13/05/11

Comment tirer le meilleur parti de la collaboration en matière de recherche

L'appui des gouvernements est crucial pour les partenariats de recherche fructueux entre les pays développés et les pays en développement Crédit image: Flickr/Thomas Lumpkin/CIMMYT

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Un rapport de l’OCDE énonce les bonnes pratiques pour mener une collaboration internationale efficace dans le domaine de la recherche – même si le succès n’est jamais garanti.

L’un des aspects les plus encourageants en matière de développement au cours de ces dernières années a été la volonté croissante des chercheurs, stimulés par des organismes comme l’Agence suédoise de développement international, de collaborer par-delà les frontières pour élaborer des solutions à d’importants problèmes scientifiques et sociaux.

Au départ, la majeure partie de cette collaboration internationale se faisait entre les scientifiques des pays développés — qui disposent de plus de ressources financières et techniques — et ceux des pays en développement qui jouaient souvent le rôle de simples associés, se voyaient confier des tâches mineures, comme la collecte des données ou l’exécution de calculs de masse.

Plus récemment, ces partenariats sont devenus plus équitables à mesure que les scientifiques des pays développés ont compris que le contexte local affectait  leur travail, et que les pays en développement avaient renforcé leurs propres capacités de recherche. Les collaborations sud-sud en matière de recherche se sont également multipliées quand les pays en développement ont commencé à renforcer leur base scientifique

Le mois dernier, le Mexique et le Honduras ont annoncé la signature d’un accord sur les échanges scientifiques — le dernier d’une liste de plus en plus longue de collaborations qui produisent des retombées scientifiques, sociales et même politiques et  aident, par exemple, à renforcer les liens commerciaux

Mais le chemin à parcourir est encore long avant que toutes ces collaborations ne deviennent harmonieuses et  rentables. Ces dernières années, des projets visant à stimuler la recherche et le développement dans le monde islamique ne se sont pas concrétisés. En Afrique, des projets d’un réseau phare pour une formation de troisième cycle en sciences ont été retardés l’an dernier par des conflits politiques internes.

Trop souvent, des malentendus, des espoirs irréalistes, des capacités discordantes et une bureaucratie excessive sapent les efforts de création de partenariats qui devraient pourtant etres efficaces. Ces obstacles peuvent conduire à la frustration, au gaspillage de ressources et à la perte d’opportunités.

Les bonnes pratiques

Pour accroitre les perspectives de collaboration scientifique fructueuse, le Forum mondial de la science de l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE) a publié le mois dernier un rapport sur les possibilités, les défis et les bonnes pratiques dans la coopération internationale en matière de recherche entre les pays développés et les pays en développement.

Sur la base des conclusions d’un projet initié par le gouvernement japonais en 2008 et sanctionné par un atelier qui s’est tenu en Afrique du sud en septembre dernier, le rapport donne un précieux aperçu des bonnes pratiques et présente des suggestions concrètes pour améliorer la collaboration.

Ce rapport distille un large éventail d’expériences pratiques (aussi bien des réussites que des échecs). Il est basé sur une large collaboration avec des organismes scientifiques et de développement, meme si la plupart d’entre eux étaient basés dans des pays développés.

Une grande partie de ce que le rapport énonce est déjà connu de ceux qui sont déjà engagés dans des activités de collaboration. Par exemple, il définit les critères qui devraient être utilisés pour sélectionner des partenaires potentiels, et la façon dont les collaborateurs potentiels doivent évaluer leurs objectifs.

Tout aussi importante est la contribution que les collaborations peuvent apporter au renforcement de la capacité de recherche. C’est souvent l’impact à long terme le plus important des programmes de collaboration parrainés par les agences de développement.

Le rapport met l’accent sur la nécessité de parvenir à "un équilibre optimal entre les impératifs de la recherche (initiatives ascendantes, examen par les pairs, etc.) et les priorités stratégiques ascendantes de développement".

Il souligne que toute potentielle collaboration doit, dès le départ, s’interroger sur  la manière dont ses résultats seront évalués — que ce soit en termes scientifiques ou sociaux – et la façon dont ils seront communiqués aux décideurs et au grand public.

L’appui politique

Mais certaines des propositions sont moins évidentes — mais tout aussi importantes. Par exemple, le rapport souligne l’importance d’un environnement politique favorable pour la collaboration en matière de recherche, en insistant sur le rôle que les gouvernements peuvent jouer en apportant le type d’appui susceptible de permettre de réduire les formalités administratives et d’éviter la bureaucratie.

Dans le même temps, il met en garde contre les dangers de la dépendance par rapport au soutien politique, en particulier dans des situations instables où ce patronage peut disparaître du jour au lendemain à la faveur d’un changement de gouvernement.

Sur une note plus positive, les participants à l’atelier qui s’est tenu en Afrique du sud ont conclu qu’en général, les préoccupations concernant l ‘"asymétrie" dans les collaborations en matière de recherche entre des partenaires des pays développés et des pays en développement ne reflètent plus ce qui se passe dans la pratique, comme cela a été souligné il y a quelques années dans un rapport publié par la Commission suisse pour les partenariats scientifique avec les pays en développement (KFPE).

"Au contraire, ces collaborations réunissent des partenaires aux qualités différentes et complémentaires", dit le rapport du Forum mondial de la science. "Cette conclusion incite tous les intervenants à élaborer des moyens d’identifier les contributions dans les documents, les rapports et les évaluations des programmes et projets".

Aucune garantie

Il n’y a pas de formule simple pour assurer le succès de la collaboration en matière de recherche. Ce qui marche dans une situation — par exemple, un partenariat entre des institutions ne bénéficiant pas de l’appui du gouvernement de part et d’autre — peut ne pas marcher dans une autre, pour lequel un appui extérieur s’avèrera indispensable.

Même l’appui politique peut avoir ses avantages et ses inconvénients. Lorsqu’il est fondé sur une véritable possibilité scientifique, il peut aider à parvenir au succès. Mais lorsque des pressions politiques conduisent à la collaboration entre des partenaires réticents sans des ressources suffisantes, l’échec est inévitable.

Le rapport de l’OCDE fournit une précieuse liste des facteurs dont les chercheurs et les administrateurs doivent tenir compte avant de s’engager dans un projet de collaboration.

Le succès n’est jamais garanti. Chaque projet aura ses propres tensions internes et pressions externes. Mais une chose est certaine: plus les projets de collaboration réussissent, plus grande sera la contribution globale de la science au développement.

David Dickson,
Directeur, SciDev.Net

Lien vers le rapport complet de l’OCDE  [3.51MB]