10/04/17

Rapport STI 2017 en Afrique : Une vision, peu d’action

Africa Tech
Crédit image: Aleksandr Khakimullin

Lecture rapide

  • Le Rapport 2017 sur la capacité en STI pointe du doigt la gouvernance
  • Il déplore également l'insuffisance des financements et le manque de volonté politique
  • Les auteurs appellent au renforcement de l'enseignement supérieur sur le continent

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[ACCRA] Selon le Rapport 2017 sur la capacité en Afrique [1], environ 65 % des pays africains disposent de plans pour développer la science, la technologie et l'innovation (STI), mais ne disposent pas de stratégie viable pour leur mise en œuvre.
 
"Chaque fois que nous calculons l'indice de capacité, nous estimons que le système ou la stratégie sont disponibles, mais nous montrons des faiblesses en matière de mise en œuvre et de développement", a déclaré Coffi Noumon, conseiller spécial, secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) [2], lors du lancement du Africa Capacity Report 2017, à Accra.
 

“Bien que les pays aient des stratégies, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer leur mise en œuvre.”

Coffi Noumon
Fondation pour le renforcement
des capacités en Afrique

"Le résultat montre que bien que les pays aient des stratégies, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer leur mise en œuvre", ajoute-t-il.
 
Coffi Nouman a précisé que, bien que ces stratégies soient en place, "nous ne fournissons pas suffisamment d'efforts pour leur mise en œuvre, par manque de volonté politique et absence de soutien financier."
 
Mais ce ne sont pas les seules lacunes relevées par l'étude. Il a également été constaté que la plupart des pays africains sont confrontés à des capacités institutionnelles trop faibles pour développer et soutenir les STI, car beaucoup de leurs institutions publiques ont subi des années de désintégration et souffert du manque de ressources humaines et d'investissements.
 
Le rapport aborde également la question de la "fuite des cerveaux" – le processus de migration de masse de scientifiques africains qualifiés et d'autres experts.
 
Pour remédier au problème, le document a intégré un modèle innovant, appelé "Fifarisation" des STI.
 
Il précise que le nouveau modèle a été conçu par le Réseau africain d'études sur les politiques en technologie [African Technology Policy Studies Network – ATPS].

"Fifarisation"
 
Ce modèle encourage les gouvernements africains à appliquer au contexte des STI le modèle de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), en ce qui concerne les footballeurs expatriés.
 
Selon les règles de la FIFA, les clubs de football professionnels étrangers doivent libérer leurs joueurs pour leur permettre de jouer pour le compte de leur pays d'origine lors d'événements majeurs comme la Coupe d'Afrique des Nations.
 
Par cet accord, les scientifiques et les chercheurs africains travaillant dans les pays étrangers rentreraient dans leurs pays d'origine lorsque leur expertise est requise en vue d'aider à développer les STI, pour ensuite retourner à leur lieu de travail, à l'extérieur, une fois que les projets pour lesquels ils auront été sollicités auront été achevés.
 

 

Par ailleurs, note le rapport, les établissements d'enseignement supérieur africains ne produisent pas suffisamment de professionnels pour faire face à la pénurie actuelle de chercheurs et cela contribue largement à entraver le développement des capacités en STI dans de nombreux pays africains.
 
Le document recommande aux pays africains d'améliorer leur système d'enseignement supérieur pour former des ingénieurs et des scientifiques hautement qualifiés; il préconise aussi de favoriser les filières STI dans les inscriptions à l'université.

Toutefois, les coûts élevés des formations en sciences et en ingénierie peuvent poser, selon Coffi Noumon, un problème connexe: la cherté des études dans les filières scientifiques. Le secrétaire exécutif de l'ACBF estime que cette situation exclut de fait les étudiants talentueux mais issus de milieux défavorisés, les parents n'étant pas en mesure de soutenir leurs enfants.
 
Le rapport sur la capacité en Afrique dans le domaine des STI note enfin que la dépendance continue de l'Afrique vis-à-vis des financements restreints des partenaires au développement implique que les pays auront du mal à mobiliser des ressources supplémentaires ou à assurer le suivi des projets financés de l'extérieur, excluant ainsi les programmes STI de l'agenda national, ce qui, souvent, conduit de fait à l'impossibilité d'avoir un impact massif.

Pour remédier à cela, le Capacity Report préconise que les pays africains mettent en place des systèmes de financement durables pour les STI disposant d'un système de financement concurrentiel et adapté pour réorienter le système STI de façon à le concentrer non seulement sur la recherche et le développement (R&D), mais aussi sur les technologies et innovations durables conçues et appartenant à des entreprises émergentes et des start-ups au bas de la pyramide.