mettre en place en fonction du contexte dans chaque pays.

Pour ces composantes, les participants de l'atelier de Tanzanie ont identifié des analyses des dispositions législatives, réglementaires, politiques, stratégiques et de mise en œuvre. Ils ont également convenu qu'il est important d'avoir une répartition claire des responsabilités entre les différents ministères, services et organismes, avec un bon leadership ainsi qu'une bonne coordination.

Des cadres à moyen terme et des plans sectoriels peuvent servir de véhicules pour le 'mainstreamlining' du climat, et des critères nationaux pour donner la priorité aux réponses aux changements climatiques doivent être élaborés.

Pour la gestion de l'aspect financier, un mécanisme de mobilisation des fonds est jugé essentiel, tout comme un contrôle budgétaire centralisé ; des directives sont nécessaires pour l'élaboration des plans de réponse aux changements climatiques et l'allocation budgétaire pour les secteurs public et privé ; et il des mécanismes de suivi de l'efficacité des dépenses d'adaptation aux changements climatiques sont à créer.
 

En attendant le Fonds vert pour le climat


A mesure que la conception du Fonds vert pour le climat touche à sa fin et que sa capitalisation est prévue avant la fin de l'année 2013, les préparatifs lancés par les pays en développement sont cruciaux pour déterminer le meilleur usage des financements de la lutte contre les changements climatiques dans le cadre de programmes intégrés dans des systèmes de planification du développement.

Le modèle du Fonds vert pour le climat doit surmonter les problèmes actuels, notamment les longues attentes nécessaires avant d'accéder aux fonds proposés par les programmes d'appui mondiaux, ainsi que les frais de fonctionnement imposés par les organismes multilatéraux impliqués.

Les participants à l'atelier organisé en Tanzanie ont convenu que les pays en développement devraient avoir un accès direct au financement international de lutte contre les changements climatiques et devraient créer des structures nationales de mise en œuvre pour attirer ces ressources. Cela faciliterait la mise en commun de fonds par le biais d'un fonds national, et ensuite l'orientation des ressources vers les priorités convenues aux niveaux national et local.

La réunion a fourni de nombreuses illustrations montrant comment les pays en développement se préparent pour des systèmes nationaux pour relever les défis des changements climatiques. Ces initiatives méritent le soutien du Fonds vert pour le climat, et fournissent une plate-forme pour de futures réponses aux changements climatiques dans les pays en développement.

Pour que le mainstreamlining prenne véritablement son envol, les planificateurs gouvernementaux doivent remédier au faible niveau de connaissances sur les changements climatiques et leurs effets, à la mauvaise coordination entre les ministères, et aux budgets trop modestes.

La création du Fonds vert pour le climat signifie que les pays en développement s'apprêtent à pouvoir accéder à des financements importants grâce auxquels ils pourront répondre aux changements climatiques. Le conseil d'administration du fonds s'est engagé à fonctionner de manière transparente et responsable et de canaliser des ressources financières nouvelles, adéquates et prévisibles auxquelles les pays en développement directement accéder.

Le défi consistera à faire tout cela d'une manière prenant en compte les besoins de développement et la vulnérabilité climatique dans le même temps — c'est-là toute l'importance du 'mainstreamlining'.

Simon Anderson est chef du groupe d'experts sur l'évolution du climat à l'Institut international pour l'environnement et le développement. Il peut être contacté à [email protected]