09/03/12

Les femmes scientifiques africaines saluent un programme de bourses

Sheila Ommeh produit des poulets plus sains, plus productifs Crédit image: Flickr/ILRI

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[LONDRES] Des poulets résistants aux maladies et du jus d’ananas qui reste frais plus longtemps : voici deux innovations qui ont vu le jour pendant la première phase du programme Femmes africaines dans la recherche et le développement agricoles (African Women in Agricultural Research and Development ou AWARD).

Mis en place en 2008, ce programme a accordé 250 bourses de deux ans à des scientifiques africaines talentueuses, ce qui implique un vaste encadrement ainsi qu’un perfectionnement et une formation professionnels.

Lors d’une réunion qui s’est tenue le 8 mars dernier à Londres, au Royaume-Uni, pour souligner les réalisations du programme, la généticienne kenyane Sheila Ommeh et la chercheuse rwandaise Christine Mukantwali ont déclaré que les bourses reçues leur permettaient d’apporter de précieuses contributions à leurs domaines respectifs de recherche.

 

Ommeh travaille avec des Kenyanes productrices de poulet. Beaucoup d’entre elles élèvent des poulets indigènes qui produisent peu de viande, pondent peu d’œufs, et sont très sensibles aux virus, comme la maladie de Newcastle et la bursite infectieuse, qui anéantissent régulièrement des troupeaux entiers.

Ommeh a réalisé des études in vitro sur la résistance des poulets indigènes aux maladies, elle et espère mettre à profit la sélection et la reproduction génomiques pour produire un ‘super poulet’ doté de beaucoup de viande, pondant beaucoup d’œufs, très résistant à la sécheresse et, surtout, très endurant aux maladies.

"Nous voulons trouver les poulets indigènes qui résistent à ces maladies : les maladies déciment de nombreux poulets mais ils ne meurent pas tous", a-t-elle indiqué.

Ses travaux de recherche à l’Institut international de recherche en zootechnie, à Nairobi, ont été accompagnés d’une formation en laboratoire assurée par le biais du programme AWARD, et Ommeh projette de présenter ses travaux en vue de leur publication.

Les recherches de Mukantwali se concentrent sur la transformation et le stockage des fruits et légumes récoltés. Lors de la réunion de Londres, la chercheuse a souligné que le mauvais traitement post-récolte peut faire perdre aux agricultrices africaines jusqu’à 80 pour cent de leur production.

Ses travaux sur l’amélioration de la durée de stockage du vin de banane au Rwanda ont attiré l’attention des organisateurs du programme AWARD.

"Nous avons formé les agricultrices à des pratiques de fabrication appropriées, comme la pasteurisation et l’extraction de jus", a déclaré Mukantwali, ajoutant que ces techniques ont permis de doubler les ventes. "En vendant plus de vin, les productrices peuvent mieux nourrir leurs familles".

Le programme AWARD a formé Mukantwali à la rédaction de propositions qui, espère-t-elle, attireront des financements pour ses travaux actuels, dont l’objectif est l’amélioration du traitement de l’ananas.

Elle a rendu visite à des transformatrices rwandaises et elle a identifié les problèmes qui leur sont communs, comme le fait de ne pas faire bouillir le jus d’ananas à la bonne température. Elle effectue actuellement un stage à la fondation Agropolis, en France, dans le cadre de ses études de doctorat, pour étudier plus avant le traitement de l’ananas et rédiger des manuels de formation à rapporter au Rwanda.

Vicki Wilde, directrice du programme AWARD, a indiqué que la deuxième phase du programme devrait être bientôt confirmée.

"D’ici la fin de cette seconde phase, nous aurons [aidé à renforcer] les capacités des premiers dix pour cent des femmes chercheuses agricoles dans ces pays au service des petits exploitants", a-t-elle affirmé.