13/04/17

Un seul cheveu pourrait tout révéler sur un individu

African Hair
Crédit image: Flickr / African.Braid

Lecture rapide

  • L’on peut désormais déterminer le poids, le sexe et l’alimentation grâce à un cheveu
  • L’approche produit plus d’infos que les tests ADN et peut aider la médecine et la justice
  • L’usage courant des greffes de cheveux peut cependant diminuer son efficacité

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Les travaux du chercheur américain Glen Jackson ont été l’une des principales attractions de La 253ème réunion annuelle de la Société chimique américaine qui s’est tenue la semaine dernière à San Francisco.
 
Ce chimiste de l’université de Virginie occidentale (Etats-Unis) a en effet partagé les résultats de ses recherches qui permettent d’avoir un grand nombre d’informations sur un individu seulement à travers l’analyse de ses cheveux.
 
Ainsi, outre la consommation de la drogue que l’on pouvait déjà détecter à partir des cheveux, ces travaux montrent qu’on peut désormais identifier le poids d'un individu, son âge, son sexe, son régime alimentaire et certaines autres de ses habitudes. 
 

“Notre technique révèle des données biométriques qui changent avec le temps, comme l'âge et l'indice de masse corporelle ; alors que l'ADN est statique”

Glen Jackson
Université de Virginie occidentale

 
La méthode utilisée par ce chercheur et ses collaborateurs repose sur les ratios d’isotopes compris dans les cheveux. Ces isotopes étant des atomes qui se soudent pour former des acides aminés; lesquels se transforment ensuite en kératine, la principale matière qui constitue les cheveux.
 
"Ce sont les rapports des différents isotopes contenus dans les acides aminés qui révèlent finalement toutes ces informations", a expliqué Glen Jackson lors de la réunion de la Société chimique américaine.
 
Pour l’instant, l’équipe de chercheurs n’a utilisé que des cheveux. Ils n’ont donc pas encore démontré la même capacité pour les autres poils du corps. Cependant, ils sont optimistes à l’idée que la technique puisse marcher avec d'autres poils du corps du moment qu’ils poussent de la même manière et à partir du même groupe d'acides aminés.
 
Contacté par SciDev.Net, Glen Jackson a bien voulu indiquer la plus-value qu’apporte cette technique d’identification par rapport à celle qu’offrent jusqu’à présent les analyses de l’acide désoxyribonucléique (ADN).
 
"L'avantage est que notre technique fonctionne sur les cheveux, ce que l'ADN ne peut généralement pas. Et notre technique révèle des données biométriques qui changent avec le temps, comme l'âge et l'indice de masse corporelle ; alors que l'ADN est statique", dit-il.
 
Ainsi, cette nouvelle technique se positionne déjà comme une nouvelle arme d’investigation pour la police scientifique, en particulier dans les cas où des cheveux seraient retrouvés sur une scène de crime ou sur un suspect.
 
"Nous pourrions analyser les cheveux et fournir aux enquêteurs des informations telles que la région d'origine approximative, le groupe d'âge approximatif, l'indice de masse corporelle approximatif et le sexe probable du sujet. Nous pourrions également dire s'il a ou non un diabète de type 2", confient les chercheurs.
 

Tests

 
Pour l’instant, ces performances ont été mises en évidence sur des échantillons assez réduits de personnes ; mais, les auteurs de l’étude disent poursuivre les recherches tout en élargissant l’échantillon pour les tests.
 
Ils envisagent par exemple d’analyser les cheveux de cent individus et prévoient aussi de mieux définir l’orientation de leurs travaux. En choisissant notamment entre une approche plus clinique tournée vers le diagnostic de maladies et une approche médico-légale qui vise à apporter une assistance à la justice dans l’identification des criminels.
 
Seul hic : les greffes de cheveux et l’usage de mèches sont des pratiques courantes dans la société d’aujourd’hui ; et nombre d’observateurs se demandent si de tels cheveux ne risqueraient pas dès lors de fournir des informations erronées sur le porteur des cheveux…
 
"Il existe différents types de transplantations capillaires, réagit Glen Jackson. Dans les cas où les racines des cheveux (bouchons) sont déplacées de l'occipital vers la région supérieure du cuir chevelu, les cheveux qui poussent devraient croître à mesure que les cheveux "normaux" croissent. Si les bouchons de cheveux proviennent d'un donneur différent, je crois (mais je ne l'ai pas encore prouvé) que les nouveaux cheveux qui poussent seraient toujours représentatifs du nouvel hôte".
 
Par contre, conclut-il, "dans les cas où des extensions sont utilisées, l'arbre à cheveux ne provient pas de l'hôte, alors, bien sûr, notre modèle ne s'appliquerait pas".

Références

Pour regarder la vidéo réalisée en anglais par l'American Chemical Society (Société chimique américaine) sur ces travaux, cliquez ici.