08/03/11

Le ministre nigérian de la recherche pour une R&D qui réponde à la demande

Dʹaprès le ministre, la recherche scientifique nigérienne a besoin dʹétablir des liens plus solides avec lʹindustrie Crédit image: Flickr/IITA Image Library

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[ABUJA] Selon le ministre de la Science et des Technologies, Mohammed Kaʹoje Abubakar, le développement économique du Nigéria est freiné par le manque de commercialisation des résultats que la recherche a permis dʹobtenir.

Selon lui, les principaux coupables quʹil a identifiés sont le manque de recherche qui ʹréponde à la demandeʹ ainsi que la faiblesse des liens entre les instituts de recherche et le secteur privé.

"Le Nigéria nʹa atteint aucune capacité véritable à transformer les résultats positifs de la R&D [recherche et développement] en produits. Le secteur manufacturier représente actuellement quelques trois pour cent du PIB et la plupart des technologies dont le Nigéria a besoin pour entretenir son économie sont importées, coûteuses et difficiles à adapter", a-t-il déclaré lors dʹune conférence de presse organisée pour les investisseurs (24 février).

Pour inverser cette tendance, le Nigéria devrait sʹinspirer des pays technologiquement avancés, qui consacrent un important pourcentage de leur PIB à la R&D, a-t-il déclaré en ajoutant quʹil est clair que cʹest en investissant dans la science quʹil est possible de développer les technologies et lʹéconomie.

Le ministre a présenté une liste de résultats de la R&D obtenus par des instituts de recherche nigérians et qui attendent dʹêtre commercialisés, dans le but dʹencourager les investisseurs et les institutions financières qui souhaiteraient créer un partenariat avec le gouvernement.

Le projet consiste à "propulser les résultats de notre R&D qui sont commercialisables, depuis le laboratoire jusque sur le marché", a-t-il déclaré.

Cette liste contient plus de 100 nouveaux produits et technologies dans le domaine de lʹagriculture, de lʹingénierie, de lʹénergie et de la santé, avec par exemple un engrais biologique, un appareil pour éplucher le manioc ou encore un système de vote électronique.

Son appel a été lancé peu de temps après lʹannonce, le mois dernier (9 février), dʹune diminution importante du budget consacré à la science.

Umar Bindir, Directeur Général du National Office for Technology Acquisition and Promotion (NOTAP) du Nigeria, a indiqué quʹil était moins coûteux pour les entreprises pharmaceutiques et pour dʹautres industries, dʹimporter une R&D prête à être utilisée que dʹexploiter les résultats positifs des instituts nigérians.

"Ce type de passation de marché a été institutionnalisé dans le pays", a-t-il ajouté. "Nous pouvons toutefois dépasser cela en établissant un conseil national de la recherche qui coordonnera les activités dans le pays et qui garantira ainsi que la recherche réponde à la demande".

Il a préconisé que 20 pour cent du budget annuel qui est consacré aux activités éducatives, soit mis de côté pour créer ce conseil.

"Le ministre de la Science et des Technologies devrait également être mandaté pour superviser tous les instituts de recherche car la situation actuelle, dans laquelle ils sont gouvernés par les différents ministères de la santé, de lʹagriculture et de lʹeau, nʹest pas favorable à la croissance", a déclaré U. Bindir.

Daniel Gwary, scientifique spécialisé dans les cultures à lʹUniversité de Maiduguri, a recommandé que les organisations privées financent les instituts de recherche afin quʹils répondent aux besoins industriels.

"Au Nigéria, ni le gouvernement ni le secteur privé ne sont parvenus à reconnaître la place de la R&D", a déclaré D. Gwary.

Il a cependant ajouté que les discussions relatives à la recherche guidée par la demande, nʹauraient aucun impact tant que les législateurs nigérians nʹauront pas compris lʹimportance que la recherche scientifique joue dans le développement.