02/04/12

Les universités ‘doivent se pencher sur le chômage des jeunes en Afrique’

Crédit image: Esther Nakkazi

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[NAIROBI] Selon de hauts responsables africains réunis à l’occasion du Forum africain de la science, de la technologie et des innovations (TIC) au Kenya, l’innovation et l’entrepreneuriat doivent être intégrés dans les programmes universitaires si l’on veut réduire de manière efficace les niveaux élevés de chômage des jeunes sur le continent africain.

Cette proposition été lancée au cours du premier Forum africain de la science, de la technologie et des innovations pour l’emploi des jeunes, le développement du capital humain et la croissance inclusive qui se tient (du 1er au 3 avril à Nairobi, la capitale kényane.

Des ministres, des chefs d’université et des universitaires, des organisations de la société civile, des responsables des secteurs public et privé participent à ce forum, qui s’achève demain par une réunion ministérielle.

« Ce forum intervient à point nommé pour débattre du rôle de la science et de la technologie dans la multiplication des débouchés pour tous en Afrique, et surtout dans la résolution du problème du chômage des jeunes », se félicite Aida Opoku-Mensah, directrice des TIC à la Division des sciences et technologies de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).

Environ 40 pour cent des Africains en âge de travailler sont des jeunes, dont presque deux tiers sont au chômage, sous-employés, ou inemployables à cause de handicaps tels que l’analphabétisme et une formation inadaptée, a-t-on appris lors de la conférence.

Au cours de celle-ci,on a également mentionné que le chômage des jeunes faisait partie des facteurs de l’instabilité politique et sociale qui a marqué le Printemps arabe et donné lieu à des manifestations et actes de violence dans plusieurs pays d’Afrique du Nord -notamment l’Algérie, l’Egypte, la Libye, le Maroc, l’Oman, la Tunisie et le Yémen. Dans quelques situations cela a entraîné le renversement des régimes en place.

« [Certains] des jeunes qui sont sortis [manifester] ne sont pas issus de couches sociales pauvres. Il s’agissait de jeunes instruits et qualifiés qui réclamaient des emplois » explique Khadija Khoudari, spécialiste des questions d’éducation auprès de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA).

« Les marchés locaux de l’emploi n’arrivent pas à absorber ces jeunes. Nous devons adapter les programmes de formation aux besoins du marché ».

Les participants ont été exhortés à combler le fossé entre les universités africaines et le monde industriel, à travers une collaboration plus systématique et plus régulière dans les domaines de la science et de la technologie.

Cette collaboration doit aussi intéresser les jeunes à la science, à la technologie et à l’innovation au travers des programmes de stages, et mettre des fonds de démarrage à la disposition des bénéficiaires de ces programmes : il faut leur permettre de commercialiser les produits lorsqu’ils participent à leur élaboration et à leur développement.

« Le système éducatif joue un rôle essentiel dans le développement du capital humain, l’innovation et l’entrepreneuriat. Toutefois, le système éducatif, qu’il soit formel ou informel, doit embrasser la culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat », explique Aida Opoku-Mensah.

Margaret Kamar, ministre kényane de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie, a indiqué que le forum devrait convaincre les ministères concernés en Afrique de ce que de nouvelles initiatives de recherche puissent apporter des solutions originales aux problèmes du continent.

« Donnez-nous des arguments convaincants et nous vous financerons. Nous sommes prêts à mettre la main à la pâte », a-t-elle déclaré à l’ouverture de la conférence.

Lors de cette séance d’ouverture, des exemples de réussite dans plusieurs pays africains ont été cités, notamment ceux de l’Ethiopie, du Rwanda et de la Zambie, qui ont mis sur pied des programmes de réduction du chômage des jeunes en recourant à la science, à la technologie et à l’innovation.

 En Zambie, un concours national est organisé chaque année pour permettre aux élèves du secondaire de développer des prototypes nouveaux ou novateurs dans toute une gamme de technologies.

L’Ethiopie a également enregistré quelques avancées significatives. « Nous mettons l’accent sur le renforcement des compétences que nous intégrons aux systèmes éducatifs, et nous mettons l’accent sur la disponibilité de l’eau », explique Mahamouda Ahmed Gass, ministre d’Etat éthiopien chargé de la Science et de la Technologie.

Dans un entretien accordé à SciDev.Net, Gaas précise que l’eau a été choisie comme objectif principal parce que chaque ménage dépend étroitement, pour l’irrigation et l’eau potable, du point d’approvisionnement le plus proche, qu’il s’agisse d’une source, d’un puits ou d’une rivière.

« C’est pour cela que nous commencerons par promouvoir les technologies de l’eau pour éveiller l’intérêt pour la technologie. Nous orientons nos efforts en matière d’innovation vers [la résolution] de ce problème », ajoute-t-il.

La CEA a également annoncé lors de la conférence, qu’elle avait créé à l’échelle continentale le Cadre africain pour l’innovation, chargé d’identifier des stratégies clés pour profiter des créneaux technologiques émergents.

La CEA a aussi mis sur pied un Fonds de dotation pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique pour soutenir les innovateurs dans la commercialisation de leurs découvertes. Le Rwanda s’est doté d’un fonds similaire calqué sur le modèle de la CEA.

Pour plus d’informations et d’analyses sur le Forum africain de la science, de la technologie et des innovations, consultez notre blog.

Lien vers la retransmission en direct sur Internet de la conférence